Nina, 38 ans: « Je ne peux pas avoir d’orgasme sans sex toy »

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Amélie Micoud Journaliste

Nina, 38 ans, n’a jamais connu l’orgasme sans jouets sexuels. Pour atteindre le plaisir ultime, elle utilise donc, entre autres, un vibromasseur, en solo ou lors de relations avec un partenaire. Sans tabou, elle a accepté de nous livrer son témoignage.

« J’ai commencé à me masturber au tout début de l’adolescence. J’ai d’abord expérimenté avec mes doigts, je sentais de la chaleur mais ça ne me faisait rien de plus. Un jour, j’ai pris un bain et je ne sais pas pourquoi, je me suis mis le jet d’eau entre les jambes – j’avais dû l’entendre ou le voir quelque part – je me souviens que ça me faisait du bien, et à un moment donné j’ai eu cette petite vague, hyper agréable. J’ai continué à expérimenter de cette façon, je me suis « éduquée » comme ça, comme on le fait toutes, on apprend à voir ce qui nous fait du bien, on se teste.

Par la suite, j’ai de nouveau essayé avec ma main, mais rien à faire: c’était moi derrière ces doigts, donc c’était comme si je me disais « Nina c’est toi, il te faut quelque chose d’extérieur ». Ça ne marchait pas avec ma propre peau. Je ne me suis pas posé plus de questions, je me suis dit « c’est comme ça que je fonctionne, très bien ».

« Mes sex toys n’ont jamais été une concurrence pour mes partenaires »

Lors de ma première histoire avec un garçon, je n’ai pas du tout utilisé de sex toys. J’avais cependant du plaisir lors des rapports. A 18 ans, j’ai rencontré le premier compagnon avec lequel je suis restée plusieurs années. Je prenais beaucoup de plaisir quand on faisait l’amour mais il y avait toujours cette espèce de plafond de verre. Je me suis dit que je savais comment me faire jouir, donc on a commencé avec le jet de douche. Mais côté logistique, ce n’était pas simple! (Rires). On a d’abord acheté un premier sex toy avec double stimulation (interne et externe), mais j’utilisais principalement la fonction vibromasseur, puis j’ai investi dans un genre de petit galet vibrant externe (NDLR: stimulateur clitoridien). Ça a changé toute ma sexualité car, quand je l’utilisais avec mon partenaire, j’avais des orgasmes incroyables à deux, avec la pénétration simultanée. Bien sûr je l’utilisais aussi seule, mais ça provoquait alors des orgasmes assez légers, faciles, qui montraient très vite mais finalement pas très intenses. Ce plaisir là couplé avec une pénétration permise avec un partenaire, c’était plus intense, plus fort.

J’utilise mon sex toy avec mes partenaires, ça n’a jamais été une concurrence. C’est un partenaire de jeu qui fait partie intégrante de nos rapports, un partenaire de plaisir, donc ça fonctionne très bien. C’est un non sujet, en fait. Peut-être que, comme c’est un objet petit et externe, les hommes ne se sentent pas menacés? (Rires). A vrai dire, personne ne m’a jamais posé la question. Certains hommes m’ont déjà exprimé leur envie d’arriver à me faire jouir sans accessoire, comme si c’était un truc d’ego en fait. L’un de mes partenaires, à qui j’avais exprimé le potentiel désir de me passer de jouet un jour, m’avait répondu « mais en fait tu t’en fous, puisque ça fonctionne, pourquoi t’en passer? » Je me suis dit qu’il avait raison.

Non seulement ça ne gêne pas mes partenaires donc, mais ça les excite. Quand tu fais l’amour avec quelqu’un, tu fais attention à son plaisir, tu es content.e de voir une personne qui prend son pied. Et puis, quand je couche avec un mec, j’utilise mon vibro certes, mais j’ai aussi besoin de la pénétration pour un orgasme plus intense, donc mon partenaire est actif dans cette jouissance, il fait partie intégrante du plaisir que je prends. La vibration? Elle ne gêne aucunement: c’est très léger, on l’oublie.

« On a toutes nos manières de trouver du plaisir, et les sex toys en sont une parmi d’autres. »

Seule, j’utilise toujours des objets. Je n’utilise jamais mes doigts: ça ne m’apporte pas de plaisir particulier. Je crois qu’une seule fois, j’ai dû avoir un orgasme « sans rien » avec mon partenaire, mais c’était différent, assez étonnant, comme si ça venait des tripes. Mais moi toute seule non, j’ai toujours eu besoin d’un objet vibreur. Les objets pénétratifs, c’est en supplément.

J’ai longtemps été très à l’aise avec ça, j’ai beaucoup conseillé l’usage de sex toys à mes amies, qui me remerciaient parce qu’elles arrivaient à prendre leur pied facilement. J’ai des amies qui n’avaient même jamais d’orgasme! Donc je ne me suis pas trop posé de questions quant à mon utilisation moi-même. Et même sans avoir d’orgasme, quand je fais l’amour, je prends beaucoup de plaisir. J’ai aussi beaucoup lu sur le sujet, et je sais qu’il y a un pourcentage non négligeable de la population féminine dont c’est le moyen de se donner du plaisir. Et d’autres utilisent leurs doigts, d’autres se frottent… On a toutes nos manières de trouver du plaisir, et les sex toys en sont une parmi d’autres.

Je n’ai jamais simulé. Quand je prends pas du plaisir, je ne fais pas semblant pour l’ego de mon partenaire. Ça fait partie des trucs avec lesquels j’aime bien être transparente. Même si j’ai besoin d’un objet, le plaisir ressenti est vrai, non feint. J’essaie d’être le plus authentique possible dans les choses du sexe.

Aujourd’hui les sex toys se sont démocratisés, mais quand j’ai commencé à en utiliser, j’avais 18 ans et je devais aller dans des sex shops pour en acheter. Aucune de mes amies ne faisait ça! J’étais hyper jeune, je m’en rends compte aujourd’hui (rires). Leur usage était bien moins répandu à l’époque, et je pense avoir ouvert des amies à cette sexualité là, avec des « joujoux ». J’ai conseillé des modèles précis à des femmes qui en étaient ravies et qui me prenaient un peu pour une extra-terrestre (rires). Au final, elles se montraient hyper contentes des conseils que je leur avais donnés sur leur propre plaisir… qui n’était pas si difficile à atteindre!

En Belgique, les plus jeunes sont les plus gros consommateurs

Selon une enquête de Klarna, l’entreprise suédoise leader mondial du paiement en ligne:

Les Américains sont les plus gros acheteurs de sex toys: 29% de la population achète des articles érotiques chaque mois, bien au-delà de la moyenne mondiale qui est de 19%.

La Belgique se place à la sixième position, avec l’Allemagne et la Suède, avec 17% d’acheteurs mensuels, juste derrière la France (19%).

Les plus gros acheteurs de sex toys en Belgique sont la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010), avec un beau chiffre de 36%. Viennent ensuite les autres générations, soit respectivement la génération Y (nés entre le début des années 80 et la fin des années 90) avec 31% d’acheteurs, la génération X (nés entre 1965 et 1976) avec 10% et les baby-boomers (nés avant 1965) avec 2%.

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