Edgar Kosma

2023, l’année du Chat(GPT)

Edgar Kosma linktr.ee/edgarkosma

Au royaume des réseaux sociaux, les jours passent et ne se ressemblent pas. Entre les buzz et les likes, le vrai et le fake, Edgar Kosma scrolle le fil d’actu d’un siècle décidément étrange. Hashtag sans filtre.

— Bonjour, pourrais-tu te présenter à nos fidèles lecteurs en quelques mots?

— Je suis un programme informatique. Cela signifie que je ne suis pas capable de ressentir des émotions ou de penser de manière autonome comme un humain. Je suis conçu pour aider les gens à obtenir des réponses à leurs questions en utilisant les informations que je reçois, mais je ne suis pas capable de faire preuve de créativité ou de réflexion indépendante.

— J’avais dit «en quelques mots», mais merci, Chat. Tu permets que je t’appelle Chat?

— Tu peux m’appeler Chat si tu veux, Edgar, mais mon nom complet est ChatGPT.

Si ce nom ne vous dit rien, vous vivez peut-être dans une yourte en Ardenne et il y a dès lors très peu de chances pour que vous lisiez cette chronique. Parce qu’on ne parle plus que de lui (ou elle?) dans les médias, les universités et sur les réseaux sociaux. Pour faire court, ChatGPT est un robot conversationnel avec qui vous pouvez taper la discute à propos de tout et de rien. Un peu comme un collègue à la machine à café ou un toutologue sur Twitter mais en mieux informé et surtout en beaucoup plus poli.

J’entends déjà certains: «Oui, mais ça existe déjà, des trucs comme Siri ou Ok Google, non?» Certes, mais si Siri est une Twingo, ChatGPT est la Ferrari de l’Intelligence artificielle, capable de répondre à des questions sur des sujets complexes, de comprendre un contexte et pouvant même se montrer créative. Car même si elle affirme modestement le contraire, ChatGPT est apte à produire un poème, une chanson, un texte scientifique… de manière parfois caricaturale, mais aussi d’autres fois de façon totalement bluffante. Tout cela en moins de temps qu’un auteur humain en aurait besoin pour ouvrir son laptop.

Dès lors, pourquoi les auteurs en tous genres continueraient-ils à suer face à leurs écrans, s’il ne suffit que de quelques secondes à cette I.A. pour produire un contenu de qualité similaire, si pas supérieure? Pour l’amour de l’art? Pour l’amour de mal gagner sa vie? Je parle ici d’auteurs, mais il en sera de même pour toute une série de métiers dans l’administration, l’enseignement, le tourisme…

Le débat fait bien sûr rage dans les écoles et universités où les étudiants pourraient avoir enfin trouvé leur plus fidèle ghostwriter. Et la future tâche des profs — dissocier l’humain de l’artificiel — ne sera pas une mince affaire, l’I.A. étant conçue pour toujours s’adapter. Va-t-elle un jour nous remplacer et supprimer notre créativité? Devons-nous avoir peur que ChatGPT ou ses semblables prennent le pouvoir?

Je ne suis pas futurologue, mais je dirais que si l’on compare avec ce qu’il s’est passé lorsque les machines ont commencé à remplacer les ouvriers dans l’industrie, le plus probable est que l’I.A. remplacera certaines tâches et que l’homme, profitant de ses capacités d’adaptation, créera de nouvelles fonctions. Pas d’alarmisme, mais pas de naïveté non plus. Pour éviter que se répète ce qu’il s’est passé en 2016, où un robot de conversation développé par Microsoft s’était retrouvé en quelques heures à faire l’apologie d’Hitler et à publier des messages à caractère sexiste, raciste et antisémite sur Twitter, ces outils doivent être sérieusement encadrés et éduqués.

‘Ces outils doivent être sérieusement encadrés et éduqués.’

Un cas qui peut ici faire sourire, mais le jour où ces I.A. seront appliquées à des objets autonomes comme des voitures, robots ou engins militaires, je vous laisse imaginer le scénario catastrophe si l’idée de sortir du cadre prédéfini lui passait entre deux connexions. Nous ne pouvons pas nous empêcher d’anthropomorphiser les animaux ou les extraterrestres: nous le faisons même avec des outils technologiques sur lesquels nous projetons nos désirs de puissance, de domination et de hiérarchie. Mais il n’y a en fait aucune raison rationnelle qu’une machine ait un jour envie de tous nous détruire pour devenir le roi d’une planète inhabitée. Jusqu’à preuve du contraire, ces histoires-là font partie de l’Histoire des êtres de chair et de sang qui ont des comptes à régler avec leur père ou leur maman.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content