« Notre société n’est pas aimante avec les enfants » dénonce un père en colère
Vous le connaissiez peut-être par le biais de son compte Instagram, Alors Voilà, ou des livres qui en ont découlé, mais depuis un an le médecin français Baptiste Beaulieu est aussi papa. Et s’il en tire des observations aussi précieuses et empathiques que celles qu’il faisait aux Urgences, notre rapport aux enfants le met parfois aussi en colère.
Imaginez la scène. Vous êtes dans votre moyen de transport en commun de choix, de préférence à l’heure de pointe, sinon ce n’est pas drôle, et alors que vous avez déjà chaud/faim/soif/besoin de faire pipi et que votre voisin de siège prend toute la place en prime, soudain, un bébé se met à manifester bruyamment son mécontentement. Ce à quoi il est possible que vous réagissiez avec un sourire chargé de compassion au parent qui l’accompagne, même s’il est plus que probable que, comme le reste des passager, vous vous contentiez d’un regard furieux, éventuellement accompagné d’un soupir courroucé.
Une réaction quasi automatique, a laquelle a récemment assisté le bon Docteur Beaulieu. Ainsi qu’il le raconte dans une série de stories partagées sur son compte, alors qu’il voyageait en train il y a quelques jours de ça, un bébé s’est mis à pleurer, ce qui a poussé les adultes avoisinants « à râler et souffler fort plutôt que de leur témoigner de l’empathie ». Verdict?
« Je vais être honnête, et peut-être un peu dramatique, mais j’ai l’impression que notre société n’est pas aimante avec les enfants. Peut-être que c’est avoir un enfant qui me fait penser ça aujourd’hui, et que je ne l’aurais pas ressenti avec autant de sensibilité il y a quelques mois, mais ça coûterait quoi de mettre dans tous les trains un wagin avec un tapis de jeu pour permettre aux parents de laisser les petits s’occuper et de passer le temps plus facilement? »
Et d’ajouter que depuis qu’il est père, il « voit bien que rien n’est fait pour les enfants dans cette société », prenant encore en exemple la rareté des tables à langer dans les toilettes publiques, ou l’étroitesse des trottoirs qui obligent à manoeuvrer la poussette sur la route.
« Une société qui n’aime pas les enfants est une société qui n’aime pas les femmes »
« Pourquoi ai-je le sentiment de devoir m’excuser quand mon bébé pleure dans un espace public? C’est un bébé. Les bébés pleurent, c’est même ainsi qu’ils communiquent » pointe Baptiste Beaulieu.
« Les bébés sont l’avenir, ils portent avec eux ce mouvement de la vie, et sans vouloir faire la morale, je me demande: où est l’amour pour les enfants dans notre société? Ca fait 14 mois que je suis papa, et je n’ai pas l’impression de le voir ni de le ressentir ».
Et de faire volte-face alors même que quelques stories plus haut, il appelait à des wagons adaptés aux petits passagers. Car ainsi qu’il le fait remarquer, au fond, « le simple fait qu’il y ait des espaces « kids friendly » devrait nous interroger. Ca me choque, parce que ça me rappelle les boutiques avec un drapeau arc-en-ciel « LGBT welcome »… Mais pourquoi certains lieux doivent-ils afficher cet écusson quand c’est la société toute entière qui devrait être accueillante et « kids friendly »? Honte à nous, les adultes » dénonce celui qui s’en prend aussi aux espaces enfants non-admis. Et épingle, pince-sans-rire, que si la raison évoquée est la tranquilité, « ce qui est tranquille, ce sont les tombes. C’est très tranquille, la mort », avant d’interroger, plus sérieux: qui accepterait la distinction sans broncher si les espaces en question étaient interdits aux personnes âgées ou encore aux homosexuels?
« S’en prendre aux gosses qui nous ennuient, c’est d’abord s’en prendre à la personne qui s’en occupe, donc dans 80% des cas, ce sont encore les femmes qui trinquent. Une société qui n’aime pas les enfants est une société qui n’aime pas les femmes » accuse le médecin à l’origine du compte Alors Voilà. Et de conclure en (se) promettant de ne jamais plus culpabiliser des pleurs de son enfant, et de répondre « de la meilleure des manières » si quelqu’un venait à lui faire une remarque, « en foutant systématiquement la honte à l’auteur de ces reproches. Parce que nos enfants sont des citoyens fragiles et dépendants qui ne peuvent avoir confiance qu’en nous, les adultes, pour les aimer et les protéger ».
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