Détox numérique version Gen Z: le menu dopamine, c’est quoi?

Sur TikTok, le #dopaminemenu est censé aider la Gen Z à gérer ses habitudes de scrolling © Getty images

Sortir, marcher, écouter un podcast ou caresser un chat… Le « menu dopamine » proposé sur TikTok offre une nouvelle manière de nous adonner à des activités saines. Mais en quoi consiste exactement ce mode de vie 2.0? Nous avons demandé à Lee-Ann d’Alexandry, psychologue, son éclairage.

Les trends s’enchaînent sur les réseaux sociaux, apportant souvent des prétendues recettes miracles pour une vie meilleure. Ces dernières semaine, par exemple, on a vu débouler sur TikTok une vague de posts #dopaminemenu nous invitant à mieux goûter aux plaisirs simples de la vie. Pas question ici de nourriture à la carte, mais plutôt d’activités saines.

Un comble: via cette tendance, le réseau social pourtant considéré comme la Sainte Bible de la Gen Z, devient dorénavant une plate-forme sur laquelle circulent des solutions… pour y passer moins de temps! Comment? En planifiant sa journée le plus précisément possible avec des activités « tonifiantes » censées rappeler la simplicité de la vie… et faire oublier les écrans.

Un concept en 3 étapes

Pour nourrir son quotidien de manière healthy, tout se passerait donc comme au restaurant. Le principe : enchaîner entrées, plats principaux et desserts. Les hors-d’œuvre sont des activités qui boostent la dopamine en moins de dix minutes. Ainsi, on retrouve des choses telles que caresser un animal; écouter sa playlist préférée; faire une balade à pied; discuter avec un ami; manger un fruit frais… Mais vu qu’une entrée ne suffit pas pour être rassasié, il faut commander des plats de résistance, soit les loisirs qui nous tiennent à cœur – participer un cours de yoga, aller à la salle de sport, manger avec une personne que l’on aime ou encore visiter un musée.

Si un petit creux de dopamine survient lorsque une tâche que vous êtes en train de faire vous ennuie, les snacks sont là pour vous accompagner: écouter un podcast ou boire une infusion vous rendront la tâche moins compliquée. Et puis, pas de menu sans dessert! On s’autorise de temps en temps à scroller sur les réseaux sociaux ou regarder un épisode de notre série préférée. Le plus important reste la planification au préalable pour éviter et prévenir les craquages qui vous feront reprendre votre téléphone et vous perdre sur Tiktok ou sur Twitter pendant des heures. 

@thecenteredlifeco

👇how to use your dopamine menu👇 Does anyone else get anxious on the weekends because you don’t know what to do with free time?? So you just scroll the whole time?? Just me??? Having a “menu” to remind me of the things that actually help me feel joyful, grounded and connected to my body has alleviated some of this “free-time anxiety” and helped me pepper some brain boosts into boring workdays too! I know it seems silly— like it’s just a piece of paper, lol— but for me, it helps to keep these reminders visible so I can default to dessert just a liiiitle bit less 🙏 Please share what you’d put on your menu? What are your favorite entrees and appetizers? ❤️ if you’d like to swipe my printable, it’s in the bi0 or this is an easy one to make yourself 🌈✨ big thank you to @Jessica McCabe for creating the OG video that inspired this! #mentalhealth #mentalhealthawareness #procrastination #productivity #adhd #adhdinwomen #dopamine #adhdproblems #productivitytips #motivation #anxiety

♬ original sound – Kristen ⦿ The Centered Life Co
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Dopamine et addiction

Vous l’aurez compris, le but est de remplacer la dopamine générée sur les réseaux sociaux par d’autres activités. Mais dans les deux cas, la dopamine qui entre en jeu – à ne pas confondre avec la sérotonine qui est l’hormone du bonheur et stabilisatrice dans le temps – reste la même.

Ce menu apparaît donc comme une potion rapide pour créer de la dopamine et ressentir un plaisir à l’instant T. Mais comme avec toutes les choses qui lui procurent les hormones du bonheur, notre système nerveux en demandera toujours plus… C’est le même principe que pour n’importe quelle addiction, nous explique la psychologue Lee-Ann d’Alexandry: « Par exemple, si on prend de la drogue, on augmente aussi notre dopamine. La personne qui consomme ces substances va donc par la suite chercher à ressentir à nouveau cela. L’addiction s’installe quand l’hormone redescend car la personne veut alors combler ce vide.” Dans le cas du menu cher aux TikTokeurs, c’est le même phénomène: ils vont chercher des activités qui les stimulent et qui leur font plaisir, mais en le faisant à répétition, ils augmentent en réalité ce besoin de dopamine.

Il est donc important de comprendre ce qu’on cherche à combler vraiment lorsque l’on ressent le besoin de cette hormone de plaisir. “Recourir à ce « menu » peut avoir pour but de combler un mal-être plus profond. On cherche alors à masquer certaines choses. On peut par exemple se demander pourquoi certains ne peuvent s’empêcher de scroller infiniment sur les réseaux sociaux. Quelles sont les raisons qui les poussent à le faire? », relève la psychologue. 

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Une histoire d’introspection

De nos jours, nous sommes tous en quête perpétuelle de gratification immédiate. Nous désirons tout, tout de suite, et nous voulons le ressentir avec la même intensité tous les jours. Les plaisirs simples de la vie deviennent dès lors une équation difficile à résoudre afin de pouvoir, et surtout savoir, en profiter. Si certaines activités de ce menu dopamine paraissent banales, voire inévitables, dans notre vie quotidienne, notre capacité à les programmer nécessite pourtant un travail d’introspection en amont. Pour Lee-Ann d’Alexandry, chercher des activités qui nous stimulent sainement n’est pas du ressort de tout le monde: « Ce qui est intéressant avec ce menu, c’est qu’il cache une introspection, une auto-analyse de ce qui pourrait nous faire du bien. »

Le menu dopamine permettrait selon la psychologue de « structurer le quotidien car on a besoin de nouveaux repères ». Ce cocktail stimulant serait alors un bon tremplin pour sortir d’un cercle vicieux comme celui du scrolling intensif. 

Varier les menus

Faut-il dès lors faire de ce menu un nouveau mode de vie? « C’est un outil qui peut être bénéfique à un moment donné car il va débloquer une situation, mais à long terme, ça n’a plus de sens », nous répond la psychologue. Si tant est que planifier ses activités-plaisir chaque jour soit, de toute façon, possible sur la durée…

Voyons ça comme une détox, de l’acabit de celle que l’on décide de faire après les fêtes car on a trop mangé. Comme le souligne l’experte: « Une fois que le souci des réseaux sociaux est résolu et qu’on obtient de nouveau un comportement normal, on peut arrêter de planifier ses plaisirs sous forme de menu. »

Un bon moyen de rééquilibrer quelque chose qui soulève une difficulté dans notre quotidien donc, mais pas une solution sur la durée… Sous peine de devenir accro et de ne plus jamais être satisfait.

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