Soleil, chaleur, temps changeant: comment la météo estivale peut aussi avoir un impact sur notre santé mentale
Cet été, nous sommes passés par tous les temps, du froid et de la pluie aux grosses chaleurs, de la grisaille au soleil radieux. L’été guide nos projets (de vacances) et notre humeur aussi, visiblement. Mais quel est l’impact réel de la météo sur notre bien-être mental?
Que le temps ait un impact sur notre bien-être mental n’est sans doute pas un scoop. Mais on connait moins les processus physiques et sociaux qui entrent en jeu. La professeure de psychologie clinique Marie-Anne Vanderhasselt (UGent) avance une première explication: « L’influence du temps suit le rythme des saisons. En hiver, lorsqu’il est mauvais, sombre et changeant, nous avons tendance à nous retirer de notre vie sociale. Nous recherchons moins les contacts sociaux, sortons relativement moins et restons davantage à la maison. Cela peut avoir un impact négatif sur notre santé mentale et physique. »
Et donc, à l’inverse, lorsque les jours rallongent, nous sortons davantage: « Les activités sociales rendent les gens heureux, continue la professeure, et elles ont lieu plus souvent lorsque les journées sont plus ensoleillées. Nous sommes des créatures sociales par nature et nous nous épanouissons dans l’amitié et les relations. Nous menons une vie plus longue, plus saine et plus heureuse lorsque nous entretenons des amitiés étroites. »
Typiquement belge
Le professeur de psychologie biologique Rudi D’Hooge (KU Leuven) trouve dans notre culture une autre explication à l’impact majeur du temps sur notre bien-être. « Il s’avère en effet que se plaindre du temps qu’il fait est une attitude typiquement belge, ou du moins typiquement ouest-européenne. Les habitants des pays du sud sont moins exposés aux fluctuations extrêmes de la météo et s’en préoccupent donc moins souvent et moins intensément », analyse l’expert.
En outre, les habitants des pays du Sud s’adaptent mieux à un climat plus chaud en adaptant leurs choix vestimentaires et leurs heures de travail et de repos, par exemple en faisant une sieste. Néanmoins, le changement climatique peut susciter chez eux une inquiétude et une anxiété croissantes, ce qui les incite à prêter davantage attention au temps qu’il fait, même dans le sud.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Influence(s) de la lumière
D’un point de vue biologique, c’est la lumière du soleil qui a le plus d’effet sur notre bien-être mental. « La lumière du soleil n’est pas seulement importante pour la vitamine D, ajoute le professeur D’Hooge, elle affecte également nos os, notre peau, nos fonctions cérébrales et notre système immunitaire. Elle détermine notre rythme de sommeil et notre résistance mentale. »
Un manque de lumière peut donc affecter notre humeur directement. Notre cerveau a besoin de la lumière extérieure pour produire suffisamment de sérotonine et de dopamine. « Une sous-stimulation de ces substances chimiques augmente le risque de dépression, avertit le professeur, ajoutant que ces carences pourraient contribuer à la dépression saisonnière.
Mais attention aux raccourcis simplistes et un peu trop rapides: tous les types de lumière n’ont pas les mêmes effets bénéfiques sur nos fonctions cérébrales. Par exemple, la lumière bleue des écrans est nocive, la lumière indirecte des fenêtres a un effet trop limité, et la science ne s’est pas encore mise d’accord sur la luminothérapie. Notre expert résume la situation en quelques mots: « Ce dont on est sûrs, c’est que la lumière artificielle n’est tout simplement pas suffisante »
Suite au Covid, nous travaillons en effet de plus en plus souvent à domicile, ce qui signifie que nous passons des journées entières à l’intérieur, derrière un écran. Ce n’est pas vraiment l’idéal, prévient-il avant d’ajouter: « C’est précisément aux heures où la lumière du soleil est optimale pour sortir que nous restons assis à l’intérieur, devant notre bureau. Ce n’est pas sain pour notre cerveau et notre bien-être. »
Trop de soleil ou pas assez de soleil?
Le conseil de passer plus de temps au soleil peut sembler contradictoire maintenant que nous sommes plus conscients des dangers des rayons UV. Il est important de trouver le bon équilibre, car l’excès comme le manque de lumière sont néfastes. Quoi qu’il en soit, vous devez toujours vous protéger correctement du soleil en appliquant de la crème solaire, par exemple.
Le professeur D’Hooge évoque une étude récente menée par des chercheurs chinois a montré que le point de basculement se situe aux alentours de deux heures ; « A partir de ce moment, les inconvénients de la lumière du soleil l’emportent sur ses effets positifs. Une exposition au soleil de plus de deux heures peut entraîner un risque accru de cancer de la peau. Elle induit également un vieillissement de notre cerveau, pouvant entraîner des maladies telles que la maladie d’Alzheimer. Une bonne hygiène lumineuse est donc nécessaire. »
L’impact de la chaleur
Mais les rayons UV ne sont pas les seuls desquels il convient de se protéger. La chaleur, à laquelle nous risquons d’être de plus en plus confrontés en raison du changement climatique, peut aussi avoir un impact négatif direct sur notre santé. Elle affecte le fonctionnement de notre cerveau et de notre système immunitaire.
Selon une étude réalisée en 2022, la hausse des températures perturberait notre sommeil. Nous avons alors du mal à nous endormir et nous dormons moins longtemps et moins profondément. L’American Psychological Association (APA) a aussi souligné les dangers de la chaleur pour notre santé mentale. Selon l’APA, elle pourrait notamment provoquer de l’agressivité, de la dépression, du stress et de l’anxiété.
Temps changeant, sentiments fluctuants
D’autres conditions météorologiques, comme la pluie ou le vent, ont un impact moins direct sur les processus biologiques de notre cerveau. Pourtant, nous nous sentons moins bien dans notre peau. Selon le professeur D’Hooge, cela est principalement dû aux changements de comportement, exactement comme l’expliquait Marie-Anne Vanderhasselt: « Lorsque le temps est mauvais ou pluvieux, on a tendance à rester davantage à l’intérieur et on est alors moins exposé à la lumière. Les changements de temps affectent donc indirectement notre cerveau et, par conséquent, notre bien-être mental. »
La professeure Vanderhasselt ajoute de son côté qu’un temps variable en pleine saison estivale ne correspond pas à nos attentes: « En été, nous voulons un soleil radieux pour pouvoir sortir en terrasse ou rencontrer des amis. Si ce n’est pas le cas à cause de la météo, ce qui est indépendant de notre volonté, on a vite fait d’être de mauvaise humeur. »
Le temps capricieux nous rend également anxieux. L’imprévisibilité est source de stress et même, dans les cas extrêmes, de troubles mentaux. « Nous ne savons pas s’il va pleuvoir longtemps, si le soleil va briller et si nous sommes bien préparés au temps. Ces doutes nuisent à notre bien-être », explique Marie-Anne Vanderhasselt.
La conséquence? Nous sommes plus à risque de tomber dans un état d’esprit négatif. Le temps capricieux provoque souvent des réflexions de type “et si”. On va par exemple se dire « Si seulement il faisait plus beau maintenant, je pourrais faire çi ou ça » ou encore « Si seulement j’avais fait cette promenade hier, parce qu’aujourd’hui il fait moche ». Ces sentiments de déception peuvent affecter notre bien-être.
Comment éviter la dépression saisonnière?
Alors, comment faire face à ce fardeau mental qu’est le mauvais temps ou une météo capricieuse? Le professeur D’Hooge propose une promenade comme solution, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige: « Sortez au moins une demi-heure par jour, même si le temps n’est pas clément ». Cela vaut également (voire davantage) pour les personnes âgées et vulnérables, comme les diabétiques, qui sont plus sensibles aux effets du manque de soleil.
La professeur Vanderhasselt abonde dans le sens de son collègue: « Il est particulièrement bénéfique d’être actif à l’extérieur le matin, car cela rend le corps plus éveillé, plus alerte et plus énergique ». Et enfin, il ne faut pas non plus négliger sa vie sociale par mauvais temps: « Être actif ensemble, rire ensemble, c’est ce qui nous rend heureux », déclare l’experte avec bon sens.
Les exercices de relaxation physique peuvent également apporter un soulagement: « Le yoga, l’exercice physique ou les exercices de respiration nous apportent la paix mentale. Ils nous aident à vivre davantage dans l’instant présent, ce qui nous rend moins préoccupés par des choses intrinsèques – comme le temps – sur lesquelles nous n’avons de toute façon aucun contrôle », conclut Marie-Anne Vanderhasselt.
Les conseils de nos experts
– Sortez au moins une demi-heure par jour, de préférence le matin.
– Soyez actif à l’extérieur. Faites une promenade dans la nature, si vous le pouvez.
– Profitez de la lumière du soleil avec discernement. Il est déconseillé de rester au soleil sans protection.
– Maintenez votre rythme d’activité normal. N’annulez pas vos projets à cause du temps qu’il fait (dans la mesure du possible bien sûr).
– Recherchez les contacts sociaux. L’amitié est importante.
– La réduction du stress et de l’agitation mentale passe par l’activité physique ou la relaxation. Le yoga et les exercices de respiration sont vos meilleurs amis.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici