Isola Bella: L’île-jardin

Faisant face à la ville de Stresa, les îles Borromées font partie des joyaux du lac Majeur, côté italien. Sur la plus célèbre d’entre elles, Isola Bella, un splendide jardin aménagé au XVIIe siècle donne l’illusion d’un bateau flottant sur les eaux.

Faisant face à la ville de Stresa, les îles Borromées font partie des joyaux du lac Majeur, côté italien. Sur la plus célèbre d’entre elles, Isola Bella, un splendide jardin aménagé au XVIIe siècle donne l’illusion d’un bateau flottant sur les eaux.

Par Jean-Pierre Gabriel

À elles trois, elles forment l’un des plus beaux panoramas du lac Majeur. Isola dei Pescatori – originellement un village de pêcheurs -, Isola Madre – la plus grande en superficie – et Isola Bella sont situées non loin de Stresa, sur la rive occidentale et italienne de ce lac transfrontalier avec le Tessin suisse. L’ensemble porte le nom d’îles Borromées, en souvenir des comtes Borromeo, qui marquèrent ce territoire de leur personnalité à partir du XVIIe siècle.


Leur arrivée sur les rives de ce lac, posé dans son écrin de chaînes montagneuses, est cependant antérieure. Un siècle plus tôt, dans sa Descrittione di tutta Italia, le Dominicain Leandro Alberti parle en effet déjà d’une « île située à mi-chemin entre Stresa et Pallanza, sur laquelle un gentleman milanais, Lancilotto Bonromeo, a construit un somptueux palace orné d’un agréable jardin ». D’après les historiens, il s’agit de la première référence connue à ces îles-jardins et à leurs propriétaires, dont le nom évoluera rapidement en Borromeo.


L’aménagement d’Isola Bella, ainsi appelée en hommage au prénom d’Isabella d’Adda, l’épouse du comte Carlo Borromeo, ne débute, lui, qu’après 1630. À cette date, l’île n’est encore qu’un rocher de 320 mètres de long pour 180 de large, habité de quelques pêcheurs. Les travaux dureront quarante ans – de 1630 à 1670 – et seront achevés par le comte Vitaliano, fils de Carlo Borromeo.

Un paysage sculpté

À l’exception du palais bâti sur la rive sud-ouest et de ses dépendances, les deux tiers de la superficie d’Isola Bella sont en réalité un grand jardin. Il s’agit d’une pure création de l’homme, qui domine la nature, puisque le site a été profilé artificiellement en une succession de dix terrasses de différentes grandeurs, toutes encadrées de balustrades et soulignées par des statues. Ce dessin régulier et géométrique est abondamment agrémenté de broderies à la française, ces bordures de buis soulignant les parterres. Ce style, importé de la cour de Louis XIV, fut largement dominant dans l’Italie du nord au XVIIIe siècle.

Vue du lac, l’île ainsi remodelée ressemble à une pyramide tronquée et évoque un gigantesque bateau déposé sur les eaux. Pour se rendre compte de la fascination et du charme des lieux, il suffit de se plonger dans la prose d’un voyageur anglais, l’évêque Burnet, qui, en 1684, écrivit en substance : « Ces îles (Borromées) sont à coup sûr les lieux les plus adorables au monde. L’île entière (Isola Bella) est un jardin. Son relief a été adouci par la construction d’arches et de portiques, qui ont été comblés par des apports de terres. Il y a un premier jardin qui commence au niveau du lac, du côté est, et se développe vers le sommet en terrasses… Le grand parterre est une chose surprenante, avec quantité de statues et de fontaines… Sur les murs (des terrasses) on trouve des orangers et des citronniers… On rencontre sans doute en France des beautés aussi valables que ceci. Mais rien n’est à l’égal de ce site, qui ressemble à un palais de contes de fées. »


Plus de trois cents ans ont passé depuis cette description. Mais la structure générale de ce coin de paradis n’a guère changé. Seules les plantations ont été modifiées, nécessitant moins d’entretien qu’autrefois. Le tout, entouré des eaux du lac Majeur, reste d’une beauté théâtrale.

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