Les maisons en tourbe, joyaux de l’Islande

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A quelques encablures du volcan Hekla, dans le sud de l’Islande, se dressent une vieille ferme et sa chapelle. Sur leurs toits, la neige a laissé place, avec l’arrivée du printemps, à une tourbe jaune qui verdira bientôt.

A Burfell, dans la vallée de Thjorsardalur, porte d’entrée vers les hauts-plateaux islandais, ces bâtiments typiques faits de tourbe ne font qu’un avec la nature. Ils sont le symbole d’une tradition architecturale de l’île, introduite par les Vikings au IXe siècle.

En 1910, plus de la moitié des Islandais vivaient encore dans des maisons de ce genre, selon les historiens.

En raison de l’absence d’arbres en Islande, la tourbe était un matériau de construction populaire, utile pour repousser le froid, facile d’accès, bon marché et plutôt maniable, explique Olivera Ilic, passionnée par l’histoire des Vikings et cheffe de projet chez Landsvirkjun, qui entretient le lieu.

Prélevée dans les marais environnants, la tourbe était ensuite découpée en bandes avant d’être posée pour former d’épais murs sur une structure généralement en bois. Des pierres pouvaient aussi être utilisées pour les fondations.

Et le style des bâtiments « varie autant que le nombre de maisons en tourbe construites, il n’y en a pas deux identiques », souligne Eyjolfur Eyjolfsson, folkloriste et musicien, voisin du site.

Les maisons en tourbe, joyaux de l'Islande
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– Musées –

A Burfell, la ferme et sa chapelle — des reconstitutions de bâtiments vikings érigées au XIXe siècle –sont aujourd’hui devenues un musée où « la nature fait partie de la maison » comme l’indique une inscription gravée sur du bois.

Les curieux et autres passionnés de l’époque viking peuvent aussi voir quatre maisons groupées et en partie couvertes d’une épaisse couche d’herbe, et elles aussi transformées en musée.

« La tourbe est un très bon matériau de construction mais en même temps pas très durable », reconnaît M. Eyjolfsson.

Face aux éléments de la nature souvent capricieux, il était nécessaire pour les habitants de reconstruire leur logement naturel tous les 20 ans –même si certains pouvaient durer jusqu’à 70 ans.

Tandis que l’Islande comptait encore quelque 5.500 maisons en tourbe en 1910, il n’y en avait plus que 249 en 1960. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une poignée, reconverties en sites patrimoniaux et musées.

La tradition perdure en Islande, mais seulement grâce à quelques artisans formés aux anciennes techniques.

« Parce que nous essayons de les garder aussi authentiques que possible, nous voulons le faire à l’ancienne et donc cela prend beaucoup de temps », indique Olivera Ilic.

Depuis 2011, 14 maisons en tourbe ont été inscrites sur la liste indicative de l’Unesco, première étape indispensable avant une potentielle inscription au Patrimoine mondial de l’humanité.

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