Clara Dupond-Monod, Prix Femina 2021 pour S’adapter, qui met en lumière les enfants de l’ombre

Clara Dupond-Monod, Prix Femina 2021 pour S'adapter
Kathleen Wuyard

Si l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur implique un bouleversement de la fratrie, qu’en est-il quand le nouveau membre de la famille est « différent » ? Clara Dupont-Monod chronique cet exercice d’équilibriste dans S’adapter, roman pour lequel elle vient de recevoir le prestigieux Prix Femina 2021.

Célébrer la différence

Elle vient d’être élue lauréate du prestigieux Prix Femina, Clara Dupont-Monod louée pour son dernier roman, S’adapterest aussi en lice pour le prix Goncourt 2021, qui sera remis le 3 novembre. Des distinctions doublement importante puisque l’ouvrage met en lumière les « enfants de l’ombre », ces fratries bouleversées par l’arrivée d’un enfant handicapé. Un mot qui dérange parfois tout autant, voire plus, que la réalité qu’il désigne : ainsi, dès les premières lignes, l’autrice française choisit-elle de raconter comment « un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté. Malgré sa laideur un peu dégradante, ce mot dirait pourtant la réalité d’un corps mou, d’un regard mobile et vide ».

Le corps d’un enfant « aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres ». L’écrivaine relate aussi la frontière qui peut se creuser au sein même de la famille : ainsi, si l’aîné va immédiatement nouer une relation fusionnelle avec son petit frère, jusqu’à s’y perdre parfois, la cadette, elle, va adopter une position de rejet et de rancoeur envers cet autre qui « vole » l’attention des parents et de son grand frère.

Un récit bouleversant de nuances et touchant de justesse, qui a déjà valu à Clara Dupont-Monod de remporter le prix Landerneau des lecteurs. Lesquels se sont laissés happer par le récit fait par les vieilles pierres de la maison cévenole où vit la famille de « l’enfant », l’autrice ayant choisi de faire, littéralement, parler les murs, parce qu’après tout, son protagoniste principal, lui, est incapable de s’exprimer. Ce qui ne l’empêche pas de renvoyer tout qui lira ce bouquin à un questionnement de la plus haute importance, d’ailleurs choisi par l’écrivaine en épigraphe : au fond, qu’est-ce que ça veut dire, être « normal » ?

S’adapter, par Clara Dupont-Monod, éditions Stock.

Retrouvez les témoignages de familles de ces enfants de l’ombre dans le Vif Weekend du 11 novembre prochain.

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