Féministe et engagée | Nadine Plateau: « Je me suis aperçue à quel point j’étais colonisée par une culture patriarcale et sexiste » (4/8)

Professeure de langues de formation, dès les années 70, cette enseignante aujourd’hui à la retraite décide de mener une vie militante en parallèle à sa carrière.

« J’ai eu 20 ans dans les années 60, des années porteuses sur le plan du rejet de l’autorité, des hiérarchies et de la domination. J’ai été proche des groupuscules de gauche mais je ne me sentais pas totalement concernée, si ce n’est sur le plan de la justice sociale. C’est d’ailleurs cette trame qui m’a animée dans le féminisme », explique cette militante qui n’est pas près de raccrocher et qui s’est d’abord engagée sur la question de l’avortement.

« J’ai eu une enfance privilégiée, j’étais pleine d’illusions et lors des discussions avec les groupes de femmes, je me suis aperçue à quel point j’étais colonisée par une idéologie, une culture patriarcale et sexiste emmagasinée de manière tout à fait inconsciente. J’étais pourtant affectée de la même manière que les autres femmes. Cette prise de conscience ne m’a plus lâchée ! »

« Je me suis aperçue à quel point j’étais colonisée par une culture patriarcale et sexiste »

Redonner du pouvoir aux femmes

Au sein de la Maison des Femmes, sortie de terre en 1974 à Bruxelles, « ce sont la qualité des rencontres, l’effervescente, le dynamisme, le plaisir de construire quelque chose ensemble qui m’a marquée. C’était vraiment la joie quotidienne d’être ensemble et de se dire ‘Voilà, on peut changer le monde’, même si on le changeait de manière extrêmement minime ».

Et d’ajouter sur la sororité : « Ce n’est pas parce qu’on est femmes qu’on est sœurs. C’est parce qu’on est des femmes avec un projet commun d’agir ensemble qu’on est des sœurs. La sororité, dans l’espace de la Maison des Femmes, s’est construite dans la conscience du pouvoir que nous donnait le collectif dans notre vie individuelle et dans la conscience du plaisir de cet entre-femmes. »

L’engagement de Nadine Plateau ne s’est pas arrêté là, puisqu’elle a aussi fondé le réseau belge des études de genre, Sophia, dans lequel elle s’est engagée des années 90 à 2007. Aujourd’hui, la militante s’inscrit dans un processus de désengagement progressif : « A un certain âge, on peut laisser la place aux autres. Et puis, il y a un moment où il faut se taire ou parler ailleurs. Depuis les années 2000, je retourne à mes préoccupations d’adolescente et de jeune femme : les questions de racisme, d’impérialisme, de colonialisme en travaillant avec des petits collectifs. »

Et de conclure : « C’est très difficile d’articuler le travail, l’action de ces petits collectifs et le mien, comme je n’ai plus d’association derrière moi pour tirer, mais c’est là que j’ai envie de continuer. »

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