Mariam Alard, journaliste: « J’adore voyager seule, cela offre une liberté totale »

© Laetitia Bica
Kathleen Wuyard

Elle a été choisie par la RTBF fin 2021, à 29 ans, pour remplacer Julie Morelle à la présentation des journaux du week-end. Mais la Montoise s’adonne, dès que son agenda le lui permet, à son autre passion: le voyage.

J’ai grandi entre deux cultures. Mon papa est belge et ma maman vient d’Algérie. L’été, on y allait en vacances, ce qui m’a donné tôt le goût de bouger et prendre l’avion. J’adore aussi la photo, je marie ces deux passions en immortalisant des endroits extraordinaires. J’adore voyager seule, j’ai l’impression qu’on est plus vite plongé dans l’endroit qu’on visite. Et cela offre une liberté totale, car il n’y a pas d’autres personnes avec qui s’imposer mutuellement des choses… Et puis, on rencontre facilement des gens sur place comme ça. J’essaie de m’imprégner de chaque destination ; je préfère donc les longs voyages aux citytrips, d’autant que je suis plus nature que citadine.

On pense et agit en fonction de l’environnement dans lequel on vit.

Le choix d’une carrière ne se fait pas à la légère. J’ai toujours été curieuse, j’aimais bien apprendre et découvrir des choses. Après le secondaire, je me suis inscrite à l’IHECS sans hésiter. Je savais que le journalisme n’était pas un métier forcément stable, mais je me suis dit qu’avec un diplôme du supérieur en poche, je pourrais toujours trouver autre chose s’il n’y avait pas de débouchés dans les médias. J’ai la chance que mes parents m’aient toujours poussée à faire ce que j’aime: c’est important, parce qu’on signe pour quarante ans de notre vie quand même… Quand on fait un métier qui nous passionne, on est d’autant plus prêt à se battre pour obtenir ce qu’on veut.

Le métier de journaliste reste méconnu. Depuis que je présente le JT, je dois sans cesse expliquer que j’écris mes textes et que je ne me contente pas de simplement les lire. Cela dénote aussi d’un certain manque de confiance envers l’information. Si les gens pensent qu’on ne fait que lire un prompteur, je comprends qu’il puisse y avoir des théories du complot. Mais on est bien des journalistes et notre rôle est de contrôler l’information qu’on diffuse. J’adore l’adrénaline du direct et la rigueur nécessaire à ce que le JT soit une entité cohérente, qui raconte une histoire de A à Z. J’aime aussi aider les gens à comprendre l’info.

Grandir dans une famille mixte est une source incroyable de richesse. Ce n’est pas comme si j’étais franco-belge: mes parents viennent de deux pays incroyablement différents ; c’est épanouissant culturellement parlant. J’ai toujours essayé de prendre le meilleur de chaque culture, ce qui m’a apporté beaucoup d’ouverture sur le monde. Quand je vais en Algérie, je vois que la vie n’est pas simple pour tout le monde ; cela m’a permis de réaliser qu’on pense et agit en fonction de l’environnement dans lequel on vit. Etre à cheval entre deux cultures permet de comprendre les autres beaucoup plus facilement.

La Patagonie est une destination à couper le souffle. Sa nature et l’immensité de son territoire m’ont époustouflée. A commencer par le glacier Perito Moreno, un des plus importants au monde. Quand on le visite, on entend de grands craquements au loin et on réalise que c’est un glacier qui vit, mais qui est malmené par le réchauffement climatique. Ce qui est incroyable en Patagonie, c’est qu’il n’y a pas un seul câble électrique: cela m’a interpellée parce que j’adore la photo, et en général, c’est difficile de capturer un paysage sans paraboles… Là, à part peut-être un condor, il n’y a que la nature à perte de vue.

Voyager permet de sortir de son quotidien. A des milliers de kilomètres de distance de chez soi, on prend rapidement conscience que ses problèmes ont l’importance qu’on veut bien leur donner. Le voyage n’est pas si éloigné de mon métier de journaliste: c’est une source de découvertes et d’apprentissage, qui rappelle qu’on est dans un système de pensée qui nous appartient, mais qu’il n’y a pas qu’une seule manière de voir le monde, loin de là.

Présenter le JT nécessite de mettre l’actualité en perspective. Certaines informations sont plus difficiles que d’autres à donner, mais on ne réalise pas toujours l’impact qu’elles ont sur notre moral, jusqu’au moment où on craque. Le journalisme nous pousse constamment dans des informations assez sombres, donc j’essaie de déconnecter quand je ne travaille pas… En ne regardant pas les infos tous les jours, par exemple. Je suis très famille, je passe beaucoup de temps avec mes proches et je fais du sport pour me changer les idées. Je fréquente une salle de fitness deux à trois fois par semaine, rien de tel que de l’adrénaline et des endorphines pour décompresser.

Je n’ai pas de modèle. J’essaie de m’inspirer des traits que j’admire chez différentes personnes sans me focaliser sur un seul. C’est une forme de déformation professionnelle: je garde mon esprit critique de journaliste et la conscience que personne n’est parfait, mais qu’il y a du bon à prendre en chacun.

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