Ras-le-bol de (sur)communiquer? Nos conseils pour reprendre le dessus

Quelques conseils pour limiter la surcommunication, avant d'en arriver là © SDP

Ces dernières semaines, nos repères spatio-temporels ont été bousculés et il semblerait que les outils numériques aient profité de la brèche pour gagner encore un peu plus de terrain. Comment résister à l’envahisseur avant qu’il ne nous mette K.O. ?

Avec le confinement, le trafic des services de messagerie comme WhatsApp et Facebook Messenger n’a pas simplement augmenté, il a carrément explosé. Même pas besoin de consulter les chiffres (certains évoquent des pics à 500%), la preuve est dans nos téléphones et boîtes pleines à craquer d’e-mails pour tromper l’ennui, de sollicitations pour apéros virtuels et de fausses urgences pro reçues à 23 h 46, un samedi. On vous donne ici quelques armes à dégainer pour reprendre le contrôle sur l’outil numérique et le remettre à sa place : celle d’un bon allié.

Ne pas répondre

La bombe est lâchée : nous ne sommes pas obligés de répondre à tous les messages ! Pas le bon moment, pas trop le temps ou absolument pas envie : peu importe la raison, si elle est bonne pour nous, inutile de chercher plus loin. Qui a décidé qu’on devait se lancer dans un ping-pong incessant et toujours renvoyer la balle ? A un moment, quelqu’un doit poser la raquette (et il ne sera pas pour autant taxé de feignant). Il est par ailleurs important de ne pas se laisser piéger par la bienveillance ambiante… Aujourd’hui, c’est à peine si le réparateur de machine à laver, qui est passé le mois dernier, ne nous propose pas une session de chat. Faire le tour de son répertoire pour  » reprendre contact  » semble être dans le top des activités de confinement. Prenons trois minutes pour nous rappeler pourquoi on ne prenait plus de nouvelle d’untel régulièrement avant de lui écrire/répondre avec enthousiasme.

Arrêter de culpabiliser

La non-réponse reste un soucis pour beaucoup de gens, au point que Malene Rydahl y a consacré un livre ( Je te réponds… moi non plus, éd. Flammarion). Elle a interrogé 3000 personnes dans six pays et constaté que 60 % des sondés étaient affectés négativement s’ils ne recevaient pas de réponse à un message, tout en admettant que leurs propres non-réponses n’étaient que rarement la manifestation d’un mécontentement ou désamour. Il peut donc s’avérer utile d’expliquer à ses proches qu’on ne sera pas hyperréactifs et pourquoi. Déculpabilisons ensuite : personne n’est responsable de l’insécurité émotionnelle des autres.

Dire non à l’espionnage

La surveillance mutuelle en ligne, vous connaissez ? C’est l’expression que des chercheurs ont choisie pour qualifier ce moment où, en toute bienveillance et rationalité, on dit :  » Elle était en ligne il y a trois minutes et elle fait comme si elle n’avait pas lu mon message, cette ( insulte au choix) « . Pour sortir du cercle vicieux, on fait un tour dans les paramètres de confidentialité des applis. Sur WhatsApp, il est par exemple possible de ne plus communiquer ou de voir si et quand un message a été lu (dans  » compte  » >  » confidentialité  » >  » vu à « ). De toute façon, pour les vraies urgences, il existe une invention du XIXe siècle : le téléphone !

Cartographier l’espace

Avant, il y avait des lieux pour tout : travailler, faire du sport, dîner, et même des temps de trajets pour amorcer la transition pro/perso. Aujourd’hui, tout est condensé. Mais il est toujours possible de créer des zones géographiques, mêmes absurdes, dans notre intérieur – les 3 m2 près du ficus sont désormais la salle de sport, merci de ne pas y entrer avec vos chaussures de ville et d’y exclure les GSM. Vu que désormais quasi tout se passe au même endroit, il est par ailleurs utile de parfois se souvenir d' » où  » on est. Est-ce que votre pote vous racontait ses essais de pain maison quand vous étiez au bureau ? Est-ce que vous expliquiez à votre fille où était son tee-shirt lama en pleine séance collective de pilates ? La réponse est non ! Sans renoncer à la flexibilité offerte par la situation, sortons notre boussole et compartimentons notre temps, pour nous concentrer sur chaque tâche. L’astuce du cloisonnement peut aussi être appliquée virtuellement, dans le contexte pro. Rien n’empêche de créer une  » room  » sur le site de discussion utilisé – Slack par exemple – qui fera office de  » machine à café « . Et ce pour les conversations détente qui nous manquent, mais qui polluent le fil 100% pro.

Garder un agenda

Le planning maison qui a fait fureur en début de confinement ne devrait pas être réservé aux enfants. On en fait un pour les adultes aussi. Autre astuce : chacun écrit sur le frigo  » où  » il est en ce moment et jusque quelle heure. Si la réponse est  » au bureau  » ou même  » au cours d’abdo-fessier « , personne ne déboule sans motif impérieux (même si tout se passe dans le salon). Dans un même ordre d’idées, on évitera – comme dans la  » vraie vie  » – la surcharge. Que celui qui enchaînait deux apéros chaque soir et voyait ses cousins sous-germains cinq fois par semaine lève la main ! C’est sûr, on a une tonne d’interactions sociales de notre existence  » d’avant  » à compenser, mais après la surréaction du départ, un peu de modération pourrait aider (y compris pour le bien-être des serveurs Internet). Noter tous ses rendez-vous d’un nouveau genre dans son planning aide à visualiser quand ça fait  » trop « . Ce serait dommage de faire un burn-out en plus de tout ça !

Afficher les horaires d’ouverture

Un des premiers réflexes de confinement a été de dire :  » Je vais enfin pouvoir profiter du temps avec mes enfants/mon compagnon/ma pile de livres non lus…  » Quel est le bilan quelques semaines après ? En répondant à Tatie durant la partie de Jenga et en s’isolant dans la chambre pour un long call, on a vite fait de louper de nombreux moments de partage  » en famille « . Osons donc dire qu’à certains moments, on n’est pas dispo pour l’extérieur. Le contrôle de temps d’écran paramétrable sur certains téléphones ou des applis comme Offtime peuvent aider à tenir cette résolution en bloquant les plates-formes à certaines heures sans avoir à se couper des appels cruciaux.

Renouer avec les lettres

La temporalité de la communication a sacrément changé depuis l’époque de la lettre envoyée du front. Aucun doute, l’instantané a du bon mais il nous a fait confondre attente et frustration. Et si plutôt que d’envoyer 762 messages quotidiens, on écrivait des  » lettres  » plus longues, plus réfléchies à ceux avec qui on veut vraiment échanger ? Brouillons, dessins, emojis ; la seule règle est de penser qualité plutôt que quantité. Et ça vaut aussi pour les enfants, car l’exercice permet de  » mettre des mots  » plus facilement sur la situation.

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