Conseils pour bien choisir un jeu de société, même pour les plus récalcitrants

Isabelle Willot

Vous avez dans votre famille un trouble-fête qui ne veut jamais jouer? Hélène Delforge et Géraldine Voders, autrices d’un livre sur l’histoire du jeu de société, ont réponses à toutes ses objections. Elles vous proposent une sélection de classiques à offrir à tous ceux qui souhaitent poser les bases de leur ludothèque.

Offrir un jeu de société à un membre de votre famille. Ou simplement, de proposer une partie sont des exercices qui peuvent s’avérer plus compliqués qu’il n’y parait si vous avez en face de vous des « mauvais joueurs ». Hélène Delforge et Géraldine Volders, les deux autrices du livre Une histoire du jeu de société qui paru chez 404 Editions, ont en tout cas trouvé la parade à la plupart des objections qui pourraient vous être formulées au moment de passer à l’acte.

« Ce que vous entendrez le plus souvent c’est « je n’aime pas jouer », note Géraldine Volders. Or nous sommes tous joueurs. Même si nous ne jouons pas tous à des jeux de sociétés. Le rejet du jeu est souvent lié à des traumatismes de l’enfance. Le souvenir de moments punitifs passés à endurer une séance de Monopoly ou du Mille Bornes. Ou d’avoir été jugé par des gens qui voient le jeu comme un test de QI ou de culture générale. Face à quelqu’un qui n’aime pas jouer, il est important que l’environnement ne soit pas toxique. Que l’espace de jeu reste une zone safe dans lequelle chacun peut rester soi-même ».

Leur ouvrage qui se focalise sur les jeux dits « contemporains » est aussi une excellente base pour ceux et celles qui souhaitent démarrer une ludothèque qui ne contiennent pas que des jeux pour enfants. « Les jeux dont nous avons choisi de parler sont des jalons dans l’histoire du jeu », souligne Géraldine Volders. « Tout comme en littérature, il y a des classiques qui font partie de la culture du jeu. Ensemble, ils constituent notre trame commune. Il y a de fortes chances que d’autres personnes les connaissent aussi. Si vous les maîtrisez, vous apprécierez plus facilement les nouveautés de la même famille qui sortent chaque année. »

Cette sélection devrait en tout cas séduire même les plus récalcitrants.

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Je déteste jouer

« La plupart des gens qui n’aiment pas jouer sont en réalité des personnes qui n’aiment pas perdre, pointe Hélène Delforge. Les jeux coopératifs pour cela sont parfaits pour réconcilier avec le jeu les traumatisés de l’échec. Ici pas de compétition: on gagne tous ensemble ».

Concept

Le plateau comporte 118 icônes universelles dont il faudra se servir pour faire deviner un mot sans parler, ni mimer. Juste par association d’images. Celui qui devine comme celui qui fait deviner marque des points. On peut jouer en équipe. Ou juste pour le plaisir de faire travailler ses méninges. Les joueurs fixent eux-mêmes la durée de la partie qui n’a pas vraiment de début ni de fin.

Unlock

L’éditeur d’escape game en boîtes en est déjà à sa douxième version, c’est dire si le concept a trouvé son public depuis la première boîte sortie en 2017. Et ce même si le jeu est « jetable » – une fois la partie terminée on la rejoue rarement – et nécessite de télécharger une application sur son portable. Les joueurs disposent d’une série de cartes sur lesquelles se retrouvent des énigmes à résoudre ensemble dans un temps imparti. Chaque boîte comprend 3 jeux de difficultés différentes. Il existe aussi des version mini plus courtes vendues en sachet qui ne durent qu’une demi-heure.

Sherlock Holmes

Si vous avez aimé Unlock, les énigmes du célèbre détective vous plongerons dans le Londres victorien. Mais il faut cette fois avoir du temps devant soi: comptez minimum deux heures voire trois pour déjouer les pièges de ces intrigues – 10 par boîte – bien ficelées. Si vous avez réussi à embarquer dans une telle aventure quelqu’un qui « n’aime pas jouer » c’est qu’il a clairement changé d’opinion sur la question.

Ca dure toujours trop longtemps

« Tous les jeux qui appartiennent à la famille des « party games » ou jeux d’apéritifs contredisent totalement cette affirmation, ironise Géraldine Volders. Ils durent entre 5 min et un quart d’heure maximum. Il existe aussi des versions « courtes » de jeux plus sophistiqués : les sensations sont les mêmes que dans l’édition originale, on s’implique et on réfléchit. Cela va simplement plus vite. »

Dobble

Une boîte de 55 cartes rondes avec dessus 57 symboles. Sur chaque carte on trouve huit symboles. Mais il y a toujours un et un seul symbole correspondant à deux cartes. Le but du jeu est de le repérer. Les règles sont tellements simples que le jeu se qualifie aussi pour la catégorie suivante.

Les aventuriers du rail – version ville

Plus question ici de traverser tout un continent avec sa ligne de chemin de fer. A New-York, on prend le taxi, à Londres les bus à impériale. La partie est pliée en 30 minutes seulement.

Les règles sont souvent trop compliquées

« Un fois encore, c’est moins souvent le cas qu’on ne le pense, insiste Géraldine Volders. Les règles tiennent généralement en quelques lignes et l’apprentissage est intuitif: on comprend les règles en jouant. L’idéal, si on choisit un jeu un peu plus complexe, c’est d’avoir au moins un joueur qui les maîtrise parfaitement. Il existe aussi de plus en plus de vidéos pour vous aider en ligne ».

Time’s Up

Le but du jeu est simple : faire deviner des mots à ses coéquipiers en un laps de temps donné. Lors de la première manche, on peut parler et décrire le mot à sa guise. Lors de la seconde, un seul mot peut être prononcé. Pour la troisième, il faut bruiter ou mimer.

Jenga

Dans ce micado en trois dimensions popularisé dans sa version géante par Sheldon dans The Big Bang Theory, il s’agit de « déconstuire » une tour de bois composée de 54 blocs indépendants. Celui que l’on enlève doit être déposé ensuite au sommet de l’édifice.

Je n’aime pas rester assis pendant des heures

Cette fois encore, c’est du côté des jeux d’ambiance que l’on aura forcément tendance à se tourner.

Jungle Speed

Impossible de rester assis puisqu’il s’agit ici de bondir le premier pour attraper le totem lorsque deux symboles identiques apparaissent dans les pioches de carte. Il est possible aussi de dissimuler le totem plus loin dans des variantes toutes personnelles si l’on veut favoriser l’exercice.

La salsa des oeufs

Ce jeu « pour enfants » séduira aussi les adultes qui savent ne pas se prendre au sérieux. Selon le symbole révélé par le dé jeté, il faut faire une action donnée pour récupérer un oeuf en mousse. Oeuf qu’il faudra ensuite conserver sur vous dans des endroits et dans des positions parfois loufoques.

Jouer ce n’est pas sérieux

« On retrouve généralement ici les amateurs de Scrabble, d’échec ou de Trivial Pursuit qui ne veulent pas « juste » s’amuser mais ont envie de réfléchir ou de s’affronter dans des jeux de quizz, détaille Hélène Delforge. Pour eux, on pensera en priorité à des jeux abstraits. L’esthétique a aussi souvent son importance pour les séduire. »

Quirkle

Sur des réglettes semblables à celles du Scrabble, on place des tuiles en bois couvertes de symboles abstraits aux couleurs de l’arc-en-ciel. Le but ici est de former des séries de tuiles en les associant en fonctions des formes ou des couleurs. Plus votre série sera longue plus vous obtiendrez de points. S’il suffit de quelques minutes pour comprendre les règles, les possibilités tactiques elles sont infinies.

Tu te mets combien?

Le but du jeu est d’être le premier à parcourir le plateau en répondant aux questions posées. L’originalité réside sur le principe d’auto-évaluation de ses connaissances de 1 à 10 sur une multitude de sujets. À chaque note correspond une question, plus ou moins complexe.

En cas de bonne réponse l’équipe avancera du nombre de cases correspondant à sa note auto-évaluée. En cas de mauvaise réponse, l’équipe restera sur la même case jusqu’au prochain tour.

Je n’accroche pas à tous ces trucs moyen-âgeux

« C’est encore ce qui rebute beaucoup de gens à l’idée même de pousser la porte d’un magasin spécialisé dans le jeu de société, admet Hélène Delforge. La peur de se retrouver entouré de trolls et de gobelins. Car oui, pendant longtemps, le public des jeux de plateaux adulte était aussi celui de Donjons et Dragons. Il existe heureusement toute sorte d’univers alternatifs, quel que soit le temps dont vous disposez pour une partie ».

Wingspan

Ce jeu imaginé par une femme – qui elle aussi en avait un peu marre des châteaux médiévaux – a pour but de faire prospérer différentes espèces d’oiseaux dans un refuge. Toutes les informations scientifiques croisées dans une partie ont été validées par des ornithologues.

Pandemic

Le jeu, on l’imagine bien, a cartonné pendant les années de confinement même s’il existait déjà bien avant cela. Le scénario coopératif consiste donc à sauver le monde en entravant la propagation des maladies tout en développant des ressources pour découvrir des remèdes.

Zombicide

Ce jeu plus long est bien sûr inspiré par la série à succès The Waking Dead. Vous endossez ici le rôle de survivant doté de pouvoirs spéciaux. A vous de coopérer avec les autres participants pour éliminer les monstres.

Il existe une dizaine de scénarios à jouer sur des plateaux évolutifs composés de dalles modulaires. Pour joueur averti et un peu geek, quand même.

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