Bethléem passe au numérique pour faciliter les visites

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Après des années de désaffection, la Basilique de la Nativité à Bethléem voit à nouveau affluer pèlerins et touristes, avec les encombrements afférents. Une application devrait bientôt réguler le flux des visiteurs sur le lieu de naissance présumé du Christ.

Aux heures les plus critiques, les foules peuvent attendre des heures pour accéder, sous l’église, à une chapelle exiguë et sombre et s’agenouiller au pied d’un autel, là où une étoile d’argent marque l’endroit où Marie aurait mis au monde Jésus-Christ.

Pour décongestionner le vénérable édifice, les autorités palestiniennes travaillent à créer une application qui permettrait aux touristes et pèlerins de réserver un créneau horaire pour leur visite.

Même si elle ne sera pas prête pour Noël cette année, malgré la forte affluence attendue, cette application devrait être opérationnelle début 2019, en anglais dans un premier temps.

L’introduction des technologies modernes entre ces murs séculaires fait certes craindre des complications inutiles. Mais l’initiative a l’adhésion des trois Eglises – arménienne, catholique et grecque orthodoxe – qui gèrent la Basilique.

Le prêtre orthodoxe Issa Thaljieh note qu’entre les prières et les célébrations des différents cultes, successives ou simultanées, « on se bouscule ».

« Avec l’application, tout le monde saura à quelle heure entrer, quel groupe est en train de visiter, donc ce sera mieux organisé », dit-il.

La Basilique de la Nativité, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, demeure une destination religieuse et touristique majeure, même si les chrétiens ne sont plus les plus nombreux par rapport aux musulmans à Bethléem et ses alentours en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de cinquante ans.

Pilgrims visit the high Altar (background) of the Church of the Nativity in the occupied West Bank biblical city of Bethlehem on November 30, 2018. - The Italian government and the Palestinian Authority have been working in a joint effort to restore the Church of the Nativity since 2013.It is one of the first Christian Churches, associated to the birthplace of Jesus. The cost of the Nativity renovation is around 18 million euros ($20.5 million),funded by the Palestinian Authority, the Vatican and other governments according to authority. (Photo by THOMAS COEX / AFP)
Pilgrims visit the high Altar (background) of the Church of the Nativity in the occupied West Bank biblical city of Bethlehem on November 30, 2018. – The Italian government and the Palestinian Authority have been working in a joint effort to restore the Church of the Nativity since 2013.It is one of the first Christian Churches, associated to the birthplace of Jesus. The cost of the Nativity renovation is around 18 million euros ($20.5 million),funded by the Palestinian Authority, the Vatican and other governments according to authority. (Photo by THOMAS COEX / AFP)© AFP

Splendeur retrouvée

La fréquentation des lieux saints comme Bethléem avait été sévèrement affectée ces dernières années par les retombées du conflit israélo-palestinien, les violences et, en 2017, la reconnaissance par l’administration du président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Mais le tourisme enregistre en 2018 sa meilleure saison depuis des années à Bethléem, les hôtels affichant des taux d’occupation particulièrement élevés pour la période de Noël, indique Elias Al-Arja, président de l’Association des hôtels palestiniens.

« Nous avions des taux de 72 ou 74% en 2018 », et les chiffres devraient être encore meilleurs fin décembre, dit-il.

Face à une telle affluence, « nous passons au numérique », déclare donc sans hésitation le ministre palestinien adjoint du Tourisme Ali Abou Srour dans son bureau de Bethléem, en soulignant que l’application donnera aussi des informations sur la célèbre église.

Les foules risquent d’être d’autant plus denses que la Basilique a retrouvé de sa splendeur après des années de restauration.

La toiture a été refaite, la maçonnerie reprise. Couvertes des siècles durant par la suie des cierges puis pendant des années par les échafaudages des restaurateurs, les mosaïques de l’époque des Croisades sont de nouveau chatoyantes.

Faute d’accord entre les trois églises, le bâtiment n’avait pas été réparé depuis le milieu du XIXe siècle.

A couple poses for a picture in front of the Grotto of the Nativity, the place where Jesus is said to have been born, inside the Church of the Nativity in the occupied biblical West Bank city of Bethlehem on december 12, 2018. (Photo by THOMAS COEX / AFP)
A couple poses for a picture in front of the Grotto of the Nativity, the place where Jesus is said to have been born, inside the Church of the Nativity in the occupied biblical West Bank city of Bethlehem on december 12, 2018. (Photo by THOMAS COEX / AFP)© AFP

Barbora Salyova, touriste slovaque de 29 ans visitant Israël et la Jordanie, trouve que l’application pourrait être très utile pour les pèlerins comme elle.

Bethléem passe pour une ville sûre pour les visiteurs, mais peut être elle aussi le théâtre de heurts entre Palestiniens et soldats israéliens.

Si vous êtes enregistrés via l’application, « vous partagez avec d’autres le fait que vous êtes bien arrivés à destination », dit-elle.

Environ 2,8 millions de touristes ont visité les territoires palestiniens cette année, contre 2,5 millions l’an dernier, selon le ministère palestinien du Tourisme. Israël connaît également des chiffres records et de nombreux visiteurs poussent pour une journée jusqu’à Bethléem ou d’autres sites de Cisjordanie.

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