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Être limérent, la maladie d'amour? © Getty Images

Et si vos chagrins d’amour à répétition étaient liés à la limérence?

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste & Coordinatrice web

Enchaîner les amours impossibles peut tenir de la malchance, mais peut-être aussi que vous souffrez de la « maladie d’amour », alias limérence. Un état d’esprit que Stéphanie Brillant décrypte dans L’incroyable pouvoir de l’amour.

Car ainsi que le souligne la journaliste et conférencière française, qui a décidé de consacrer son travail aux thématiques liées à la libération du potentiel humain, bien canalisé, l’amour est une incroyable force de la nature. Un potentiel qui, une fois débloqué, peut « rendre chacun plus compétent en matière de relation à soi, aux autres et à la nature », mais aussi et surtout « constituer notre plus grand capital santé » assure Stéphanie Brillant. Problème: quand on souffre de limérence, les sentiments circulent à sens unique, et l’amour est toujours une voie sans retour.

« J’ai découvert le concept de limérence avec stupéfaction » confie la journaliste, qui le décrit comme « un état d’amour gazeux totalement coupé du réel, voire de l’autre, puisqu’on peut le vivre seul ».

« Le limérent est un chercheur d’or amoureux. En effet, l’autre n’est pas un être aimé mais bien un objet de l’amour »

Stéphanie Brillant

Pour qui un excellent exemple de limérent est le personnage incarné par Andrew Lincoln dans Love Actually. Dont la parade de panneaux pour déclarer sa flamme à Keira Knightley a longtemps été considérée comme le summum du romantisme, même si, dans les faits, « si cette scène vous touche, vous êtes un être humain normal, en revanche, si vous vous y identifiez et que vous avez du Andrew Lincoln en vous, vous êtes probablement un limérent qui s’ignore ».

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La maladie d’amour

Théorisée dans les années 70 par la psychologue américaine Dorothy Tennov, qui y a consacré un ouvrage tout entier, la limérence décrit un état où une personne est envahie en permanence par des pensées de l’autre. Et où le moindre geste, regard voire même silence peut être sujet à une interprétation positive, une validation de la nécessité de poursuivre l’histoire. Sauf que l’histoire en question n’existe que dans la tête du limérent et tient au mieux du fantasme.

Le limérent rêve son histoire d’amour et l’intensité de ses sentiments prend le pas sur tout le reste. Il ne peut avoir qu’un seul objet de limérence, il n’a pas de place pour d’autres personnes. Il a une aptitude hors du commun à ne voir que les bons côtés de la personne et à ignorer totalement les mauvais. D’ailleurs, ses sentiments s’intensifient dans l’adversité » décrypte encore Stéphanie Brillant.

Pour qui, si cette description peut ressembler au sentiment amoureux, elle n’y correspond toutefois pas, car « tout le monde ne tombe pas raide dingue au point de passer 99.9% de son temps à penser à l’objet de son affection, tout comme tout le monde ne passe pas des heures chaque jour à guetter le moindre signe qui pourrait marquer l’espoir d’un amour éternel ». La différence entre être amoureux et limérent? Dans le second cas, on ne fait pas que s’intéresser à l’autre, on vit l’autre, et ça consomme entièrement. Et surtout, la plupart du temps, l’autre en question n’a pas la moindre idée de l’existence de la personne qui l’aime de manière si incandescente.

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Être limérent, la maladie d’amour? Getty Images

« L’amour impossible est le fonds de commerce des limérents. Ils peuvent tomber amoureux de célébrités ou de personnes qu’ils ont à peine croisées, voire se retrouver complètement épris de leur voisine sans avoir jamais échangé plus qu’un bonjour » explique l’auteure de L’incroyable pouvoir de l’amour. Qui qualifie cette dynamique d’agonie mentale.

Limérent, et après?

« La limérence non maitrisée condamne à être malheureux en amour, car elle est comparable à un voyage qui n’a pas de finalité » met encore en garde la journaliste. Et ce, même si le limérent est en couple, car il risque alors d’y mettre des mécanismes de défense destructeurs en oeuvre, jouant tour à tour le rôle du persécuteur, de la victime et du sauveur. Et pourtant, « s’ils apprennent à domestiquer leur tendance évanescente, les limérents peuvent devenir des compagnons formidables et sont indéniablement de merveilleux amants ». Mais comment?

Dédiée à l’apprentissage d’un amour affranchi des affres de la fantasmagorie, la plateforme Living with Limerence recommande en premier lieu de faire preuve d’honnêteté envers soi-même, et d’identifier les motifs qui nous poussent à agir – et à entretenir une fixation sur une personne. Est-ce parce qu’elle nous plaît vraiment, ou parce qu’on entretient une dynamique destructrice, basée sur une relation fantasmée? Et les responsables de la plateforme de rappeler que « la limérence empêche de mener une vie chargée de sens. C’est un signal de votre inconscient que quelque chose ne va pas et que vous tentez de panser des blessures émotionnelles en canalisant toute votre attention vers une personne, alors même qu’en utilisant cette attention pour remplir votre vie de sens, vous pouvez vous libérer de la limérence ».

Comme pour tout autre trouble, la première étape pour vaincre la limérence est de prendre conscience que vous souffrez. Après cela, il est nécessaire d’analyser pourquoi cela se produit, quelle est la croyance en l’amour et les relations affectives qui la sous-tendent, et essayer de cesser d’idéaliser l’autre en misant sur le réalisme, la rationalité et en se concentrant sur ses défauts et les inconvénients de la situation » conseillent pour leur part les psychologues de Psychologue.net.

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Qui se veulent rassurants: « Bien entendu, la limérence a un traitement curatif et cela se fait en commençant une thérapie avec un professionnel spécialisé dans les troubles obsessionnels-compulsifs, qui trouvera la meilleure façon de la traiter en fonction de la personnalité et des antécédents du patient. Consulter un professionnel de la psychologie vous aidera à sortir du doute sur la situation que vous vivez et à y mettre fin pour une vie plus remplie et satisfaisante, remplie d’amour ».

Relation passionnelle ou obsessionnelle?

Pour se libérer d’une obsession amoureuse, le coach relationnel et de vie Alex Cormont recommande quant à lui de s’appuyer sur cinq piliers. Soit, concrètement;

  1. Renforcer votre vie sociale et familiale.
  2. Trouver la source de votre obsession sentimentale, parce que »que ce soit lié à l’enfance, au physique, à vos relations sociales, il est important de faire cette introspection pour réussir à savoir exactement comment agir et comment travailler sur soi ».
  3. Travailler sur vos émotions.
  4. Instaurer des règles pour restaurer l’équilibre dans la relation.
  5. Entreprendre un travail personnel.

Et Alex Cormont de souligner qu’il n’existe qu’une seule et unique façon de savoir si vous vivez une relation passionnelle ou bien une relation obsessionnelle tenant de la limérence: « Pour cela une question va vous aider à faire le point : Est-ce que vous êtes heureux ou heureuse, et si c’est le cas, est-ce que votre partenaire est heureux ou heureuse. Si ce n’est pas le cas alors il faut agir pour retrouver cette sérénité si importante parce que cela peut porter préjudice à votre amour ». Voire même, vous empêcher de le trouver.

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