Collage féministe: au-delà des slogans sur des murs

© Julie Nicosia
Julie Nicosia Journaliste

Pour répondre aux violences liées à la domination masculine, le collectif Collages Féminicides Paris a sorti un ouvrage afin de visibiliser leur combat dans l’espace public… et numérique. Zoom sur cette dynamique qui veut aller au-delà des slogans.

« Derrière les slogans que nous collons à chaque coin de rue se trouvent quelque mille cinq cents activistes : aucun article, aucune tribune, aucun livre ne pourra rendre compte de la pluralité de ces voix » et pourtant, le mouvement de désobéissance civile Collages Féminicides Paris (CFP) a décidé de se présenter dans un ouvrage collectif qu’elles définissent comme une tribune qui documente sous forme de récit les luttes contre « un système entre autres patriarcal, colonial, capitaliste et écocidaire qui domine, exploite et détruit ». Les colleureuses* comme iels** se nomment veillent à se battre « contre les féminicides, les violences sexistes et sexuelles mais aussi le mal-logement, la précarité, le validisme, le racisme, l’homophobie, la putophobie« .

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Lire aussi | « Il y a des actions constructives à mener pour bâtir un espace public plus égalitaire et arrêter d’invisibiliser les femmes »

Des collages politiques contre la domination masculine

Le collectif explique dans son ouvrage que ces collages sont politiques : « pour nous […], il s’agit d’un acte subversif par lequel nous nous réapproprions la rue, ce lieu […] hostile […] puisque l’accès aux espaces publics […] espaces dans lesquels les hommes cisgenres blancs dominent et peuvent donner leur avis sur n’importe quel sujet ». Pour lui, le recours à l’illégalité (l’affichage sauvage peut-être répressible d’une amende, ndlr) est « une nécessité pour faire entendre nos voix » ; avec un but bien précis : faire changer les mentalités et transformer la société en affichant des slogans qui portent sur l’égalité, le consentement, les droits des femmes et minorités de genres, etc.

L’acte de coller la nuit porte une symbolique forte, car il rompt avec l’imaginaire collectif qui veut que la rue soit plus hostile la nuit pour les femmes et les personnes perçues comme femmes.

Des slogans pour se réapproprier l’espace

Les CFP explique : « si l’espace public urbain est officiellement accessible à [tout le monde] de manière égale, aujourd’hui encore, les groupes sociaux minoritaires ne font que passer rapidement dans des lieux qui sont essentiellement marqués par la présence masculine dominante ». Cela fait écho notamment à l’ouvrage Présentes de la journaliste Lauren Bastide qui y dénonce la sous-représentation des femmes dans l’espace public que le collectif cite.

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Les membres du CFP apprennent que la déambulation à la recherche d’espace où coller permet aux colleur.euse.s « d’adopter la ville, d’en développer une connaissance géorgraphique et donc de diminuer [le] sentiment de danger ». Et d’ajouter : qu’elle envisage la rue comme un moyen et non comme une fin : leur présence « découle d’une volonté d’occuper l’espace public et non d’un besoin de se déplacer ».

Lire aussi | Lauren Bastide: « L’égalité sera atteinte quand les femmes auront droit à la médiocrité »

Des slogans et un occupation « hors les murs »

Parce que leur combat ne se limite pas à afficher des slogans sur des murs de l’espace urbain, les colleureuses* continuent en rassemblant sous forme d’archives leur dynamique à la fois dans l’ouvrage qu’iels** en ont écrit mais aussi sur les réseaux sociaux. Iels** justifient ce choix par le fait que « les réseaux sociaux ont été le liant qui a permis de connecter des milliers de personnes ayant la même volonté d’agir face aux oppressions ». Et poursuivent : « créer une continuité entre l’espace public et celui des réseaux sociaux suivent la logique permanente de diffuser partout […] leurs messages et rendre accessible à tou.te.s cet outil militant ».

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Instagram est devenu leur média car il s’agit d’un à la fois d’un média populaire et qu’il permet la diffusion d’images. Mais pas que. Le réseau au logo photographique est devenu également un outil indispensable qui permet d’aller plus loin que les discours en créant un espace de prévention, d’alerte et de pédagogie.

Et en Belgique?

En Belgique, le mouvement a vu le jour dans la continuité de Paris, notamment à Bruxelles, Liège ou Charleroi.

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*colleureuses ou colleur.euse.s: terme qui désigne le groupe des personnes pratiquant le collage, sans mention de genre.

**iels: le pronom iels a été utilisé afin de respecter la volonté du collectif qui ne composent pas seulement de femmes, même si iels précisent que les hommes cisgenre blanc sont exclus des activités (non mixité choisie).

Référence du livre: Collages Féminicides Paris, Notre colère sur vos murs, Éditions Denoël, 2021

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