La Chine, nouvel Eldorado du Club Med

Voile et tir à l’arc, mais aussi tai-chi, mah-jong et karaoké: sur l’île tropicale de Hainan, le Club Med adapte ses recettes pour séduire une classe moyenne chinoise en plein essor mais peu familière des villages vacances.

Sur cette île méridionale, le groupe français a officiellement inauguré cette semaine près de la station balnéaire de Sanya son quatrième village en Chine, où il ambitionne de compter une vingtaine de sites d’ici cinq ans.

Sur 12 hectares, entre piscines, plage et des dizaines d’activités sportives, les emblématiques « Gentils Organisateurs » (GO) recréent la bonne vieille recette du Club Med, passé sous pavillon chinois l’an dernier avec son rachat par le conglomérat Fosun.

La Chine, nouvel Eldorado du Club Med
© DR

Depuis la plage parsemée de palmiers et paillotes, Shu Qi, quinquagénaire pékinois en polo, admire la mer avec ses parents âgés, son épouse et son fils de trois ans. « Ca change des plages bondées! C’est idéal pour les familles », commente-t-il. Le centre-ville de Sanya affiche lui un littoral bétonné et saturé par les foules.

M. Shu avait découvert le Club Med aux Maldives. « C’est pratique, c’est un forfait tout compris avec repas », ajoute-t-il. « Et l’atmosphère internationale profite aux enfants ». « On vise une clientèle haut de gamme, dont une partie a déjà expérimenté le Club Med à l’étranger », confirme à l’AFP Henri Giscard d’Estaing, PDG du groupe.

Les 384 chambres du site se réservent à partir de 2.300 yuans (310 euros) la nuit.

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Destination phare

Jadis lieu d’exil, l’île-province de Hainan est devenue une destination touristique prisée, particulièrement durant l’hiver. « Le Club Med ne pouvait pas en être absent, c’était essentiel », affirme à l’AFP Qian Jiannong, vice-président de Fosun.

Dans un pays où la famille reste une valeur cardinale et où les congés annuels demeurent restreints, « le concept français de village-vacances répond bien aux besoins des Chinois », assure-t-il.

Sous les cocotiers, on croise d’imposants clans réunissant plusieurs générations, comme de simples couples gâtant leur enfant unique sans se séparer de leurs smartphones.

Après avoir couru l’étranger pour collectionner les photos-trophées, les Chinois aisés se tournent vers des « vacances de séjour ». Or, une hôtellerie chinoise défaillante –surabondance d’établissements se ressemblant tous et conçus pour une clientèle d’affaires– laisse un espace au Club Med, estime M. Giscard d’Estaing.

Le groupe s’adapte aux goûts locaux: à Sanya, il propose sept salles de karaoké –prises d’assaut– et trois salles de mah-jong, ainsi qu’un bar à nouilles ouvert en permanence. Des leçons de tai-chi séduisent des trentenaires qui en font rarement, souligne le jeune moniteur Jason Wen.

La clientèle est « de 60 à 70% chinoise », le reste étant surtout composé de Sud-coréens et Taïwanais. Mais sur 120 « GO », seuls un tiers sont Chinois et nombre d’autres (une vingtaine de nationalités) ne parlent pas mandarin.

Accélération

« Le premier jour, (les familles) sont réticentes à laisser leur enfant seul aux animations, et quand elles voient un GO s’inviter à leur table, c’est jugé incongru », sourit Rachel Mondre, responsable clients du village. Et pas question d’aller bronzer, les Chinoises préférant garder la peau claire. Inévitables ajustements culturels. Mais les « gentils membres » se laissent « apprivoiser », jusqu’à reprendre le soir les chorégraphies enflammées des GO, souligne-t-elle.

Après un premier village de sports de neige en 2010, le Club Med s’est implanté à Guilin (sud) parmi des pains de sucre verdoyants, avant l’ouverture (2015) d’un village balnéaire entre Macao et Hong Kong. Il inaugurera en novembre son deuxième village de ski, tablant sur l’engouement croissant pour la poudreuse avant les JO d’hiver de Pékin de 2022.

La Chine est le deuxième marché du Club Med après la France, avec 200.000 clients prévus cette année: le mouvement s’accélère spectaculairement, avec une croissance attendue de la fréquentation d’environ 20% par an. « Nous avons une quinzaine de projets en discussion (en Chine), pour des ouvertures s’étalant jusqu’à 2020 », confie M. Giscard d’Estaing, évoquant un site proche de la Grande Muraille.

« Le Club Med a un très long chemin à parcourir », tempère Xiao Yimin, analyste de Fosea Capital. « Mais la hausse du niveau d’éducation renforce (ses) chances » et l’indispensable appui de l’ambitieux Fosun « lui permet de muscler ses ressources ».

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