Funérailles royales en Thaïlande: des rites anciens et fastueux (en images)

© Reuters

– Sujets agenouillés –

La foule de plus de 200.000 personnes massées, sous un soleil de plomb, le long de la procession funéraire, était agenouillée, nombre d’entre eux en pleurs. « Je n’ai jamais vu une cérémonie aussi spectaculaire de ma vie », confie Sripipha Dowsuk, une Thaïlandaise de 60 ans, en larmes. Que ce soit devant l’urne funéraire de Bhumibol Adulyadej ou devant le nouveau roi, Maha Vajiralongkorn, les dignitaires se sont agenouillés, comme le veut la tradition. Il s’agit de ne pas être plus haut que le roi, qui a un statut semi-divin en Thaïlande, pays qui reste très traditionnel en dépit du développement économique. Pas question ici de se relever après une rapide génuflexion: les dignitaires âgés qui se sont prosternés jeudi devant le nouveau roi devaient reculer à genoux.

L’image ne choque personne en Thaïlande, même si des étudiants ont récemment fait scandale en refusant lors d’une cérémonie universitaire de se mettre à genoux devant une statue de Rama V, le grand roi réformateur de Thaïlande. Lui-même, très influencé par l’Europe, avait demandé à ce que le rituel de la génuflexion soit supprimé.

Mais Bhumibol l’avait petit à petit imposé de nouveau. Certains dignitaires vont jusqu’à s’allonger sur le sol ou se recroqueviller dans une pose foetale.

– Le palanquin –

Près de 1.000 soldats en costumes traditionnels multicolores, contrastant avec une foule tout en noir, ont pris place dans le cortège funéraire, qui doit aller du palais vers le crématorium, une distance de moins de trois kilomètres qui doit leur prendre plusieurs heures à parcourir, le cérémonial impliquant une marche très lente.

Au centre du cortège: un palanquin doré, porté par plusieurs dizaines d’hommes en costumes orange, avec l’urne funéraire royale au sommet. De chaque côté de l’urne, deux hommes en blanc, portant de longs chapeaux pointus: il s’agit des médecins personnels du roi Bhumibol, qui a été hospitalisé pendant des années avant de mourir en octobre 2016.

En tête de convoi, dans un autre palanquin doré, était assis un moine bouddhiste, installé au sommet d’une tour portée à dos d’hommes.

– Un roi qui marche –

En costume d’apparat militaire rouge, le nouveau roi a pris part à la procession. Se trouvaient également la princesse Sirindhorn, sa soeur, mais aussi le fils du roi, Dipangkorn Rasmijoti. Agé de 12 ans, il vit avec son père en Allemagne la plupart du temps et est rarement visible dans le royaume. Mercredi, le palais a diffusé des photos de lui distribuant des vivres à la population massée dès la veille pour voir passer le convoi, un contact avec le peuple rarissime et très mis en scène.

– Crématorium pour demi-dieu –

Point d’arrivée du cortège: le site de la crémation, où se trouve un bûcher entouré de représentations de plus de 500 animaux et créatures de la mythologie bouddhiste. Y sont aussi placées, au sommet, deux statues des chiens préférés du roi, eux aussi décédés.

L’ensemble, bâti depuis des mois par les meilleurs artisans du pays sur une grande esplanade près du palais, est censé représenter le mont Meru, point de passage entre le monde des vivants et des morts selon la tradition bouddhiste. Ce cérémonial s’inscrit dans la lignée des crémations royales et fournit l’occasion de réaffirmer la place centrale de la monarchie.

– Têtes couronnées-

Outre la famille royale de Thaïlande, des représentants de plusieurs familles royales du monde entier doivent participer à la cérémonie, en fin d’après-midi, pour la crémation elle-même. Le prince Andrew représente la Couronne britannique. Le Japon est représenté par le prince et la princesse Akishino. La reine Maxima des Pays-Bas est aussi présente, ainsi que la reine Sofia d’Espagne et la reine Mathilde de Belgique, parmi les quelques membres de premier plan de familles royales à avoir fait le déplacement.

– Hors du centre –

Le quartier historique de Bangkok, comptant de nombreux palais, musées et temples, est habituellement très fréquenté par les touristes. La zone autour du site de la crémation est d’ores et déjà interdite aux personnes non munies d’une accréditation. Dans Bangkok, hors du circuit de la procession des dizaines de temples accueillaient des Thaïlandais, qui se pressaient par milliers pour rendre un dernier hommage à Bhumibol.

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