Inde: 48 heures dans la chaotique et intrigante ville de Mumbai

© PHOTOS : FRANCE GAVROY

Vitrine de l’Inde, la mégapole concentre aussi toutes ses contradictions. Chaotique, surprenante et sublime à la fois, elle entraîne le voyageur dans un intrigant jeu de répulsion-séduction.

M umbai est une fourmilière. Elle grouille de monde, partout, jusque dans la plus petite ruelle, et la plongée dans ce fouillis peut s’avérer impressionnante une fois la porte de l’hôtel franchie. Mais Mumbai est un chaos fascinant, bien huilé – héritage britannique oblige – où tout le monde arrive finalement à se faufiler, où les dernières technologies se marient avec d’étranges archaïsmes, où les millionnaires côtoient les bidonvilles et où le beau se mélange au délabré. Deux jours permettent de se faire une bonne vision de l’une des villes les plus dingues de la planète.

JOUR 2

– 8 heures –

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, Chhatrapati Shivaji Terminus, une gare ferroviaire anciennement nommée Victoria Terminus, constitue l’un des bâtiments les plus étonnants de Mumbai, par son savant mélange de styles hindou, victorien et islamique. Lorsque la mousson arrive et que les pluies torrentielles tombent sur la ville, ses intrigantes gargouilles à têtes de chiens font jaillir l’eau telle une fontaine monumentale.

– 8 h 30 –

Dans le quartier des bazars se trouve le plus grand marché de Mumbai et sans doute le plus typique : Crawford Market (Mahatma Jyotiba Phule Mandai). Le bâtiment principal, de style colonial, arbore toujours sa surprenante tour de l’horloge ornée de sculptures. Dans un dédale de ruelles où se lovent aussi quelques temples, on trouve toutes sortes d’épices, de fabuleux étals à fruits et légumes mais aussi de l’artisanat. La foule est impressionnante et il faut jouer des coudes avec les autres piétons, les voitures et les vélos. Envie de plus d’emplettes ? Divers marchés le jouxtent.

Crawford Market et ses vastes étals de fruits.
Crawford Market et ses vastes étals de fruits.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 10 heures –

Dans la gare de Churchgate, le ballet incessant des dabbawallahs – livreurs de repas – a déjà commencé (il en est d’ailleurs de même à Chhatrapati Shivaji Terminus). Chaque jour, près de 5 000 d’entre eux collectent les repas chauds dans les maisons ou les restaurants et les acheminent à leurs destinataires : les travailleurs de tous bords. Une véritable fourmilière qui traverse la ville en train, à vélo et à pied… avec une marge d’erreur tellement infime qu’il s’agit du système de livraison le plus sûr au monde.

– 10 h 30 –

De la gare de Churchgate, on emprunte le train en direction de Mahalaxmi. Femme ou homme, chacun dans son wagon. Les compartiments sont pourvus d’un système de ventilation étonnant : ventilateurs au plafond et portes grandes ouvertes. Et attention : le train ne s’arrête que 20 secondes en gare et repart directement.

– 11 heures –

Arrivé à Mahalaxmi, en dessous du pont ferroviaire, on aperçoit le Dhobi Ghat, un lavoir à ciel ouvert vieux de 140 ans. Ici, ce sont les hommes qui battent le linge – par tonnes – dans les 1 026 cuves à laver.

Le lavoir à ciel ouvert de Dhobi Ghat.
Le lavoir à ciel ouvert de Dhobi Ghat.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 12 heures –

Rien ne vaut une petite assiette de chicken tikka biryani ou des kebabs au feu de bois au Café Noorani, sur la Tardeo road, face au Heera Panna Shopping Center.

www.cafenoorani.com

– 14 heures –

Loin des clichés véhiculés par le film Slumdog Millionaire, le bidonville de Dharavi – le deuxième plus grand d’Asie – est bien plus organisé qu’il n’y paraît. Près d’un million de personnes vivent dans cette ruche. Conseil : la visiter avec un guide local. Mais attention, pas de photos, sauf si l’on vous y autorise. Dans cette  » ville dans la ville « , chaque quartier a développé sa propre activité : certains recyclent des métaux, d’autres font de la poterie, il y a aussi des tanneurs et beaucoup d’autres petites industries, dont certaines exportent leurs produits à l’étranger. Le chiffre d’affaires de Dharavi atteint les 700 millions de dollars par an ! On est très loin de l’image d’extrême pauvreté et d’insalubrité que l’on a pu se forger. Certes, sa population n’est pas riche mais chacun a une occupation. Le quotidien, lui, se révèle très normalisé : écoles, électricité, lieux de culte, certains paient même un loyer. L’habitat est éclectique : de la cabane en tôle ondulée à la structure à étages en béton. Le vrai défi reste l’approvisionnement en eau. Autre fait marquant : le taux de réussite scolaire est plus élevé ici que dans les campagnes, de nombreux enfants suivent des études supérieures et trouvent un travail dans de grandes sociétés internationales. Quand on leur demande où ils rêvent de vivre, ils répondent sans hésitation  » ici « , dans leur quartier. Ce sont d’ailleurs eux qui jouent les guides avec fierté à travers ce dédale, tandis que 80 % des bénéfices des visites sont réinvestis dans l’aide sociale de Dharavi.

Les bus sont couverts d'affiches de Bollywood...
Les bus sont couverts d’affiches de Bollywood…© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 19 heures –

Escale gourmande au Bombay Canteen (Process House, Kamala Mills, SB rd), qui sert une cuisine indienne issue des quatre coins du pays, mais réinventée par des virtuoses déjà plusieurs fois primés.

www.thebombaycanteen.com

Une expérience à tenter : un ciné !
Une expérience à tenter : un ciné !© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 21 heures –

Rendez-vous au Liberty Cinema (41-42, Marine Lines) pour une toile. Mais aussi pour profiter de sa magnifique architecture Art déco. Son propriétaire n’a pas eu à tergiverser pour lui trouver un nom : le lieu a ouvert en 1947, année de l’indépendance de l’Inde. Mumbai est réputée pour son industrie cinématographique, la plus importante de la planète. Bollywood produit chaque année plus de 1 000 films, pour la plupart des comédies musicales, qui sont de plus en plus exportés dans le monde entier. Ici, les stars du grand écran sont adulées et l’on retrouve les visages des acteurs connus sur des affiches publicitaires partout dans le pays. Des circuits permettent de visiter certains studios, mais ils exigent quasi une journée. En réalité, pour découvrir le 7e art indien, rien ne vaut une séance dans l’un des nombreux cinémas de la ville, en s’y installant parmi les locaux. Malgré la barrière de la langue, on est surpris d’arriver à comprendre assez facilement l’intrigue.

En pratique

Inde: 48 heures dans la chaotique et intrigante ville de Mumbai
© FRANCE GAVROY

Se renseigner

Un site plein d’infos : www.incredibleindia.org

Y aller

Brussels Airlines propose des vols directs Bruxelles/Mumbai à partir de 563 euros A/R (un peu moins de 9 heures de vol). (www.brusselsairlines.com)

Se loger

Trident Nariman Point. Construit face à l’océan Indien, cet excellent hôtel 5-étoiles est une base de départ idéale (et confortable) pour visiter Mumbai. (www.tridenthotels.com)

Par France Gavroy

JOUR 1

– 10 h 15 –

Lové dans son parc arboré, le musée du Prince de Galles (Prince of Wales Museum, aussi connu là-bas sous le nom de Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya) est l’un des immanquables de Mumbai. Dessiné par George Wittet, également architecte de la Porte de l’Inde, cet édifice est un magnifique exemple du style indo-sarracénique. Un audioguide, disponible en français, permet de cerner toute la finesse des oeuvres présentées. Le rez-de-chaussée s’ouvre sur une statuaire du panthéon hindou et bouddhiste. Aux étages, des collections d’arts chinois et japonais, mais aussi des tableaux du xixe siècle de la famille Tata. Après la visite, on s’offre une pause rafraîchissante à la cafétéria. Sans oublier un détour par la boutique, pour le coup vraiment intéressante.

L'université et, derrière, la tour de l'horloge du quartier Kala Ghoda.
L’université et, derrière, la tour de l’horloge du quartier Kala Ghoda.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 12 h 30 –

Autour du musée, le quartier de Kala Ghoda est l’un des plus branchés de la ville. Ici, galeries d’art, musées et boutiques de créateurs se mélangent aux bâtiments victoriens et coloniaux. En longeant Mahatma Gandhi Road, on découvre l’Université de Mumbai, sa bibliothèque mais surtout la tour de l’horloge (Rajabai Clock Tower), inspirée de Big Ben. Dans les parcs, les jeunes s’adonnent au cricket, le sport national.

– 13 h 30 –

On ne vient pas en Inde sans goûter la cuisine de rue. Suggestion qui vaut largement la pause : Bademiya, situé au 19A Ram Mention. www.bademiya.com

– 14 h 30 –

Cap sur le quartier de Colaba, le plus au sud de la ville, pour en découvrir les deux monuments emblématiques. A commencer par le Taj Mahal Palace, sans doute l’édifice le plus photographié de Mumbai. Il fut et reste la grande fierté de la famille d’industriels parsis Tata. Construit en 1903 sous l’impulsion de Jamsetji Nusserwanji Tata, il fut le premier hôtel du pays à se doter de l’électricité et à employer des femmes. Il hébergea par la suite gratuitement les combattants lors des conflits pour l’indépendance de l’Inde. Aujourd’hui, il n’a rien perdu de sa superbe et accueille stars et chefs d’Etat. Si on est client, ne pas manquer la visite guidée, chaque jour à 17 heures.

La ville accueille plusieurs marchés aux poissons.
La ville accueille plusieurs marchés aux poissons.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 16 heures –

The Gateway of India, située en front de mer.
The Gateway of India, située en front de mer.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

A un jet de riz, la Gateway of India (Porte de l’Inde), autre icône de l’ère coloniale, s’élève face au port et sa flottille de bateaux. Erigée pour commémorer la visite du roi George v et de la reine Mary en 1911, cette gigantesque arche de basalte jaune fut paradoxalement la porte de sortie des derniers régiments britanniques quittant le pays après l’indépendance. Aujourd’hui, il faut s’armer de patience pour traverser les cordons de sécurité et approcher le monument de 26 mètres de hauteur. C’est aussi d’ici que partent les bateaux vers l’île d’Elephanta et ses temples creusés dans la roche. La visite de ce site classé au patrimoine de l’Unesco prend au moins une demi-journée.

A la maison du célèbre Mahatma Ghandi.
A la maison du célèbre Mahatma Ghandi.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 17 heures –

Dans un quartier calme, proche du très chic Malabar Hill, Mani Bhavan est une petite maison pleine de charme qui a hébergé le Mahatma Gandhi. On y découvre sa chambre, où aboutira sa réflexion et d’où naîtra sa philosophie du satyagraha. Le musée comprend de petites scénettes sur la vie de Ghandi mais surtout des écrits insolites, comme ses lettres à Hitler ou Roosevelt.

– 19 heures –

On s’offre une portion de bhelpuri (riz soufflé, rondelles de pâtes frites, lentilles, oignons et fines herbes) en s’arrêtant à l’un des stands de la plage de Chowpatty toute proche.

JOUR 2

– 8 heures –

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, Chhatrapati Shivaji Terminus, une gare ferroviaire anciennement nommée Victoria Terminus, constitue l’un des bâtiments les plus étonnants de Mumbai, par son savant mélange de styles hindou, victorien et islamique. Lorsque la mousson arrive et que les pluies torrentielles tombent sur la ville, ses intrigantes gargouilles à têtes de chiens font jaillir l’eau telle une fontaine monumentale.

– 8 h 30 –

Dans le quartier des bazars se trouve le plus grand marché de Mumbai et sans doute le plus typique : Crawford Market (Mahatma Jyotiba Phule Mandai). Le bâtiment principal, de style colonial, arbore toujours sa surprenante tour de l’horloge ornée de sculptures. Dans un dédale de ruelles où se lovent aussi quelques temples, on trouve toutes sortes d’épices, de fabuleux étals à fruits et légumes mais aussi de l’artisanat. La foule est impressionnante et il faut jouer des coudes avec les autres piétons, les voitures et les vélos. Envie de plus d’emplettes ? Divers marchés le jouxtent.

Crawford Market et ses vastes étals de fruits.
Crawford Market et ses vastes étals de fruits.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 10 heures –

Dans la gare de Churchgate, le ballet incessant des dabbawallahs – livreurs de repas – a déjà commencé (il en est d’ailleurs de même à Chhatrapati Shivaji Terminus). Chaque jour, près de 5 000 d’entre eux collectent les repas chauds dans les maisons ou les restaurants et les acheminent à leurs destinataires : les travailleurs de tous bords. Une véritable fourmilière qui traverse la ville en train, à vélo et à pied… avec une marge d’erreur tellement infime qu’il s’agit du système de livraison le plus sûr au monde.

– 10 h 30 –

De la gare de Churchgate, on emprunte le train en direction de Mahalaxmi. Femme ou homme, chacun dans son wagon. Les compartiments sont pourvus d’un système de ventilation étonnant : ventilateurs au plafond et portes grandes ouvertes. Et attention : le train ne s’arrête que 20 secondes en gare et repart directement.

– 11 heures –

Arrivé à Mahalaxmi, en dessous du pont ferroviaire, on aperçoit le Dhobi Ghat, un lavoir à ciel ouvert vieux de 140 ans. Ici, ce sont les hommes qui battent le linge – par tonnes – dans les 1 026 cuves à laver.

Le lavoir à ciel ouvert de Dhobi Ghat.
Le lavoir à ciel ouvert de Dhobi Ghat.© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 12 heures –

Rien ne vaut une petite assiette de chicken tikka biryani ou des kebabs au feu de bois au Café Noorani, sur la Tardeo road, face au Heera Panna Shopping Center.

www.cafenoorani.com

– 14 heures –

Loin des clichés véhiculés par le film Slumdog Millionaire, le bidonville de Dharavi – le deuxième plus grand d’Asie – est bien plus organisé qu’il n’y paraît. Près d’un million de personnes vivent dans cette ruche. Conseil : la visiter avec un guide local. Mais attention, pas de photos, sauf si l’on vous y autorise. Dans cette  » ville dans la ville « , chaque quartier a développé sa propre activité : certains recyclent des métaux, d’autres font de la poterie, il y a aussi des tanneurs et beaucoup d’autres petites industries, dont certaines exportent leurs produits à l’étranger. Le chiffre d’affaires de Dharavi atteint les 700 millions de dollars par an ! On est très loin de l’image d’extrême pauvreté et d’insalubrité que l’on a pu se forger. Certes, sa population n’est pas riche mais chacun a une occupation. Le quotidien, lui, se révèle très normalisé : écoles, électricité, lieux de culte, certains paient même un loyer. L’habitat est éclectique : de la cabane en tôle ondulée à la structure à étages en béton. Le vrai défi reste l’approvisionnement en eau. Autre fait marquant : le taux de réussite scolaire est plus élevé ici que dans les campagnes, de nombreux enfants suivent des études supérieures et trouvent un travail dans de grandes sociétés internationales. Quand on leur demande où ils rêvent de vivre, ils répondent sans hésitation  » ici « , dans leur quartier. Ce sont d’ailleurs eux qui jouent les guides avec fierté à travers ce dédale, tandis que 80 % des bénéfices des visites sont réinvestis dans l’aide sociale de Dharavi.

Les bus sont couverts d'affiches de Bollywood...
Les bus sont couverts d’affiches de Bollywood…© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 19 heures –

Escale gourmande au Bombay Canteen (Process House, Kamala Mills, SB rd), qui sert une cuisine indienne issue des quatre coins du pays, mais réinventée par des virtuoses déjà plusieurs fois primés.

www.thebombaycanteen.com

Une expérience à tenter : un ciné !
Une expérience à tenter : un ciné !© PHOTOS : FRANCE GAVROY

– 21 heures –

Rendez-vous au Liberty Cinema (41-42, Marine Lines) pour une toile. Mais aussi pour profiter de sa magnifique architecture Art déco. Son propriétaire n’a pas eu à tergiverser pour lui trouver un nom : le lieu a ouvert en 1947, année de l’indépendance de l’Inde. Mumbai est réputée pour son industrie cinématographique, la plus importante de la planète. Bollywood produit chaque année plus de 1 000 films, pour la plupart des comédies musicales, qui sont de plus en plus exportés dans le monde entier. Ici, les stars du grand écran sont adulées et l’on retrouve les visages des acteurs connus sur des affiches publicitaires partout dans le pays. Des circuits permettent de visiter certains studios, mais ils exigent quasi une journée. En réalité, pour découvrir le 7e art indien, rien ne vaut une séance dans l’un des nombreux cinémas de la ville, en s’y installant parmi les locaux. Malgré la barrière de la langue, on est surpris d’arriver à comprendre assez facilement l’intrigue.

JOUR 1

Par France Gavroy

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