Terrible june: pourquoi juin est le pire mois de l’année pour les parents (et comment y survivre)

juin pire mois annee pour parents
© Getty images
Amélie Micoud Journaliste

Fêtes de fin d’année, cadeaux pour les instit’, goûters d’anniversaire… Si vous avez des enfants, vous-même vous savez: le mois de juin, pour les parents, a vite fait de prendre des allures d’enfer sur Terre.

« Cadeaux de fin d’année pour les profs: un groupe WhatsApp par enfant. Cadeaux de fin d’année pour les coachs de sport, un groupe WhatsApp par enfant. Fête de l’école, spectacles de fin d’année, inscriptions aux activités des enfants pour la rentrée, inscription aux stages d’été, paiement des cotisations pour les loisirs, communions, goûters d’anniv’… » Cédric, papa de deux garçons de 10 et bientôt 9 ans énumère sa to-do list interminable de fin d’année, à peine l’avons-nous lancé sur le sujet.

Juin’fernal

Sur les réseaux sociaux, ultra fédérateurs pour les mamans en galère (Vous. n’êtes. pas. seule), les mères s’en donnent à coeur joie. Dans leur to-do list bien remplie, elles trouvent quand même le temps de poster des vidéos désopilantes pour exprimer cette surcharge mentale d’un mois pourtant censé être l’un des plus cools de l’année.

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Mais pourquoi donc juin est-il si stressant? Déjà et avant tout, le mois sonne la fin de l’année scolaire. Activités et projets de fin d’année, examens, photos de classe à payer, bulletins et rendez-vous avec les enseignants, fardes de travaux d’école à récupérer (et à ranger!), etc., etc. Tout ça est à multiplier par le nombre d’enfants que vous avez.

Ensuite, cette fin d’année sur les chapeaux de roue arrive après de longs week-ends grâce aux jours fériés. On avait (un peu) appuyé sur pause. Alors, forcément, une fois la Pentecôte passée, par effet de contraste, on a le sentiment de courir comme une poule sans tête. « A toutes les choses à faire et à penser pour les enfants, il faut ajouter nos obligations de fin d’année à nous aussi » confie Béatrice, mère de deux enfants. « Les pots de fin d’année au travail, l’organisation des vacances qui approchent, le cadeau commun pour ma propre prof de danse, les trucs à finir au boulot avant de partir… Je répète tous les jours à mes fils qui sont crevés « allez, courage, plus que deux semaines » mais le pire, c’est que je sais qu’avec des enfants, les vacances sont tout sauf reposantes. Vivement la rentrée! » s’exclame en riant la maman au bout du rouleau.

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Avec Noël et la rentrée des classes, ce dernier mois avant les vacances est sans nulle doute l’une des périodes les plus stressantes de l’année. Il faut organiser les deux mois de son planning d’été. Les vacances d’une part, avec toute la logistique associée (trajet, bagages…), mais aussi les gardes des enfants à droite et à gauche pour les semaines où l’on travaille, avec toute la logistique associée (papi-mamie, camps et stages de vacances, télétravail…).

« J’ai beaucoup d’annulations de consultations en ce moment », nous confie Valentine Anciaux, psychologue spécialisée en psychoéducation basée à Bruxelles. « C’est trop pour tout le monde, les parents sont au max, alors je les encourage à lever le pied et à annuler/reporter quand c’est possible. Et puis, un enfant en consultation qui n’a pas envie d’être là parce qu’il est crevé, ça n’a pas de sens. »

« Plus que deux semaines »

En juin, on se sent peut-être plus que jamais tiraillé entre les cases de notre to-do à cocher et les moments de farniente. Le mois clôt le printemps et annonce l’été. « C’est une saison qui appelle à profiter », confirme Valentine Anciaux. « Il y a beaucoup de tentations, d’opportunités de prolonger ses journées, de sollicitations… Alors, au milieu de ce rush de fin d’année, on se fait un resto en extérieur, on se couche un peu plus tard… Il y a donc une petite fébrilité dans l’air au niveau des humeurs le matin, le sommeil de tout le monde en prend un coup, surtout quand les nuits sont chaudes. »

Juin serait-il un mois de FOMO (Fear Of Missing Out)? Soit la peur de rater quelque chose? Toutes ces petites tâches administratives qu’on aurait tendance, en temps normal, à étaler sur des semaines voire des mois, apparaissent dans notre agenda en mode urgence. Parce qu’on se dit que si on loupe le coche, c’est foutu jusqu’à septembre et peut-être même au-delà. « On se dit qu’il faut tout clôturer avant le 30 juin parce qu’après tout le monde « dort », appuie la psychologue avec un sourire. On se dit « allez plus que trois semaines et après on est cool ». Le fait qu’une pause de deux mois s’annonce fait qu’on s’agite encore davantage. »

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Jodie, maman de deux enfants, confie de son côté ne pas se souvenir que la fin d’année était si chargée pour ses parents. « Mais, évidemment, j’étais à l’époque de l’autre côté de la barrière! Sourit-elle. Dans mon souvenir, c’était surtout le mois de septembre qui était bien rempli… Enfin… Pour ma mère surtout. Les inscriptions aux activités, les portes ouvertes à droite à gauche, les achats de fournitures scolaires se déroulaient plutôt à cette période. Et puis, quand j’étais enfant, les parents s’emmerdaient moins. Pas de fêtes d’anniversaires grandiloquentes ou de cadeaux dans tous les sens pour chaque adulte qui s’occupait de nous, pas de groupes WhatsApp qui, même si vous les mettez en off, finissent par se rappeler à vous. »

Le mois de juin serait-il un condensé de ce à quoi sont confrontés les parents toute l’année? Sollicitations, injonctions, désir d’être à fond sur tous les fronts, angoisses contemporaines au sujet des écrans ou de l’alimentation par exemple. Tout semble décuplé ces quelques semaines où le tempo s’accélère. « La charge mentale devient maximale, analyse Valentine Anciaux. Beaucoup de parents se mettent une pression dingue pour réviser les examens avec leurs enfants, pour tout revoir jusqu’à ce que ce soit parfait. » Et la psychologue de rappeler la triste performance de la Belgique en matière de burn-out parental: le pays serait, avec sa voisine la France, dans le top 3 des pays occidentaux les plus touchés par le burn-out parental.

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« Et c’est le moment où vous tombez sur des articles ou des posts Insta qui disent que vous n’avez que 18 étés à passer avec vos enfants » renchérit Jodie, en riant jaune. « On a le sentiment d’un temps qui file comme du sable entre nos doigts, d’être à 100%, et en même temps, on se dit « faut que j’en profite, faut que j’en profite, faut que j’en profite », tout en prenant conscience que, quoiqu’on fasse, on en profitera jamais assez ».

Et côté kids?

Tout occupés à cocher les cases de notre to-do infinie, on aurait presque tendance à les oublier. Qui donc? Mais nos chères têtes blondes pardi! Celles-là même pour lesquelles on se démène comme des beaux diables ces dernières semaines. Dans le chaos de cette fin de printemps/début d’été, il n’y a pas que les parents qui trinquent. « Les enfants sont soumis à une forte tension environnante » explique encore la psychologue bruxelloise. « Les adultes qui les entourent sont fatigués, que ce soit les parents, les enseignants, les profs de musique… Il fait jour tard, il peut y avoir une petite carence de sommeil qui, ajoutée à l’excitation liée à la fin d’année, peut rendre le tout explosif »

La chronobiologie a ici de toute évidence un impact. Les parents de jeunes enfants savent, au moment même où nous tapons ces lignes, combien il est difficile de faire dormir un enfant qui vous dit que ce n’est pas l’heure d’aller se coucher, puisqu’il fait encore jour. Côté adultes, il n’est pas rare que le mois de juin soit synonyme de réveils à 5h30 du matin, ce qui n’aide pas à supporter la fatigue ambiante (et les enfants qui vont avec…).

Enfin, la fin de l’année, toute joyeuse et excitante qu’elle soit, peut être particulièrement anxiogène pour les enfants. Changements de classe ou d’école qui s’annonçent, examens, activités périscolaires qui se terminent, journées à l’école un peu freestyle… Une fin d’année scolaire est un cycle qui se termine, ce qui peut représenter un bouleversement dans une petite vie déjà bien (trop?) remplie.

Comment survivre au mois de juin quand on est parent?

Selon Valentine Anciaux, certaines choses peuvent tout à fait attendre la rentrée. Cela vous semble contre-intuitif? Choisissez vos batailles. Notez ce qui n’est pas urgent et peut attendre le mois de septembre voire octobre.

Voici quelques tips de survie à ce juin’fernal:

  • Dites non à des sorties, des invitations, des demandes (du type création de cagnotte, confection d’un gâteau…). Fixez des limites pour ne pas vous retrouver envahi.e de choses à faire.
  • Ne prévoyez aucune activité sociale au moins un week-end dans le mois. Passez ce temps libre seulement et uniquement avec votre famille nucléaire, vous aurez bien le temps de voir du monde tout l’été.
  • Choisissez vos batailles en dressant une liste des tâches et concentrez-vous sur les plus importantes.
  • Suivez quelques mamans (et papas) funs sur Instagram qui vous aideront à prendre du recul et à déculpabiliser. Vous en trouverez quelques exemples ci-dessus.
  • Respirez un grand coup! Ce n’est pas grave si votre enfant ne sait pas écrire son prénom à la fin de sa première année de maternelle, si le costume pour la fête de l’école n’est pas parfait ou si vos bambins passent un samedi après-midi à regarder des dessins animés.

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