Inspirant: ces sportifs en forme olympique même après la soixantaine
La soixantaine largement consommée, ces trois-là n’ont pas abandonné la pratique sportive. Ils démontrent qu’il n’est jamais trop tard pour performer et croire en ses capacités. Prenez-en de la graine!
Dominique Blanc-Lainé, 67 ans
Vivant à Lyon, la sexuagénaire pratique assidûment la natation artistique au sein d’une équipe Masters (plus de 25 ans), après avoir formé des dizaines de championnes dans divers clubs et en tant qu’entraîneur national pendant vingt ans.
« Dans ma nouvelle équipe, nous nous retrouvons pour un entraînement hebdomadaire qui débute par une heure de répétition sur le bord, avant deux heures dans l’eau. Je nage avec des femmes bien plus jeunes que moi. J’essaie de leur transmettre ma vingtaine d’années d’expérience. Il règne beaucoup de bienveillance et de solidarité dans le groupe, même si nos différences de préoccupations journalières génèrent parfois certaines distances. Nous mettons en place des activités extérieures qui nous aident à mieux nous connaître et à nous apprécier. Créer une véritable osmose entre nous, cela se construit! Parallèlement aux moments en équipe, je m’entraîne individuellement deux fois par semaine en natation sportive et je parcours entre 2 000 et 2 500 mètres. Le fait de nager dans la durée me demande un minimum d’hygiène de vie et implique d’effectuer des bilans médicaux spécifiques.
Nageuse sportive depuis mon enfance, et bien qu’entraîneur professionnel en natation artistique, c’est seulement en 2010 que je m’y suis mise. J’ai vécu quelques années en Californie. Dans la banlieue de Los Angeles, je suis allée à la rencontre de clubs de natation artistique. J’y ai entraîné une équipe Masters à La Mirada et à Pasadena. L’eau était chaude, nous avions le soleil 300 jours par an, la vie était belle! La plupart des nageuses étaient âgées de plus de 70 ans, la doyenne avait 90 ans! Une membre avait appris à nager à 60 ans. Une autre avait subi un accident vasculaire cérébral. Une troisième souffrait d’un cancer du sein et une dernière était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Certaines effectuaient jusqu’à quatre heures de route pour nous rejoindre. L’ambiance était magique. Malgré les difficultés, nous avons créé un ballet d’équipe adapté aux limites physiques et psychologiques de chacune. La pratique de notre sport nécessite de la motivation, mais il importe aussi de rester raisonnable dans nos prétentions.
Cet épisode américain fut une vraie leçon de vie. Il m’a inspiré l’humilité et un grand respect pour les nageuses. De retour en France en 2011, j’ai formé un duo avec Françoise Noyer, de six ans mon aînée. L’année suivante, nous avons remporté l’or au Championnat Open, en Belgique. Le sport me permet de me dépasser. Il m’aide à maintenir ou développer mes capacités physiques et musculaires. Je me fixe régulièrement des objectifs de progression comme effectuer une vrille ou améliorer ma hauteur lorsque je réalise une figure. J’effectue aussi des recherches artistiques pour mes chorégraphies qui m’obligent à sortir de ma zone de confort. »
Roger Cloux, 77 ans
Après l’ascension du mont Blanc et d’autres exploits, cet habitant d’Antheit, en province de Liège, ancien instituteur et directeur d’école, continue de dispenser des cours de gymnastique aux aînés.
« J’ai toujours beaucoup apprécié la gymnastique. Lors de mes humanités à Huy, j’aimais les circuits gymniques, ces « tours du monde » qui nous faisaient voyager sur tous les engins de la salle, des espaliers aux bancs suédois, en passant par la poutre ou les cordes. Lors de ma formation d’enseignant, j’en ai fait ma spécialité. Le diplôme d’instituteur en poche, j’ai eu le coup de coeur pour le village dans lequel je vis aujourd’hui encore. C’est là qu’est née notre association de gymnastique, sous l’impulsion du jeune vicaire de la localité. J’ai intégré le club comme gymnaste avant d’y dispenser des cours, puis d’entrer dans le comité que j’ai ensuite présidé. Je me suis occupé de la gym des hommes durant une vingtaine d’années. Nous étions devenus une bande d’amis et partagions des tas de projets, dont des activités de montagne. Nous avons gravi le mont Blanc. Je me souviens de cette fameuse crête de neige, dès 4 200 mètres d’altitude, avec son sentier d’à peine 50 centimètres de largeur. La consigne de sécurité disait que si l’un partait à gauche, l’autre de la cordée devait sauter à droite. Lorsque nous sommes arrivés à cinq au sommet, je n’ai pas pu retenir mes larmes, tant l’émotion était forte. Nous avons aussi pratiqué le VTT tous les dimanches. Cela nous a amenés à parcourir les 1 600 kilomètres qui séparent Puy-en-Velay de Saint-Jacques-de-Compostelle. Je rêvais depuis longtemps d’une telle épopée, mais j’ai attendu la pension pour la réaliser. Cela a été pour nous un exploit qui reste un magnifique souvenir!
Comme dans la vie de tout un chacun, l’évolution de notre club tient aux projets qui nous animent. Il y a eu la construction de notre nouvelle salle ou encore le jumelage toujours bien vivant avec les gymnastes suisses de Chexbres. Nous participons aux rencontres internationales de démonstration de la Gymnaestrada et nous envoyons nos ados à l’Eurogym dont l’édition 2022 est programmée l’été prochain à Neuchâtel. Je n’ai jamais été adepte de la compétition, ce qui explique que j’ai vite embrayé sur la gymnastique de démonstration. Je lui trouve une vraie dimension sociale. Aux seniors que j’entraîne aujourd’hui, je propose des techniques de yoga et d’autres visant à exercer les réflexes, ce que l’on perd relativement vite à notre âge. Le secret d’une vieillesse en bonne santé est de rester actif. Je dis d’ailleurs aux participants qu’ils viennent chercher ici leur assurance-vie! »
Anne-Marie Demeester, 81 ans
La Jodoignoise est la doyenne des hockeyeuses belges encore en activité. Elle évolue toujours au sein d’un club bruxellois, L’Orée, dans la catégorie des ladies (plus de 35 ans).
« Je fais désormais l’impasse sur les entraînements car je devais chaque fois courir à Stockel et c’est devenu trop loin pour moi. Par contren je joue encore tous les matchs du lundi soir, une semaine sur deux. Une copine de l’équipe m’attend alors à Overijse et nous faisons le reste du trajet ensemble. Après la rencontre, on partage souvent le repas avec quelques autres joueuses. J’ai un souci au niveau du coude droit. Je pourrais me faire opérer, mais j’y renonce tant que la douleur est supportable. Je sais que cela pourrait être pire après l’intervention. Je ménage donc mes efforts, sans m’empêcher de jouer.
Mon père a pratiqué à Bruges, à Uccle, à Dilbeek et au Country à Woluwe. Avec ses frères, il a aussi joué en équipe nationale. Sa soeur Fifi était capitaine d’équipe à Jambes. C’est elle qui m’a incitée à me lancer dans l’aventure. En septembre 1959, je me suis donc inscrite dans son club. J’avais 19 ans. Secrétaire dans une compagnie d’assurances à Bruxelles, je travaillais alors encore les samedis matin. Dès midi, je me tapais Namur en train. On venait me chercher à la gare pour me conduire à Jambes. J’enfilais ma tenue de hockey dans la voiture. A la fin des années 70, avec mes trois soeurs qui jouaient aussi, nous avons quitté Namur pour rallier les Dreams à Evere. Puis nous avons rejoint L’Orée à Stockel, là où je suis encore aujourd’hui.
A chaque fin de saison, je me dis qu’il est sans doute temps de ranger mes sticks. En choeur, les copines me demandent alors de leur donner une bonne raison qui me pousserait à arrêter. Puisque je n’en trouve pas, je continue! Le hockey m’a apporté énormément de bons moments dans la vie, avec de forts liens d’amitié. Et j’ai emmagasiné d’innombrables bons souvenirs. Ceci étant, je suis une très mauvaise perdante. Quand on perd la rencontre, je râle dans mon coin pendant une demi-heure. Après la douche, la troisième mi-temps est l’occasion de refaire le match. Car une défaite est toujours liée à l’arbitre qui a été mauvais ou aux joueuses adverses qui ont mal agi (rires)… Parallèlement à la pratique sportive, le rire est mon grand secret pour rester en forme. Il fut un temps où je notais toutes les blagues dans un petit carnet pour pouvoir les raconter. Avec mes soeurs, nous rions beaucoup chaque fois que nous nous revoyons. Grand hockeyeur, mon papa était aussi très drôle. Je pense que je lui ressemble. »
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