L’éternelle renaissance de l’hôtel Métropole
Si tout va bien, le mythique hôtel bruxellois rouvrira en 2025. D’ici là, le parcours-spectacle Fantastic Brussels lui permet de ne pas totalement hiberner. L’occasion de se replonger dans une histoire longue de 130 ans…
Sur la place de Brouckère, les passants n’ont d’yeux que pour l’emblématique auvent rouge de sa longue terrasse qui, même en plein hiver, ne désemplit guère. Touristes et Bruxellois s’y posent pour siroter des cafés brûlants ou des bières « bien de chez nous ».
L’histoire, ici, se répète à perpétuité : en 1890, déjà, le houblon fait vivre ce lieu imaginé par les frères Wielemans, célèbres brasseurs de Forest qui se mettent en tête de populariser leurs breuvages dans tout le centre-ville en créant le Café Métropole. L’architecte Alban Chambon se charge de la décoration, misant sur un style bourgeois sophistiqué. Bingo : le bar connaît un succès fou. Aussi, les Wielemans décident de se montrer encore plus ambitieux en rachetant le bâtiment voisin occupé par les bureaux de la Caisse générale d’Epargne et de Retraite. Non plus pour y faire couler leur bière, mais bien pour y façonner un véritable palace – le concept est alors tout nouveau en Europe – qui sera pourvu des innovations dernier cri : chauffage central, électricité à tous les étages et même… ascenseur. L’intérieur, lui, est à nouveau confié à Chambon, qui convoque des artisans de renom pour l’orner de dorures, marbres de Numidie, fers forgés, teck poli, lambris, vitraux… Aucun détail n’est laissé au hasard, et en l’an 1895, l’ouverture officielle de l’Hôtel Métropole est un événement.
L’art d’être hors du temps sans être hors du coup
Chef-d’œuvre d’Art Nouveau mêlant les styles Empire, Renaissance italienne, Roman et Belle Epoque, cette majestueuse maison 5-étoiles offre une fascinante promenade à travers les âges. L’incroyable photo en noir et blanc où se côtoient Albert Einstein, Marie Curie ou Henri Poincaré rappelle que le Conseil international de Physique Solvay se déroule en ses murs depuis 1911.
Le fameux ascenseur à la structure acajou – commandé à la firme française qui réalisa les élévateurs de la Tour Eiffel quelques années plus tôt -, l’immense escalier reliant les étages, la salle de petit-déjeuner « Le Jardin Indien » ou la fontaine du restaurant surmontée d’une nymphette en bronze témoignent tous du goût du voyage des fondateurs.
Les chambres, elles, sont la promesse de plaisirs démodés qu’on ne refuse pas. Quant aux suites baptisées Jacques Brel, Sarah Bernhardt, Rudolf Nureyev ou Giacomo Puccini, elles ne sont pas là uniquement pour rendre hommage aux centaines d’invités prestigieux qui y ont passé la nuit : elles proposent un raffinement qui n’a rien d’ostentatoire, avec des touches modernes inattendues, comme les écrans de télévision apparaissant derrière les miroirs.
Sur le curriculum vitae du palace, on trouve aussi une annexe bâtie dans les années 30, où se côtoyaient des boutiques de luxe, la mythique discothèque La Frégate ou la plus grande salle de cinéma du pays. Et ce n’est pas un hasard s’il fut le premier hôtel de Belgique à s’équiper d’un téléphone puis d’un fax, et même d’un site Internet. L’art d’être hors du temps sans être hors du coup, le Métropole le maîtrise à merveille. Gageons qu’il le prouvera à nouveau lors de sa ré-ouverture prévue en 2025, après un sommeil de cinq (trop) longues années…
A découvrir en ce moment
Fantastic Brussels, un parcours-spectacle qui se plonge à la fois dans l’histoire de l’hôtel et celle de Bruxelles. Au menu ? Des animations lumineuses, des hologrammes, des jeux d’acteurs et des musiques (belges) qui invitent les visiteurs à déambuler au rez-de-chaussée de l’hôtel durant 45 minutes… qui passent en un éclair. La suite logique : un verre ou un repas à la brasserie du Métropole
Jusqu’au 28 février. 31, place De Brouckère, à 1000 Bruxelles. Réservations : fantasticbrussels.org
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