« Défigurée à vie » par la chirurgie esthétique, Linda Evangelista sort de l’ombre

Isabelle Willot

La top Linda Evangelista dévoile des images de son visage et de son corps déformés par le CoolSculpting, un traitement amincissant dont elle ignorait les dangers avant d’y avoir recours.

Le professeur Jean-Luc Nizet (ULiège) est chef du service de chirurgie plastique au CHU de Liège. Il rappelle l’importance de la relation de confiance entre patient et médecin. Et met en garde contre la tentation des interventions à bas coûts.

«Même à l’hôpital universitaire, centre de formation des assistants, avec un service de grands brûlés par exemple, les chirurgiens plasticiens restent encore souvent mal considérés. Il est vrai aussi que l’on médiatise davantage les accidents du type de celui de Linda Evangelista que tout ce qui se passe bien. Je suis expert auprès des tribunaux et il m’arrive hélas de voir des choses totalement délirantes, alors que les possibilités d’information sont importantes pour les patients. A l’inverse, sur les réseaux sociaux on ne voit que des opérations réussies, des résultats qui font envie.

« L’une des tendances du moment, c’est de se faire injecter de la graisse dans les fesses. Chaque année, des patientes meurent d’embolie graisseuse massive! »

La demande pour des interventions esthétiques ne cesse de croître. Et nous en pratiquons aussi à l’université. C’est essentiel, notamment pour former correctement les futurs chirurgiens plasticiens. En Belgique, dans le domaine de la chirurgie esthétique tout est heureusement strictement réglementé, depuis une loi de 2013. Seul un chirurgien plasticien est habilité à réaliser l’ensemble de la chirurgie esthétique, les autres spécialistes ont un champ d’action limité strictement à leur domaine anatomique. Certains traitements – c’est le cas notamment de la cryolipolyse – peuvent même se faire en dehors de contrôle médical. Mais ce n’est pas parce que l’on croit que c’est «light» qu’il n’y a pas de risques.

Un excellent exemple est le tourisme médical, où les patients prennent des risques souvent inconsidérés pour leur santé. Lorsque l’on entre dans une démarche comme celle-là, on sait que l’on est hors des clous. La seule motivation est financière ; or il s’agit d’un acte chirurgical: quid des contre-indications, des risques, du suivi médical. L’une des tendances du moment, c’est de se faire injecter de la graisse dans les fesses. Chaque année, des patientes meurent d’embolie graisseuse massive! Dans mon service, je refuse que ce genre d’opération soit réalisée.

Quel que soit l’acte que l’on veut poser, il faut se renseigner auprès de praticiens compétents. Exiger de savoir à qui l’on a vraiment affaire – avec les derniers chiffres du numéro Inami vous pouvez vérifier quelle est la spécialisation du médecin qui est en face de vous. Et ne pas oublier aussi qu’il faut toujours un consentement écrit qui vous informe également du risque encouru, de même qu’un devis précis pour éviter toute mauvaise surprise.»

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