Le « tricot-ciné », remède de grand-mère contre la solitude numérique

Le tricot-ciné, remède de grand-mère contre la solitude numérique - Getty Images
Le tricot-ciné, remède de grand-mère contre la solitude numérique - Getty Images

Tout est dans le nom: nouvelle coqueluche des fans de culture en quête de lien, le « tricot-ciné » voit les aiguilles s’inviter au cinéma. Et cela ne plaît pas qu’aux mamys, loin de là.

Armés de fil et d’aiguilles, près de 200 spectateurs viennois se piquent de tricot, tout en se délectant des meilleures répliques de l’indémodable film « Le Diable s’habille en Prada ». « Ca fait un peu grand-mère, mais c’est relaxant et puis quel mal y a-t-il à laisser la grand-mère en nous s’exprimer », plaisante en crochetant l’Autrichien Alexander Koch, 28 ans, adepte du tricot-ciné.

Dans un monde anxiogène où le numérique est omniprésent, la tendance d’aller se faire une toile tout en avançant son ouvrage a pris de l’ampleur en Europe.

« Pas mal de monde s’est mis à tricoter lors du confinement tout seul à la maison » pendant la pandémie de Covid-19, explique Luisa Palmer, qui a lancé les soirées tricot-ciné une fois par mois au Votiv Kino, un cinéma d’art et essai du centre de la capitale autrichienne.

« Maintenant, on a besoin de se retrouver » dans la vraie vie, dit cette trentenaire à l’AFP avant la séance.

Bruncher devant des classiques, allaiter dans une salle remplie de jeunes mamans… ce « ciné-maille » est la dernière trouvaille du secteur pour diversifier l’offre et battre le fer avec les plateformes, selon la porte-parole du cinéma Lisa Stolze.

Pour éviter les erreurs de tricotage, une lumière tamisée reste allumée durant la projection, ce qui favorise aussi l’échange.

Le tricot-ciné fait passer le film au second plan

Depuis que le cinéma a lancé l’offre en décembre, sur le modèle de ce qui se fait déjà aux Etats-Unis, en Scandinavie, en Allemagne et désormais aussi en France, pas un seul ou presque des sièges ne reste vacant.

« D’habitude je tricote en regardant des films ou en écoutant des podcasts à la maison, alors les salles de cinéma sont des lieux tout trouvés pour cette activité », estime Kaja Vospernik, une étudiante en mode de 23 ans.

Entre pelote et popcorn, les pulls colorés prennent forme au fil de la séance et le film passe au second plan: les filles et les quelques garçons se montrent leur travail, les plus aguerris aidant les novices à dépasser certaines difficultés techniques. « On peut tout à fait venir seul et tricoter en silence pour se détendre, mais si vous cherchez de la compagnie, ce genre d’événements me semble tout indiqué », témoigne Judith Haslöwer, elle aussi à l’origine du projet.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

« On se reconnecte au réel et on lève un peu le pied », tout en agissant contre la fast fashion qui détruit la planète en surproduisant des vêtements portés une seule saison.

« Faire quelque chose de ses dix doigts, c’est quand même plus gratifiant » que de rester penché sur son ordinateur toute la journée, affirme aussi Luisa Palmer.

Et pour crocheter, mieux vaut éviter les intrigues trop complexes ou les productions d’horreur qui vous font sursauter. Rien de tel qu’une bonne « comédie douillette qu’on a déjà regardée » maintes fois, sourit-elle.

Partner Content