Othmane Moumen, acteur belge « souple dans tous les sens du terme »

Isabelle Willot

Othmane Moumen incarne Sancho dans « Le fils de Don Quichotte », au théâtre Le Public. En mai, le comédien se glissera dans la peau d’un Arsène Lupin pris dans le tourbillon des années folles. Entre deux représentations, il répond à notre interview sur le vif.

La question qu’on vous pose le plus souvent?

En dehors de «comment faites-vous pour retenir tout ce texte?», les gens me demandent souvent si j’ai une formation de danseur, de jongleur ou d’acrobate. Ça doit être lié à ma manière de bouger sur scène. J’ai bien fait un peu de breakdance quand j’étais ado. Mais c’est tout. Je suis donc obligé de les décevoir en leur disant que non.

Le sport que vous pratiquez en pensée?

Ce n’est peut-être pas du sport mais j’adorerais savoir faire des claquettes! En rêve, j’ai déjà fait des duos de folie avec Gene Kelly. C’est un personnage qui m’intrigue. On a un peu la même corpulence tous les deux, petits et trapus. Si on me propose un jour un spectacle hommage aux danseurs de claquettes, je signe de deux mains et je m’y mets tout de suite.

L’endroit dont vous n’êtes jamais revenu?

Il y en a deux, où je passais mes vacances quand j’étais enfant. Juillet, c’était le Maroc, à Saidia, une petite ville au bord de la mer, à la frontière algérienne. J’y retourne avec mes filles dès que je peux. Puis en août, on filait dans la ferme de mes grands-parents maternels, dans l’Ariège, aux pieds des Pyrénées. De vraies vacances à la Pagnol. Cette double culture, ces deux vies, c’était une vraie chance.

La personne qui vous influence le plus?

Il n’y a pas une personne en particulier, c’est souvent une question de rencontres. Mais dans l’ensemble, je dirais que ce sont surtout les femmes qui m’influencent. Ma mère, mes petites copines, des amies. Mes filles, aussi, aujourd’hui. Leur avis compte énormément.

Othmane Moumen aux côtés de son complice Philippe Résimont

Le plat qui vous ramène en enfance?

Le couscous! C’est mon père qui le faisait. Il cuisine encore très bien. Quand j’étais petit, ma mère qui tenait une boulangerie, en vendait des portions, tous les samedis. Mon père mettait des heures à le préparer dans d’immenses marmites. Elle a fini par apprendre à le faire et c’est devenu un concours entre eux et nous, les enfants, nous sommes les arbitres.

Lire aussi notre portait : Othmane Moumen

La chose la plus folle que vous ayez faite?

Sûrement passer l’examen d’entrée du Conservatoire. Avec le recul, je me demande parfois ce qui m’a pris. Je n’avais jamais vraiment fait de théâtre. Je suis arrivé sans bagage. C’était presque inconscient.

Un métier que vous auriez pu exercer?

Ebéniste peut-être, ou horloger. Un boulot minutieux qui permette de fabriquer quelque chose de concret avec ses mains.

Ode à tous les idéalistes modernes

Dans Le fils de Don Quichotte, Anne Sylvain revisite l’œuvre de Cervantès et se demande quels sont les combats que Don Quichotte (Philippe Résimont) et Sancho (Othmane Moumen) pourraient endosser aujourd’hui parmi la panoplie des batailles sociétales à mener. C’est à la demande d’Othmane Moumen que l’autrice a accepté de revisiter les exploits du chevalier à la triste figure. Au fil d’une nouvelle transhumance, nos deux héros s’attaqueront aux moulins modernes sans jamais rien perdre de leur panache et de leur enthousiasme. Plutôt que de pleurer de désespoir face aux enjeux de survie qui mettent le monde sur la sellette, ces éternels idéalistes n’abandonnent jamais leur quête. Aussi perdue d’avance qu’elle puisse apparaître au commun des mortels.

Ce qui vous saoule vraiment?

Le mépris et la condescendance.

Un seul mot pour vous décrire

Souple. Dans tous les sens du terme.

Votre achat le plus bizarre?

Une mousse grisâtre de rembourrage pour fabriquer une marionnette à l’image de mon père. Je me suis rendu compte qu’il m’en manquait pour finaliser les cheveux. J’ai dû faire le tour de dizaines de magasins d’ameublement face à des gens qui ne comprenaient pas pourquoi la couleur – d’une matière qui en principe ne se voit pas – avait une telle importance.

Nos deux comparses n’abandonnent jamais leur quête aussi utopique soit-elle

Une idée concrète pour un monde meilleur?

Donner plus de place à l’utopie en impliquant les jeunes dans les processus de décisions qui vont engager leur avenir.

Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite?

Partir en week-end dans un spa.

Le fils de Don Quichotte, jusqu’au 25 février, au Théâtre Le Public. theatrelepublic.be

Arsène Lupin, du 4 mai au 3 juin au Théâtre royal du Parc. theatreduparc.be

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