Ce que dit le procès Heard contre Depp des violences conjugales

Amber Heard face à Johnny Depp dans un procès surmédiatisé. © GETTY IMAGES

Après deux mois d’une bataille judiciaire ultramédiatisée, Johnny Depp gagne son procès en diffamation contre Amber Heard, qui accuse son ex-époux de violences conjugales.

Sylvie, victime de violences conjugales, nous raconte son histoire et, à la lumière du verdict Heard/Depp, rappelle le manque de reconnaissance récurrent des sévices subis et l’urgence de parler de ce fléau.

«A 18 ans, je rencontre celui qui allait devenir le père de mon fils. Il veut veiller sur moi, se présente comme mon «sauveur». Très vite, il me demande de couper les ponts avec mes amis. Il m’explique que c’est pour mon bien et qu’il faut se méfier du monde extérieur. Pour lui, une «bonne» femme ne sort pas, ne fume pas, ne boit pas et s’habille de manière convenable. Il m’interdit de faire la bise aux hommes.

Peu à peu, j’apprends à ne plus regarder les gens dans les yeux. Un rien déclenche sa fureur: un regard, un repas pas à son goût, une chambre pas rangée. Durant ses crises, il me hurle dessus, il bondit sur moi, m’étrangle. Il me répète: «Regarde ce que tu fais de moi.» Plus il augmente la puissance de ses coups, plus je me coupe de mes sensations. Il me dit: «Je t’ai choisie jeune, je dois finir ton éducation.» Le peu d’attention qu’il m’accorde, je le prends car je n’ai personne d’autre au monde. Je n’ai l’autorisation de parler qu’à sa famille. Il me lance: «Si tu pars, je te ferai passer pour folle.»

« Le procès Heard/Depp a été surmédiatisé et je ne pense que pas que cela a été dans l’intérêt de la victime. »

Mais un jour de décembre 2020, dans un instinct de survie, je me sauve de chez moi. Je porte plainte. Un premier policier refuse de la prendre. J’insiste et je suis enfin reçue par une femme qui me dit: «Et c’est seulement maintenant que vous venez?» Je me rends compte que la justice enfonce les victimes et pas les bourreaux. On vous reproche de ne pas avoir porté plainte plus tôt, mais quand vous parvenez enfin à le faire, c’est classé sans suite.

Je connais ensuite la précarité, n’ayant aucun moyen de subsistance. Tout est à son nom à lui. Il y a aussi le regard des voisins, de sa famille. Aussitôt partie, je suis considérée comme une pestiférée. Il n’y aura jamais de reconnaissance des violences que j’ai subies. Je pense qu’il faut aborder le sujet des violences conjugales, mais pas n’importe comment. Le procès Heard/Depp a été surmédiatisé et je ne pense que pas que cela a été dans l’intérêt de la victime. Cette femme a eu le courage de parler et d’avoir essayé de se défendre.»

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