Direction la Croatie: les 101 merveilles de Dalmatie, à découvrir au fil du train et du ferry

Croatie Split Zagreb train
Split, en Croatie

Immersion parmi les paysages sauvages de la belle Croatie, le temps d’une excursion de 6h30  sur la plus belle ligne ferroviaire du pays. De Zagreb à travers les Alpes Dinariques jusqu’à Split sur l’Adriatique, puis un ferry jusqu’aux îles dalmates, on en prend plein les yeux.

Une petite baie, le long de la mer Adriatique bleu azur, abrite un village de maisons en pierre naturelle, d’églises gothiques et de palais médiévaux, aux rues en marbre et anciennes murailles avec des créneaux et des tours de guet carrées. Derrière, des montagnes vertes et un ciel sans nuage. Les palmiers dattiers bruissent dans la douce brise marine. Au petit café du port, sur la terrasse, les locaux se réveillent tranquillement autour d’une tasse fumante et d’un journal, les bateaux de pêche flottent sur l’eau et les enfants jouent au ballon sur la place. Chaque image, ici, ressemble à une carte postale…

«En été, les rues sont submergées de touristes», nous explique Walter, de Berlin, qui vient chaque année profiter de l’été indien. Hvar est l’île la plus belle et la plus populaire de Croatie, celle où le soleil brille le plus souvent. Mais aujourd’hui, en arrière-saison, elle est merveilleusement calme – et il fait encore 28 degrés.» Tout en nous indiquant les hauteurs, il nous conjure d’y pousser une tête. Nous montons par des rues en escaliers raides, avant de franchir une porte dans le mur d’enceinte et emprunter un chemin en zigzag à travers un jardin botanique. Au sommet, une forteresse espagnole du XVIe siècle offre, en effet, une vue paradisiaque…

Vue de Hvar et des îles Pakleni depuis la forteresse médiévale Fortica.
Vue de Hvar et des îles Pakleni depuis la forteresse médiévale Fortica. © Sander Groen

La capitale éponyme de l’île de Hvar compte 4 000 habitants. Située à une heure de bateau de Split, elle se prête parfaitement à une excursion d’une journée. Une balade s’impose dans la vieille ville, à la découverte du port, des monastères bénédictin et franciscain, de la cathédrale, de l’arsenal et d’un magnifique théâtre de 1612. Autre activité imparable: ne rien faire, profiter de la vue et du temps clément en sirotant une boisson fraîche sur une terrasse…

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Des musées (très) variés

Le contraste est forcément saisissant, puisque nous avons quitté Zagreb il y a quelques jours. Une ville plus bruyante et plus venteuse, alors plongée dans un épais brouillard. En face de la gare, l’immense statue équestre du premier roi croate Tomislav, à peine visible. Et une bruine tenace. Mais le mauvais temps n’empêche pas de profiter d’une cité comptant une quarantaine de musées… en tous genres, à l’instar du musée croate d’histoire naturelle possédant une collection de plus d’un million d’espèces animales, ou d’un insolite anti-musée consacré au «non-art».

Le port de pêche, la place centrale et la cathédrale de Hvar.
Le port de pêche, la place centrale et la cathédrale de Hvar. © Sander Groen

On croise aussi un musée d’art contemporain et d’art naïf, un musée des sciences portant le nom de Nikola Tesla, ainsi que le musée des «relations rompues» rassemblant des dizaines d’objets et les histoires tragicomiques qui les accompagnent. Quand la pluie s’arrête, nous partons arpenter le cœur de la ville basse et sa place Ban-Jelacic où les touristes croisent les cafetiers. Un peu par hasard, nous tombons sur la galerie marchande Oktogon, qui a sûrement un sosie à Milan. La ville haute est un enchevêtrement de bâtiments parlementaires, de palais, d’églises, de marchés, de tours, de pubs, de toits aux tuiles colorées et de statues dorées, reliques de l’époque faste des Habsbourg.

Épopée panoramique

La Croatie n’est pas spécialement réputée pour ses voyages en train. Le réseau est limité et aucun wagon ne circule le long de la côte ou vers Dubrovnik, principales attractions touristiques du pays. En revanche, une ligne ferroviaire relie Zagreb à Split… et c’est l’une des plus belles d’Europe. L’itinéraire est long de 422 kilomètres et se parcourt en six heures et demie à travers la nature de la région de la Lika, dans les Alpes Dinariques. Le dernier tronçon, de Knin à Split, a été construit en 1888 par les Kaiserlich-königlichen Staatsbahnen de l’Empire austro-hongrois et est connu sous le nom de Chemin de fer dalmate.

Un chef de gare en uniforme à l’ancienne lève son disque et le train diesel repart en rugissant. Nous empruntons un chemin sinueux et grimpons de plusieurs centaines de mètres en passant par des courbes, des ponts et des tunnels. Le paysage désertique de montagnes rocheuses rappelle l’intérieur de l’Espagne, éoliennes comprises. Le train redescend de plusieurs centaines de mètres dans une vallée fluviale. A Knin, on aperçoit le château colossal et, au loin, la mer bleue de l’Adriatique et ses cent et une îles dalmates.

Flânerie à Split

Depuis la gare de Split, nous rejoignons la Riva, une promenade avec des terrasses de café au bord de l’eau, des palmiers, des promeneurs et des vues magnifiques sur l’Adriatique, le port rempli de ferrys et la vieille ville avec le palais de Dioclétien. Après avoir couronné sa carrière au début du IVe siècle par une réorganisation rigoureuse de l’Empire romain, l’empereur décida de se retirer près de sa ville natale de Salona, dans ce qui s’appelait alors Spalatum. Au bord de l’eau, il fit construire un palais où il passa ses derniers jours à semer et biner paisiblement dans son potager…

La ville haute de Zagreb, enchevêtrement de bâtiments parlementaires, de palais et d’églises datant des Habsbourg.
La ville haute de Zagreb, enchevêtrement de bâtiments parlementaires, de palais et d’églises datant des Habsbourg. © Sander Groen

Lorsque Salona fut détruite quelques siècles plus tard par les Slaves et les Avars, ses habitants se réfugièrent dans les murs imprenables de la forteresse du palais de Dioclétien. Ils y ont construit leurs maisons, leurs caves, leurs églises, leurs ateliers et leurs marchés, et c’est ainsi que, petit à petit, le palais romain est devenu partie intégrante du centre historique de Split – un labyrinthe de rues, d’escaliers ou de places bordées de musées, de boutiques, de cafés et de restaurants. Les caves voûtées, jadis utilisées comme égouts, servent aujourd’hui de marché couvert pour glaner des souvenirs ou des bijoux en ambre.

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Le Rodin croate

Même en basse saison, la Riva est très fréquentée. Nous arrivons chez le sculpteur Ivan Mestrovic, le Rodin croate. Juste à l’extérieur de la ville, dans les années 1930, il a conçu une villa qui lui a servi à la fois de résidence, d’atelier et d’espace d’exposition. Les lieux, transformés en un sublime musée baptisé Gallerija Mestrovic, sont remplis d’esquisses, de peintures, de plans et de meubles, mais surtout d’une centaine de magnifiques sculptures en bois, en marbre et en bronze représentant des muses, des saints, des dieux, des jouvenceaux ou des personnages illustres. La vue sur l’Adriatique depuis la loggia est enchanteresse.

Avant sa mort, Mestrovic a fait don à l’Etat de sa villa de Split, de son atelier de Zagreb et du mausolée familial d’Otavice, ainsi que d’un monument remarquable que l’on peut visiter avec le billet d’entrée du musée. Le long de la mer, il a transformé les ruines d’un domaine fortifié du XVIe siècle appartenant à la famille Capogrosso en une structure artistico-religieuse. A côté d’un cloître carré orné d’une majestueuse sculpture en marbre, trône une chapelle avec un grand crucifix et vingt-huit reliefs de la vie du Christ sculptés dans le bois, réalisés par le maestro Mestrovic lui-même.

A quelques pas du centre de Split, se trouvent plusieurs belles plages, comme la Plaza Jezinac.
A quelques pas du centre de Split, se trouvent plusieurs belles plages, comme la Plaza Jezinac. © Sander Groen

Pique-nique sur la Marjan

Nous retournons vers la ville en longeant l’eau, à travers les pins et les charmantes petites plages. Juste à temps pour le coucher du soleil, on s’installe sur la colline boisée de Marjan qui surplombe le petit port de plaisance, la marina et ses méga-yachts, le port de pêche, le grand port avec ses ferrys et ses bateaux de croisière, et la vieille ville avec le palais de Dioclétien baignant dans la lumière dorée du soir. Une poignée de couples se sont rassemblés avec des boissons ou des paniers de pique-nique pour regarder le soleil se coucher doucement derrière le massif montagneux de Mosor.

Libre à chacun, ensuite, d’aller découvrir d’autres îles dalmates. Pour nous, c’est déjà l’heure du retour, non pas en train via Zagreb, mais via l’Italie à bord du Marko Polo, le navire de la compagnie maritime croate Jadrolinija. Le ferry, vieux de 50 ans, n’est pas très bien entretenu, et ne se révèle donc pas très rassurant. Au restaurant, nous retrouvons Walter, le Berlinois rencontré plus tôt à Hvar. Comme nous, il aurait adoré rester un peu plus longtemps: «Une fois qu’on goûte à la Croatie, c’est toujours comme ça…»

En pratique

—Depuis la Belgique Oui, il est possible de se rendre en Croatie en train depuis la Belgique, tranquillement et sans se ruiner. L’idée: partir l’après-midi de Bruxelles par l’ICE via Francfort à Stuttgart pour emprunter ensuite le train-couchettes croate Lisinski. Au choix: un siège, un compartiment de 2e classe (6 couchettes), de 1ère classe (4 couchettes) ou un compartiment-couchette avec lavabo (1, 2 ou 3 personnes). La durée totale du voyage est de 20 heures et la meilleure partie du trajet, de Ljubljana à Zagreb, se fait de jour. Billet simple dès 85 euros sur bahn.de/fr (ICE) et oebb.at (train-couchettes).

Le train de Zagreb à Split circule une ou deux fois par jour et le voyage dure 6,5 heures. Apportez à boire et à manger, car il n’y a pas de wagon-restaurant ni de restauration à bord. Aller simple dès 15 euros. hzpp.hr

Maison du tourisme de Zagreb: Trg Bana Jelačić 11. infozagreb.hr

Maison du tourisme de Split, située dans le palais de Dioclétien, près de la cathédrale et sur la Riva: visitsplit.com

—A Zagreb Esplanade Hotel. Ce grand hôtel 5-étoiles a été construit en 1925 pour l’Orient-Express et se trouve à quelques pas de la gare. Très belles chambres Art nouveau. Restaurants savoureux mêlant spécialités croates et françaises. Dès 180 euros, petit-déjeuner compris. esplanade.hr

—A SplitCornaro. Encore une adresse 5-étoiles, avec des chambres modernes, un bar sur le toit avec une vue splendide sur Split et peut-être le meilleur petit-déjeuner des Balkans. Dès 155 euros, petit-déjeuner compris. cornarohotel.com

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