Les étudiants et routards étrangers sous-payés en Australie

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Un tiers des étudiants et routards étrangers qui travaillent en Australie ne sont rémunérés que la moité du minimum légal, selon une étude universitaire sur « Le vol de salaire » dans le vaste pays continent.

Plus 900.000 migrants se trouvent en Australie avec des visas temporaires et représentent environ 11% du marché du travail.

L’étude publiée mardi porte sur 4.322 migrants de 107 nationalités différentes, interviewés de façon anonyme entre septembre et décembre 2016 via internet en 13 langues. Quelque 55% ont déclarés être des étudiants et 33% des routards.

Environ 30% d’entre eux ont affirmé n’être payés que la moitié du salaire minimum légal prévu pour le travail occasionnel (22,13 dollars australiens, 14 euros). Près de la moitié touchaient moins de 15 dollars.

« L’une des découvertes les plus frappantes c’est que 86% des routards ou étudiants internationaux ont l’impression que tout le monde est sous-payé avec ce type de visa », a dit à l’AFP Bassina Farbenblum, de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, co-auteur de l’étude avec l’Université technologique de Sydney. « Ce n’est donc pas la peine de quitter leur boulot car ils pensent avoir très peu de chance de trouver mieux ».

« Le vol de salaire est endémique » et est « largement répandu à travers de nombreux secteurs d’activité » selon l’étude. Mais la pratique est particulièrement prévalente dans la restauration et « très grave » dans le ramassage saisonnier de fruits et légumes.

Laurent Van Eesbeeck, un Belge de 25 ans titulaire d’un visa « vacances-travail », a déclaré au groupe Fairfax Media qu’il n’avait été payé cette année que cinq dollars australiens de l’heure pour cueillir des tomates cerise dans l’Etat du Queensland.

« J’ai eu une ou deux déceptions avec les fermes australiennes », a-t-il dit. « Pour moi, c’est de exploitation, je ne veux pas en faire partie ».

Les migrants originaires d’Asie sont particulièrement touchés.

Les trois quarts des Chinois, Taïwanais et Vietnamiens ayant répondu à l’enquête touchaient 17 dollars australiens ou moins contre 35 à 41% des Américains, des Irlandais et des Britanniques.

« Il est plus fréquent que les travailleurs chinois soient payés en liquide », souligne aussi l’étude.

Mme Farbenblum a appelé le gouvernement et les entreprises à prendre des mesures pour lutter contre le phénomène.

La ministre de l’Emploi Michaelia Cash a réagi en demandant aux jeunes gens se sentant exploités de contacter le médiateur du gouvernement chargé des conditions de travail.

« Le gouvernement a entrepris plusieurs réformes importantes pour protéger ces travailleurs depuis que l’étude a été menée », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Par exemple, le médiateur bénéficie de fonds supplémentaires pour traiter les affaires d’exploitation.

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