Comment manipuler votre cerveau pour (enfin) adopter de bonnes habitudes

En principe, vu leur impact positif, adopter de bonnes habitudes (et dire adieu aux mauvaises) devrait être simple comme bonjour. Dans les faits, c’est presque tout le contraire, à moins d’utiliser la bonne méthode pour y parvenir.
Pour rappel, les comportements habituels apparaissent en réponse à la production de dopamine, une substance chimique associée au plaisir, à la suite d’une certaine action. Deux systèmes cérébraux sont impliqués dans ce processus. Le premier, situé dans les ganglions de la base (un ensemble de structures situées à l’intérieur du cerveau), réagit automatiquement et de manière prévisible à certains stimuli. Par exemple, votre réveil matin est un stimulus qui active votre habitude de « se lever ». Cette habitude comprendra des sous-habitudes telles que « prendre une douche », « faire du café », « s’habiller », « se rendre au bureau », et ainsi de suite, chacune ayant ses propres stimuli déclencheurs et sa propre récompense dopaminergique.
L’autre système cérébral, qui est orienté vers un but, est situé dans le cortex, la couche externe de cet organe. La récompense en dopamine provient de l’accomplissement d’une action délibérée. Ce système orienté vers un but peut, si nécessaire, prendre le pas sur le système stimulus-réponse. Par exemple, si la radio vous informe d’un problème de circulation, le sous-programme « conduire jusqu’au bureau » devra être modifié consciemment.
Pour les modifications ponctuelles des habitudes, ce système de routine et de dérogation fonctionne bien. Mais les changements permanents, tels que la rupture d’une mauvaise habitude ou la création d’une bonne habitude nouvelle, sont considérés comme nécessitant l’affaiblissement du système axé sur le stimulus afin de réduire la pertinence des anciens stimuli et le renforcement du système axé sur l’objectif afin d’augmenter celle des nouveaux stimuli.
Comment?
Rien de tel qu’une bonne dose de volonté
Dans un article publié en janvier, Eike Buabang et ses collègues du Trinity College, à Dublin, passent en revue les données qui sous-tendent les différentes manières d’y parvenir. Dans la pratique, la plupart des approches éprouvées pour mettre en place de bonnes habitudes semblent fonctionner du côté stimulus-réponse de l’équation.
La répétition délibérée, pilier de la résolution des problèmes, entraîne le cerveau à faire en sorte que ce qui était autrefois orienté vers un but devienne automatique. Dans le cas de la conduite pour se rendre au travail, l’incitation à le faire est forte (sinon, vous ne serez pas payé). Pour les choses plus faciles à abandonner, le renforcement par de petites récompenses (qu’il s’agisse du plaisir d’avoir perdu un kilo de plus lors de la pesée hebdomadaire ou des félicitations générées par les applications d’apprentissage des langues ou de remise en forme) fonctionne de la même manière.
Pour se débarrasser d’une habitude indésirable, en revanche, il faut envisager de supprimer les stimuli familiers. On sait notamment qu’un changement de décor peut aider, mais faire appel à une équipe de déménageurs est une approche plutôt radicale du remplacement de mauvaises habitudes par leur version vertueuse.
Les raisons pour lesquelles les gens prennent de mauvaises habitudes restent mystérieuses. La plupart des habitudes se forment précisément parce qu’elles sont utiles. Les comportements automatiques, tels que ceux impliqués dans la routine matinale, réduisent la charge cognitive et libèrent des ressources mentales pour d’autres tâches, telles que la recherche de ce qu’il faut dire lors de la réunion de dix heures.
Mais ces mécanismes peuvent être détournés. La nicotine inhalée en fumant du tabac – une habitude si puissante qu’elle porte un nom particulier, celui de « dépendance » – stimule directement la production de dopamine. C’est un phénomène que la sélection naturelle n’a pas pu prévoir. Les habitudes non addictives, comme la procrastination, sont plus difficiles à expliquer.
En fin de compte, toute cette science continue de soutenir l’idée que, lorsqu’il s’agit de former des habitudes, la bonne vieille volonté est la voie à suivre.
Comme le dit la vieille blague : « Combien de psychanalystes faut-il pour changer une ampoule ? Un seul, mais il faut que l’ampoule veuille vraiment changer ».
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