Miss France 2023: élargir les critères de sélection, un leurre ?

Miss Ile-de-France Diane Leyre couronnée par Miss France 2021 Amandine Petit © Getty images

Qualifié de « caricature archaïque » par ses détracteurs, le concours Miss France, dont la 93e édition se déroulera samedi à Châteauroux, tente de redorer son blason en modifiant son règlement, sans rassurer pour autant les associations féministes.

Sous la houlette d’Alexia Laroche-Joubert, nouvelle présidente de la société Miss France, le concours annuel, parmi les meilleures audiences TV, a décidé d’élargir ses critères de sélection.

Jusqu’ici, seules les femmes entre 18 et 24 ans n’ayant pas d’enfant et mesurant au minimum 1,70 m pouvaient prétendre au titre de « reine de beauté ». Si les critères de taille restent inchangés, le concours est désormais ouvert aux femmes de plus de 18 ans, sans limite d’âge, y compris mariées, avec ou sans enfants. « On a décidé de faire évoluer le règlement, en s’inspirant des règles de Miss Univers », a expliqué Alexia Laroche-Joubert, avec l’objectif aussi de permettre aux comités régionaux d’accepter davantage de candidatures, plus diverses.

Mères de famille, transgenres et tatouages

Malgré l’assouplissement du règlement, pas de candidate mère de famille pour la finale: seule une jeune femme de 27 ans, mariée et mère d’une fillette, s’est présentée en Alsace, sans être élue.

Autre évolution majeure, les candidatures transgenres sont désormais acceptées, « à partir du moment où la candidate a un état civil féminin », a précisé Mme Laroche-Joubert. En juin, une première candidate transgenre, la comédienne Andréa Furet (20 ans), s’est présentée à l’élection de Miss Paris, où elle est arrivée deuxième dauphine. Un nouveau point du règlement qui fait bondir Geneviève de Fontenay, 90 ans, « Miss des Miss », faisant part de sa « consternation ».

L’emblématique « dame au chapeau » s’oppose également à l’idée d’une Miss France mère de famille, estimant la maternité incompatible avec le planning d’une reine de beauté, tout comme Sylvie Tellier qui après 17 ans à la direction générale du concours, a décidé de quitter ce poste pour « des projets entrepreneuriaux ».

Les tatouages visibles sont aussi désormais autorisés. Deux candidates en lice samedi seront tatouées: Miss Languedoc et Miss Nord-Pas-de-Calais.

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« Un coup de peinture blanche sur un mur moisi »

Présentée par Jean-Pierre Foucault et Sylvie Tellier, la cérémonie mettra aux prises 30 miss régionales dont trois candidates de 26 ans: Miss Lorraine, Miss Nouvelle-Calédonie et Miss Picardie. En direct sur TF1, la finale suivie l’an dernier par 7,3 millions de téléspectateurs sera placée sous le signe du cinéma, avec des tableaux inspirés des grands succès du box office, dont « Titanic » et « Harry Potter ».

Le jury, présidé par Francis Huster, réunira notamment la championne de judo Clarisse Agbegnenou, la chanteuse et humoriste Camille Lellouche, le producteur Dominique Besnehard et le chanteur Kendji Girac. Les finalistes seront départagées à 50/50 par les téléspectateurs et le jury.

Pour Fabienne El Khoury, porte-parole de l’association « Osez le féminisme ! », les évolutions du règlement « sont juste un coup de peinture blanche sur un mur moisi ».

« C’est de la pure stratégie de communication. L’idée même d’organiser un concours sexiste par nature sur des aspects physiques que la majorité des femmes françaises ne peuvent atteindre, est discriminant », a dit à l’AFP Fabienne El Khoury. « Il est grand temps en 2022 de s’interroger sur la pertinence de maintenir ce concours d’un autre âge ».

« Osez le féminisme ! » a engagé une procédure devant le conseil de prud’hommes de Bobigny contre les « critères discriminatoires » du concours Miss France. Décision le 6 janvier.

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