La ville Eleusis, Capitale de la Culture 2023, s’apprête à faire renaître ses joyaux antiques

Abritant l’un des fameux sanctuaires antiques de Grèce, la ville ouvrière d’Eleusis (ou Elefsina) au nord-ouest d’Athènes, s’apprête à révéler « ses mystères » et à mettre en valeur son riche héritage en accueillant de nombreux artistes grâce à son label de capitale européenne de la culture 2023.

Entre février et novembre, 465 événements et des centaines d’artistes de trente pays seront accueillis dans cette grande banlieue industrielle de la capitale grecque, qui compte environ 30.000 habitants, selon les organisateurs.

Des concerts, des spectacles de danse et de rue, des films, des expositions illustreront la transformation de la ville au fil des siècles, passée de lieu de culte de la déesse antique Démeter à un centre urbain industriel, source de grave pollution. 

L’objectif est de « mettre Eleusis sur la carte comme une destination culturelle unique », a expliqué Despina Geroulanou, présidente d’Eleusis 2023 lors d’une rencontre avec les médias mardi. 

Car si la colline de l’Acropole bat des records de fréquentation, le site d’Eleusis, à 30 km seulement d’Athènes, apparaît délaissé par les touristes.

Initialement prévues en 2021, toutes les manifestations avaient été repoussées pour cause de pandémie de Covid-19.

Eleusis partage cet événement culturel avec Timisoara en Roumanie et Veszprem en Hongrie. Un collectif d’artistes belges nommé TimeCircus effectue actuellement un pèlerinage à pied de 3.000 kilomètres qui doit relier les trois villes.

Nouveau musée

Plusieurs bâtiments délabrés d’Eleusis, victimes de la désindustrialisation et de la crise financière récente, ont été réaménagés: une ancienne huilerie abrite le nouveau musée archéologique et un ancien centre de bowling s’est transformé en salle de conférence. 

La municipalité d’Eleusis dispose désormais d’une « infrastructure qu’elle n’avait jamais eue auparavant (…) en mettant en valeur son long héritage », se félicite le maire Argiris Economou. 

Depuis le VIIIe siècle avant notre ère, la ville abrite le sanctuaire d’Eleusis, l’un des plus importants centres religieux de l’Antiquité grecque et romaine.  

Lieu de naissance du dramaturge grec Eschyle, la ville devait sa réputation jusqu’au IVe siècle de notre ère aux « mystères d’Eleusis », « des rites religieux secrets » de culte de Déméter –déesse de la fertilité, des moissons et du travail de la terre– et de sa fille, Perséphone, épouse d’Hadès et reine des Enfers, selon la mythologie grecque.

Parmi les initiés figuraient les empereurs romains Marc-Aurèle et son fils Commode. Dans une grande salle pouvant accueillir jusqu’à 3.000 personnes les participants à ces cérémonies nocturnes étaient informés sur « le cycle sans fin de la vie et de la mort » assistant à une reconstitution du mythe de Perséphone, selon des archéologues.

Rites

« Ces rites agissaient comme une sorte de psychothérapie face à la peur de la mort », explique à l’AFP Efi Anesti, archéologue du sanctuaire. 

Après un long déclin pendant l’époque byzantine et le Moyen-Age, la ville devient au XIXe siècle un pôle industriel comprenant savonneries, raffinerie, cimenterie, usines de résine et de céramique. 

La plus grande usine d’acier du pays, l’une des principales raffineries et un chantier naval sont toujours an activité.

Toutefois depuis les années 1930, la pollution surtout atmosphérique est un casse-tête. La baie locale s’est transformée en un cimetière de navires sans compter le pétrole et les produits chimiques déversés dans l’air et dans l’eau.

La ville a accueilli un nombre important de migrants d’origine grecque ayant fui l’Asie mineure lors de la désastreuse guerre gréco-turque de 1919-22.

Et un camp a récemment été construit pour répondre aux besoins de migrants. Il a accueilli ces derniers mois des Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays.

Plus de soixante villes, dont Istanbul, ont été désignées capitales culturelles européennes, une occasion de mettre en valeur la diversité culturelle et de stimuler le tourisme.

En 2024, les capitales culturelles européennes seront Bad Ischl en Autriche, Tartu en Estonie et Bodo en Norvège.

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