« Le véritable luxe, c’est la liberté de pouvoir prendre le temps et découvrir le monde »

© ALAN KEOHANE

Ces trente-cinq dernières années, Pierre Jochem (61 ans) a été à la tête de divers hôtels de prestige, comme l’Imperial Palace à New Delhi, The Pierre à New York et The Peninsula Beijing. En 2013, il est devenu directeur général de La Mamounia, à Marrakech, qui a récemment rouvert ses portes après d’importantes rénovations.

J’ai toujours su que le monde de l’hôtellerie était fait pour moi. Mon père était pilote de la Sabena au Congo, et nous voyagions donc beaucoup. Nous logions souvent dans de beaux hôtels, en Afrique et ailleurs. Enfant, je me sentais tellement à la maison dans cet environnement luxueux qu’il ne m’a jamais quitté. A 16 ans, quand je me suis inscrit à l’école d’hôtellerie de Strasbourg, je n’avais qu’un seul souhait: travailler dans les plus grands hôtels 5-étoiles du monde. Avoir pu réaliser ce rêve est un privilège fantastique.

Déménager vers l’inconnu ne m’a jamais fait peur. Je suis né à Kinshasa, et nous avons notamment vécu au Kenya, en Ethiopie et au Cameroun. Je changeais de vie tous les trois ou quatre ans. Sans ma maman et sa présence rassurante, j’aurais peut-être souffert un peu plus de ces déménagements, mais ce parcours intense m’a appris à pouvoir m’adapter rapidement à chaque situation. Depuis, j’ai vécu et travaillé aux quatre coins du monde. Je sais également à quel point il est essentiel de se sentir chez soi quelque part. Pour moi, ce point de chute est en Alsace, à Strasbourg, là où ma famille prend ses racines, où, enfant, je passais les fêtes de fin d’année, et où j’ai rencontré mon épouse.

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Un hôtel doit évoluer avec son temps. L’âme et l’histoire de La Mamounia font d’elle ce qu’elle est, mais je dois me concentrer sur le monde et les attentes des clients d’aujourd’hui. Chaque pierre de l’hôtel respire le passé. Pour moi, Patrick Jouin et Sanjit Manku étaient les architectes parfaits pour ce délicat exercice d’équilibre qu’est la modernisation d’un palace: tout changer sans que rien ne change.

Les hôtels de luxe retrouveront leur rythme aussi vite qu’ils l’ont perdu. Les voyages à l’autre bout du monde ne seront peut-être pas tout de suite autorisés après les campagnes de vaccination, mais les destinations plus proches pourront rapidement accueillir les voyageurs. Nombre d’entre eux rêvent depuis des mois de pouvoir se rendre à l’étranger et profiter de la vie. Durant les premiers mois, l’effet psychologique de la crise sanitaire entrera également en jeu. L’expérience nous apprend maintenant que les clients veulent se faire plaisir et opteront plus rapidement pour des bouteilles de vin plus chères, par exemple.

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Je crois en la force du bon exemple. Si j’attends des membres de notre personnel qu’ils placent la barre haut pour eux, je dois moi aussi le faire. Que serait un hôtel de luxe sans une certaine rigueur? Changer de mode de fonctionnement d’un instant à l’autre n’est pas envisageable, chaque jour doit être aussi parfait que le précédent.

A mon âge, il faut réfléchir aux prochaines étapes. D’un point de vue professionnel, la vie m’a toujours énormément gâté. Me retrouver sans aucun défi serait terrible. Je brûle toujours de la même passion pour le monde hôtelier et le secteur du luxe, j’ai des idées et de l’expérience et j’ai envie de les transmettre. C’est à ça que je veux me consacrer ces prochaines années. Mais il faut toujours rester actif: pour vivre sainement, il faut nourrir et stimuler notre cerveau.

Le véritable luxe, c’est le temps et l’espace. Ce n’est pas un vin exclusif ou un objet coûteux, mais la liberté de pouvoir prendre le temps et découvrir le monde. En vacances, les rendez-vous et les obligations sont un sujet tabou pour moi: ne rien avoir à faire peut être très agréable.

Je n’ai jamais autant pris le temps de remercier la vie que l’année passée. Auparavant, je le faisais rarement, j’ai toujours été tourné vers les résultats et je voyais toujours des améliorations possibles. Mon épouse me rappelait souvent la chance que nous avons, mais elle a de moins en moins besoin de le faire: une des conséquences de la pandémie est qu’elle nous a ouvert les yeux.

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