La vie en mode zen : quel type de méditation fonctionne ?

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Nathalie Le Blanc Journaliste

La méditation est bénéfique pour tout le monde, selon le neurologue Steven Laureys. De plus, l’offre est si large que chacun peut trouver le type de méditation qui lui convient. Voici la quête du zen racontée à travers divers témoignages.

Leen (35) fait de la pleine conscience tous les jours.

Je m’y suis mise après avoir lu une interview d’Edel Maex, celui qui a fait connaître la pleine conscience en Belgique. Il y racontait qu’il s’était intéressé à la méditation, car il cherchait un moyen de gérer la pression mentale inhérente à son travail. Moi aussi je travaille dans l’enseignement spécialisé. C’est physiquement, mais aussi mentalement, exigeant. La formation était éprouvante, mais cela en valait la peine. Aujourd’hui, je médite presque tous les jours où je travaille. J’ai aménagé un coin tranquille dans notre chambre d’amis et, avant d’aller dormir, je m’assois sur mon coussin de méditation pendant environ dix minutes. Parfois, c’est agréable, parfois non, mais c’est presque toujours instructif sur ce qui m’a touché ou blessé ce jour-là. Mon mari dit parfois en riant que je me brosse le cerveau comme je le ferai avec mes dents et il a raison. Pour moi, la méditation ressemble à une remise à zéro de mon système. De cette façon, j’arrive à mieux gérer le lendemain.

Caro (39) suit des méditations guidées

J’ai pris des antidépresseurs pendant six mois, mais j’ai voulu arrêter. Pour éviter de replonger dans la dépression, mon psychiatre m’a conseillé de faire de l’exercice et de méditer. Je me suis mise à Start to Run, car c’était le plus facile. Mais je sentais que courir ne suffisait pas. Un de mes amis, qui est aussi thérapeute, dirige un groupe de méditation qui se réunit une fois par semaine. Depuis trois ans, j’y suis fidèle. Nous commençons par quelques exercices de type yoga, puis nous faisons une méditation guidée. J’essaie aussi de m’asseoir régulièrement, à la maison, sur mon oreiller avec une application. Je ne prends plus de pilules et ma dépression est désormais derrière moi. Je suis aussi beaucoup moins angoissée qu’avant. Si un jour, ça revient, je pense que je m’en sortirais mieux parce que j’ai l’impression que la méditation m’aide à mieux comprendre mes sentiments les plus complexes.

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Tim (38) a essayé la méditation transcendantale

Le réalisateur David Lynch affirme que c’est durant ses séances de médiation transcendantale qu’il « capte » toutes ses brillantes idées dans son subconscient. Je me devais de découvrir si cette énergie créatrice coulait aussi en moi. Je suis donc allé à une séance d’information où ils m’ont dit que la méditation transcendantale est une sorte de remède miracle pour mieux dormir, être en meilleure santé, plus heureux et plus créatif. Tout cela me paraissait très jubilatoire. Ma curiosité l’a vite emporté et je me suis inscrit. Coût : 864 euros. Aïe.

Avant de commencer la première leçon, j’ai dû signer un document stipulant que je ne révélerais pas ce qui était enseigné durant les cours. Cela m’a mis mal à l’aise. Et lorsqu’est venu le temps de dévoiler enfin quel était le mantra (un son, un mot ou une formule que l’on répète NDLR), je me suis senti grugé. Tout ça, pour ça ? Lors de ma première séance de méditation, mes pensées se sont effectivement vite éloignées, mais pour ne plus former qu’une image: une gigantesque montagne qui vomissait des euros.

Est-ce que je trouve pour autant que la méditation transcendantale n’a aucun sens ? Pas vraiment. Je n’en ai pas fait suffisamment. Ce n’est qu’après des semaines de méditation avec des séances de deux fois vingt minutes par jour que les effets se manifestent pleinement. De plus, je crois réellement que le fait de mener ses pensées vers un point fixe jusqu’à ce qu’elles s’envolent est bénéfique. Les fois où j’ai essayé, je me suis senti moins « réactif ». Je réagissais de façon moins épidermique à, par exemple, des remarques désagréables. Cependant, j’ai ressenti le même effet après une initiation à la méditation zen. Je crois que les différentes formes de méditation mènent plus ou moins à la même chose. À un détail près : la méditation zen ne m’a presque rien coûté.

Pauline (44 ans) est calme après le yoga

Je suis un peu stressée de nature et des amis m’ont conseillé de suivre un cours de pleine conscience. Je me suis rendue à la clinique du stress à Anvers. C’était fascinant, mais pratiquer une heure par jour durant des semaines était trop exigeant. Ça n’a presque jamais marché. Je me suis endormie ou je m’arrêtais en pleine séance. C’était comme s’il n’y avait pas eu de déclic entre moi et la pleine conscience. Je suis peut-être trop impatiente ou terre-à-terre. J’ai eu du mal à tenir les huit semaines du stage. Heureusement, l’une des leçons était axée sur les exercices de yoga. Cela m’a plu et je continue encore aujourd’hui. J’apprécie ce genre d’effort physique et cela m’aide à me remettre les idées en place. J’utilise aussi régulièrement une application qui me guide à travers les exercices de respiration. Je ne pense pas que ce soit vraiment de la méditation, mais en période de stress, ça me calme et c’est tout ce qui compte pour moi.

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Rob (71 ans) utilise le même mantra depuis 40 ans

Ma rencontre avec la méditation transcendantale remonte à 1980. Je m’intéressais à la philosophie orientale et au bouddhisme. J’étais fan des Beatles et ils suivaient les cours du Yogi Maharishi Mahesh en Inde. Quand les premières leçons de méditation transcendantale ont débarqué en Belgique, j’étais curieux. C’était cher, oui, mais aussi très enrichissant. Depuis, la méditation fait partie de ma vie. Il y a eu des périodes où je n’en ai pas fait beaucoup. Par exemple, quand mes enfants étaient petits et que je n’avais pas le temps. Mais aujourd’hui, je médite trois fois par semaine, avec toujours le même mantra. Pour moi, la méditation est une sorte de lampe de poche qui, dans le chaos de ma tête, illumine les détails qui comptent. Elle m’apporte paix et clarté et indique ce à quoi je dois faire attention. Est-ce que ça doit nécessairement être de la MT ou avec un mantra ? Je ne crois pas, non. Ma fille aînée médite dans une école de yoga, l’un de mes petits-fils s’est formé sur YouTube et ils en sont tout aussi heureux que moi. La seule chose que je recommande, aux personnes qui me le demandent, c’est de prendre la peine de découvrir ce qui leur convient le mieux. La méditation n’est pas une chose unique, il existe pour chacun une manière de faire qui fonctionne.

Sophie (33 ans) fait de la méditation chrétienne

Je n’ai jamais été intéressée par la méditation, je suis tombée dessus par hasard. Mon ami a appris à connaître la méditation chrétienne à l’université, où l’on médite avec un mantra chrétien. Le bénédictin Jean Main l’a fondée dans les années 1970 parce qu’il pensait qu’elle s’inscrivait dans la tradition monastique de notre église. Selon mon ami, c’est comme prier Dieu sans s’en tenir exclusivement à Dieu. On prie aussi le monde qui nous entoure et aussi nous-mêmes. Je suis croyante, donc cela m’a séduite. Je vais à un groupe de méditation tous les mois, où viennent principalement, mais pas seulement, des chrétiens. J’essaie aussi de la pratiquer à la maison quelques fois par semaine. Je suis plutôt émotive et je suis donc toujours à la recherche de ce qui peut m’apporter un peu de paix. Et c’est ce que fait, dans une certaine mesure, la méditation. En méditant, j’ai le sentiment que je peux démêler le fil tourbillonnant de mes pensées et mieux les comprendre. Cela fait de moi une meilleure compagnie, pour moi et pour les autres. Et, je l’espère, une meilleure chrétienne.

Bert (53) utilise la méditation contre la douleur chronique

Des douleurs musculaires chroniques et des problèmes d’articulation pour lesquels mon médecin n’avait pas de solutions m’ont poussé à faire des recherches sur la méditation. J’ai visité un centre bouddhiste et j’ai également suivi une formation à la pleine conscience, mais cela n’a pas été concluant. Le côté spirituel de la méditation bouddhiste me rendait nerveux et je n’avais pas la discipline nécessaire pour m’asseoir tous les jours. Grâce à ma soeur, j’ai fini dans un centre de yoga, où je suis depuis deux ans des cours qui mélangent yoga et méditation. Je n’ai aucune idée de ce que c’est exactement comme mouvance, la seule chose que je sais, c’est que les conseils de ces deux professeurs fonctionnent pour moi. Cela m’ancre dans le présent. Les choses ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont là, c’est tout. La douleur est toujours présente, mais comme je l’observe et ne lutte pas contre elle, il me semble que je la supporte mieux. Bien qu’en ayant beaucoup lu sur la méditation et la douleur, je ne comprends toujours pas comment cela fonctionne. Mais j’ai moins mal et cela me suffit.

Christine (43 ans) fait des retraites silencieuses

J’ai eu, une fois, lors d’une retraite à Cadzand, une vraie illumination. C’était une expérience merveilleuse que je ne peux pas décrire. Pendant une dizaine de minutes, j’ai eu l’impression que tout ne faisait plus qu’un. Que tout était limpide, aussi. Cela ne s’est plus reproduit depuis, mais ce n’est pas ce que j’attends quand je médite.

J’ai toujours été à la recherche de sens et, il y a une vingtaine d’années, j’ai découvert la méditation dans le centre bouddhiste de Paul Van Hooydonck. Bien avant que ça ne devienne tendance, j’ai aussi suivi la formation de 8 semaines sur la pleine conscience à la ZNA Stress Clinic. Même si c’était pénible à suivre, cela m’a beaucoup apporté par la suite. Cela me donne l’impression que, dans les moments difficiles, je peux faire quelque chose pour les rendre moins pénibles. Ce qui est beau dans la méditation, c’est que c’est quelque chose que l’on se fait à soi-même. On peut lire des choses, y réfléchir, mais si tu ne t’installes pas sur cet oreiller, rien ne se passe. Je vis principalement dans ma tête et la méditation me fait prendre conscience de ce qui se passe dans mon corps. Cela m’aide à être plus consciente de ce que je ressens et de ce qui se passe dans ma vie. Une chose précieuse sur laquelle je me rabats souvent. Je vais encore régulièrement aux séances d’Edel Maex, aussi parce qu’on peut y échanger des expériences avec d’autres. Et, oui, il m’arrive aussi de méditer dans des moments heureux. Lorsque nous allons camper en famille, par exemple, je peux être vraiment consciente du bonheur d’être là. Parfois, je ressens comme un blocage et à d’autres moments, j’en ai moins envie, même si c’est alors que j’en ai probablement besoin. Parce que, bien sûr, c’est parfois très confrontant. Il est cependant parfois nécessaire de se couper du monde pour entendre sa propre voix. C’est ce que la méditation fait pour moi: elle fait de la place pour ma voix intérieure.

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Je vis avec quatre hommes, mon mari et mes trois fils, et parfois j’aime m’échapper. J’ai déjà fait cinq retraites silencieuses dans lesquelles vous méditez ensemble en groupe pendant deux ou trois jours, faites du yoga, marchez et ne parlez pas. Être avec 80 personnes à table sans rien dire, ou qui marchent lentement en file dans les polders, c’est une expérience spéciale. Les stimuli s’estompent, et les questions affleurent. Qui suis-je ? Qu’est-ce que je veux ? Est-ce que je vais bien ? Cela m’a aidé à faire des choix professionnels, et a rechargé mes batteries. Ces retraites vont plus loin que la pleine conscience. Cette dernière crée un équilibre dans mes émotions, alors que les retraites ont quelque chose de spirituel. Elles insufflent une énergie très spéciale. Ce que j’aimerais essayer, c’est la méditation vipassana, dans laquelle vous méditez huit heures par jour pendant dix jours.

Kobe (28) ne jure que par la méditation bouddhiste

Suis-je bouddhiste ? Non. Est-ce que je le serai un jour ? Peut-être. Adolescent, j’étais fasciné par toutes sortes de religions, mais c’est le bouddhisme qui m’attirait le plus. Ma puberté a été une période difficile, à cause du divorce de mes parents et de problèmes à l’école. Je me sentais très seul. Quand j’ai commencé à méditer dans un centre bouddhiste, j’y ai trouvé réconfort et paix. La solitude est normale, nous le savons tous. En apprenant à y faire face, ce n’est plus si grave.

Depuis lors, j’ai passé quelques week-ends dans le centre tibétain de Huy, j’ai déjà goûté au zen et en mai je pars en Inde pour une retraite. Mes collègues me taquinent parfois et me demandent si je ne suis pas en train de devenir un moine. J’essaie d’expliquer que, pour moi, la méditation fait partie de ma vie quotidienne. Je le fais matin et soir, et j’ai l’impression de pouvoir mieux gérer tout ce qui m’arrive. Ma copine ne médite pas, mais heureusement elle comprend combien c’est important pour moi. Pour elle c’est juste quelque chose que je fais, comme jouer au football et aux jeux.

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Mark (52 ans) fait de la pleine conscience depuis maintenant 10 ans

Chacun gère les crises à sa façon. Moi, c’est la colère. Si quelque chose tourne mal, je me fâche. Sur les autres, sur moi-même. C’est mauvais pour ma tension artérielle et mon humeur. Après mon divorce, c’était encore pire. J’étais en colère, triste, vindicatif et aussi très effrayé. J’avais l’impression de me noyer dans un océan d’émotions. Ça m’a tellement perturbé que j’ai commencé à craindre que cela n’affecte mon lien avec mes enfants. Une thérapie me semblait trop peu concrète. J’avais lu dans un magazine un article sur la pleine conscience et quand j’ai découvert qu’il y avait une telle formation dans mon quartier, je me suis inscrit.

J’ai trouvé difficile les huit semaines de stage parce qu’il n’était pas simple de se libérer près d’une heure par jour. Et puis ce n’était pas simple d’être confronté à soi-même. En temps normal, je ne me souciais pas de ce que je ressentais, mais pendant que je méditais, je ne pouvais l’éviter.

Cela m’a beaucoup appris. Par exemple, que je serai toujours un peu en colère, mais je sais aujourd’hui que je peux rendre cette rage plus agréable en méditant. On peut lui laisser de la place sans pour autant disparaître dans une spirale de colère. « C’est juste des émotions « , c’est une phrase qui revenait souvent durant la formation et j’y pense encore tous les jours. Dix ans plus tard, ces exercices de pleine conscience sont des outils que j’utilise régulièrement. Je ne médite pas tous les jours. Parfois, je ne le fais pas pendant des mois, mais, si c’est nécessaire, je sais quoi faire. C’est généralement quand la vie est plus difficile ou en cas de crise, comme quand les médecins ont annoncé que ma mère était démente. Il m’arrive aussi d’y faire appel dans de bons moments, pour en être encore plus conscient.

Les gens ont parfois des réactions bizarres quand je leur dis que je médite. Des ingénieurs teigneux ne sont pas censés méditer. Mais je suis content de pratiquer cet art, parce qu’en cas de turbulences, j’ai l’impression de garder, un peu, le contrôle. Y a-t-il un côté spirituel à cela ? Pas pour moi. C’est presque physique. Tout comme mes amis font du jogging parce que cela les aides à ordonner leurs pensées, j’ai un banc de méditation dans la véranda sur lequel je peux, si nécessaire, m’asseoir.

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