Bye bye les JO de Paris (5/6) / Julien Watrin, athlète: « Avant ce cancer, je visais la performance de ma carrière »

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Le Vif Weekend part à la rencontre de ces champions belges qui ne pourront pas briller aux jeux Olympiques de Paris. Parmi eux, l’athlète Julien Watrin (32 ans), spécialiste du 400 mètres, qui a vu ses rêves olympiques s’envoler suite à un diagnostic de cancer des testicules.

« En septembre 2023, j’ai appris que je souffrais d’un cancer des testicules. J’ai eu un premier choc à l’annonce de la maladie. Ça a été assez brusque… On commence dans l’incertitude puis une fois qu’on a les résultats tout va très vite, on se fait opérer quelques jours après. Mais en apprenant que je n’étais pas dans un stade trop avancé du cancer, j’ai pu relativiser au niveau des risques par rapport à ma vie. »

Faire face à l’impensable

« j’ai donc repris les entraînements, conscient des risques de récidive mais focalisé sur mes objectifs pour 2024. Malheureusement, en janvier, les médecins ont constaté une contamination à début métastatique et j’ai donc entamé un processus de chimiothérapie et abandonné cette préparation. Fatalement je me suis posé plein de questions: « Est-ce que le traitement va fonctionner ? », « Est-ce qu’il sera suffisant ? », « Comment est-ce que je vais m’en sortir ? ». »

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« J’ai été très affaibli et comme j’étais en super forme avant de commencer mon traitement, c’était difficile à accepter. Je me suis assez bien habitué aux changements physiques. C’est vrai que ça fait bizarre de se voir régulièrement chauve mais je pense que le choc est moins grand pour un homme et j’ai contrebalancé avec des bonnets. Ma compagne a été incroyablement présente. Mes parents, ma belle-mère, mes coachs et mes amis du club ont joué un rôle crucial dans ma résilience. »

Maintenir une vie « normale »

« Malgré cela, j’ai poursuivi mes études, poursuivant deux masters, l’un en sociologie et anthropologie et l’autre en philosophie. J’ai également maintenu une activité physique modérée, encouragé par son équipe médicale. Continuer à m’entraîner, même légèrement, a été vital pour ma santé mentale et physique. Je me suis vite rendu compte que j’étais capable de faire un peu de musculation après mes retours d’hospitalisation. Mes coachs ont été très compréhensifs et intelligents dans leur manière d’organiser les entraînements pendant le traitement. On a fonctionné par essai-erreur et j’ai pu progressivement retourner sur la piste. »

J’avais tellement peur d’avoir des problèmes permanents, de ne plus pouvoir faire de sport.

« Puis, faire mes courses, cuisiner ou essayer de suivre en cours m’a permis de me sentir plus autonome. Forcément, j’ai eu des hauts, des bas et des doutes sur ma capacité de rester un sportif de haut niveau. Mais je ne me projetais pas tant dans l’avenir. Comme mon horizon était très réduit et incertain, j’essayais simplement de garder le moral. Mes entrainements n’avaient pas pour but de faciliter ma reprise ou de préparer un objectif à la fin de saison. C’était plutôt pour m’aider à supporter le traitement et être mieux dans mon quotidien. »

Réinventer sa trajectoire

« Depuis avril, je suis en rémission et je reviens doucement dans la compétition. J’ai eu la chance de m’en remettre assez vite et de récupérer toutes mes capacités. Aujourd’hui, à l’entrainement, je n’ai plus aucune contrainte liée à mon traitement et je me remet à faire des compétitions, sans prendre de risque. Mais j’ai dû évidemment renoncer aux jeux Olympique. »  

« Comme j’ai déjà fait Rio et Tokyo, je ne suis pas dans un état d’esprit où il fallait absolument que j’aille aux JO pour « être là ». Pour Paris, je voulais vraiment y aller pour performer. Le but était d’arriver à mon meilleur niveau pour faire la performance de ma carrière. C’est ça qui est dur, de se dire que je rate cette opportunité… Mais je n’ai pas de rancœur ni de regret parce que je suis tellement heureux d’aller bien. Je ne me suis pas blessé en faisant une connerie, le cancer m’est tombé dessus et je ne pouvais pas l’éviter. J’avais tellement peur d’avoir des problèmes permanents, de ne plus pouvoir faire de sport. Mais je récupère vite et je suis reconnaissant. »

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« J’ai suivi avec beaucoup de plaisir la préparation des JO de mes coéquipiers au 400 mètres. Je les vois à l’entraînement et je vis un peu ça par procuration. Pour moi, l’objectif, c’est les prochains championnats d’Europe et du monde. Je ne peux pas dire que je vais pouvoir reprendre et retrouver mon niveau l’année prochaine. Je peux juste dire que là, ça va vraiment dans la bonne direction. »

Retrouvez d’autres témoignages dans notre dossier Mes JO manqués

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