Les Pyrénées-Atlantiques, entre plages et montagnes

Le joli port de Saint-Jean-de-Luz. © SAÂDÏA STERKENDRIES

A deux enjambées des Pyrénées, entre terre et mer, la province du Labourd est sans conteste l’un des joyaux du Pays basque français. Qui possède le rare pouvoir de séduire à la fois les randonneurs, les âmes en quête de calme ou même… les surfeurs.

Quelques minutes après l’atterrissage, en sortant du petit aéroport de Biarritz, on nous prévient gentiment : « Ici, ne vous étonnez pas : vous pouvez vivre les quatre saisons en une seule journée ! » Moins de sept minutes plus tard, le joli ciel bleu se voit lentement envahi de nuages noirs. La pluie se met à tomber. Puis, soudainement, une intense averse de grêle décide de couvrir les rues de petites balles blanches glacées… Au Pays basque, on ne ment pas aux visiteurs. Même si les grêlons, ce jour-là, n’ont pas manqué de surprendre le plus acclimaté des habitants locaux. « Ça, tout de même, c’est rarissime », nous dit-on à Saint-Pée-sur-Nivelle, village qui résume déjà tout le charme de la région, avec ses maisons à colombages et aux volets rouges, sa superbe église en pierre et ses commerces accueillants. La bourgade est incontournable pour quiconque veut se frotter immédiatement à l’un des autres signes particuliers du pays : la fameuse pelote basque, qui n’a nullement besoin d’un plein soleil pour faire briller les yeux de ceux qui en parlent. La preuve dans l’Ecomusée de la Pelote et du Chistera, situé juste à côté du fronton de jeu, qui raconte l’histoire d’un sport suscitant ferveur et fierté depuis qu’un gamin du coin surnommé Gantxiki, en 1857, a imaginé le « chistera », ce long gant en osier qui a donné un fulgurant élan à la pelote.

UN TRAIN PAS COMME LES AUTRES

L'un des frontons de pelote basque, à Saint-Pée-sur-Nivelle. Derrière, les maisons peintes aux couleurs locales.
L’un des frontons de pelote basque, à Saint-Pée-sur-Nivelle. Derrière, les maisons peintes aux couleurs locales.© SAÂDÏA STERKENDRIES

On quitte les lieux en connaissant les règles du jeu, sa multitude de variantes (il en existe une vingtaine) ou ses champions, non sans assister à une partie de joko berri, qui se pratique à mains nues. Le soleil est toujours en train de jouer un match intense contre les nuages lorsque nous traversons des petites routes sinueuses s’aventurant dans des vallons verdoyants habités par des chevaux et des moutons. Bientôt, apparaît Sare, charmant patelin de 2 500 âmes qui figure sur la liste des « plus beaux villages de France ». On s’y promène les pieds légers, en admirant les magnifiques maisons labourdines du quartier Ihalar, les arcades de la mairie ou l’imposant clocher du XVIe surplombant la place du Fronton. On s’arrête pour déguster un incontournable gâteau basque aux cerises noires, avant de s’en aller, un peu moins légers, vers les collines et les campagnes avoisinantes. Le décor, partagé entre les reliefs montagneux de l’Axuria et de la Rhune, est à la fois bucolique, serein et volontairement capricieux dans ses contours. Pour mieux nous donner raison, il devient même lumineux lorsque nous nous approchons du sommet le plus illustre de ce territoire, dont les 905 mètres d’altitude s’apprêtent à nous offrir des images tout simplement étincelantes…

Le train à crémaillère de la Rhune.
Le train à crémaillère de la Rhune.© SAÂDÏA STERKENDRIES

La Rhune peut s’apprivoiser de deux manières. A pied, à condition d’avoir le temps et les mollets bien préparés. Ou via le petit train à crémaillère qui, depuis 1924, démarre du col Saint-Ignace pour parcourir quelque 4 200 mètres de dénivelé à travers une nature sauvagement belle. Nous optons pour ce dernier. Trente-cinq minutes suffisent pour rejoindre le sommet, lors d’une ascension qui mérite déjà des yeux grands ouverts, surtout quand les nuages, petit à petit, se mettent à perdre leur bataille. A l’arrivée, le panorama qui se déploie est aussi vaste qu’étonnant. Le regard balaye 360 degrés de paysages à perte de vue, où l’on aperçoit aussi bien la chaîne des Pyrénées que les plateaux herbés du Pays basque, en passant par quelques bourgades perdues dans l’immensité et même les plages de l’océan Atlantique. On y reste un long moment, en appréciant comme il se doit la majesté d’un site qui se ressent, se respire et s’admire.

Au sommet, les pottocks vivent en semi-liberté.
Au sommet, les pottocks vivent en semi-liberté.© SAÂDÏA STERKENDRIES

Tout en s’inclinant devant la quiétude des pottocks, poneys qui vivent là en semi-liberté, on se balade entre l’Espagne et la France, dont une frontière invisible traverse cette cime décidément déconcertante…

DE L’HISTOIRE ET DES VAGUES

Après avoir aperçu le sable et les vagues dans le lointain, on a évidemment envie d’aller les voir de plus près. Laissant la Rhune derrière nous, on retrouve très vite les bas-reliefs et les routes entourées de forêts. Petite escale dans le très beau village d’Ascain et, surtout, à la cidrerie Txopinondo pour y déguster la meilleure côte de boeuf grillée du Pays basque en compagnie d’un patron qui connaît les pommes comme personne. Puis, très vite, sous un soleil qui semble définitivement installé dans le ciel du Labourd, apparaissent les premiers quartiers de Saint-Jean-de-Luz. Une ville où il fait bon vivre, notamment grâce à l’élégance de ses places, le charme bourgeois de son centre, ses splendides maisons d’armateurs ou ses boutiques à l’ombre du front de mer. L’endroit a notamment vu naître le footballeur Bixente Lizarazu. Bien avant cela, en l’an 1660, il a surtout vu défiler les plus hauts représentants royaux et religieux lorsqu’un certain Louis XIV décida d’épouser l’infante Marie-Thérèse d’Espagne dans l’église Saint-Jean-Baptiste. Des noces prestigieuses, dont les traces demeurent notamment sur la place jouxtant le port, où l’on trouve à la fois la maison de l’Infante et la maison de Louis XIV. Cette dernière, qui fut occupée par le Roi-Soleil durant un bon mois, mérite la visite : elle restitue l’ambiance de toute une époque à travers des pièces immenses… habitées par la famille qui possède les lieux depuis près de quatre siècles.

Saint-Jean-de-Luz côté sable et détente...
Saint-Jean-de-Luz côté sable et détente…© SAÂDÏA STERKENDRIES

Jadis très fréquenté par les corsaires (dont les plus célèbres ont légué leur nom à des rues de la ville), le port de Saint-Jean-de-Luz constitue la porte parfaite pour se rendre vers les plages. Et y découvrir, à nouveau, un autre visage du Labourd : celui des vacances en famille, du repos des aînés (notamment grâce à un centre de thalasso s’ouvrant directement sur la mer) ou des promenades romantiques sur le sable. Un atout balnéaire – 26 kilomètres de plages, tout de même – qui va comme un gant à ce littoral atlantique, où les vagues n’ont plus droit au passage depuis 1854, année où Napoléon III fit construire trois grandes digues au milieu des eaux afin de protéger la ville des humeurs de l’océan. Ainsi, pour apercevoir des vagues, des vraies, deux autres possibilités existent. Soit se rendre sur le spot de Parlementia, une plage de surfeurs dont les rouleaux d’eau sont légendaires. Soit gagner les falaises d’Urrugne, en attendant patiemment la Belharra, une vague géante dont la hauteur peut atteindre jusqu’à 15 mètres. Réservée aux surfeurs professionnels, elle ne surgit que deux fois par an maximum, en hiver et en automne, attirant des riders qui viennent du monde entier pour la dompter. Inutile de préciser que la région est aujourd’hui un petit paradis pour les surfeurs. On y croise même des écoles, dont l’une se trouve dans l’ancien village de pêcheurs de Guéthary. Et plus au nord, à Biarritz, les plages comme les bars accueillent ces bronzés de l’extrême durant toute la belle saison, voire au-delà…

Difficile de quitter le Labourd sans s’offrir d’autres petites excursions savoureuses à travers ses vertes et paisibles campagnes. Que les cumulus s’y invitent ou non, les escales à Bayonne (pour goûter son inévitable mais non moins succulent jambon) ou à Espelette (doit-on encore présenter son piment ?) nous font un insistant appel du pied et on cède volontiers à leurs avances. Sur les hauteurs, dans la bourgade d’Arcangues, on faisait jadis la fête dans le château avec Jean Cocteau et des invités triés sur le volet par le marquis, tandis qu’aujourd’hui, on se recueille devant l’ultime demeure de Luis Mariano. A Ustaritz, on regarde passer l’eau paisible de la Nive en profitant d’une promenade sur le chemin de halage. Enfin, du côté d’Hendaye, ancienne capitale de la province, on ne résiste pas à la visite d’une demeure fascinante dont chaque pièce constitue un voyage en soi : le château d’Abbadia, imaginé par un scientifique amoureux de l’Orient, des étoiles, de l’Ethiopie, de l’art, des animaux et de la philosophie. D’une richesse éblouissante, la bâtisse néo-gothique, qui fait face aux flots, arbore des oeuvres et des détails par dizaines, tandis que des gargouilles, des singes ou des crocodiles en pierre gardent ses murs. On la traverse avec des envies de surprises et d’évasions, avant d’en ressortir pour découvrir un domaine à la flore sauvage qui procure l’étrange sensation d’avoir changé de région, de pays et même de continent. Baignée d’un soleil cotonneux, la beauté du lieu nous colle soudainement aux basques et, une fois de plus, on se laisse faire…

PAR NICOLAS BALMET

En pratique

SE RENSEIGNER

Terre et Côte basques est l’office de tourisme du Pays de Saint-Jean-de-Luz – Hendaye, et il vous donnera mille infos précieuses sur la région : idées de séjours, hébergements, restos, plages, randos, etc. Tél. : +33 5 59 24 33 50.

www.terreetcotebasques.com

Y ALLER

Ryanair propose des vols Bruxelles/Biarritz à partir de 49 euros A/R.

www.ryanair.com

SE LOGER

Les Goélands. Magnifique hôtel, éco-responsable, situé dans un quartier très calme de Saint-Jean-de-Luz. Il s’agit d’une ancienne pension, divisée en deux maisons, qui appartient à la même famille depuis plusieurs générations. Décor au charme délicieusement désuet, dont les chambres « côté océan » offrent le coucher de soleil. Tél. : +33 5 59 26 10 05. www.hotel-lesgoelands.com

SE RESTAURER

Txopinondo. Une cidrerie artisanale située à Ascain, où l’on sert le sagarno (laissez-vous faire, c’est délicieux) à coups de « txotx ! » lancés par le patron. Ensuite, direction les grandes tables en bois pour déguster la txuleta, côte de boeuf grillée qui fond dans la bouche. www.txopinondo.com

Ispeguy. A Ciboure, dans le quartier des pêcheurs de Socoa, ce restaurant propose notamment chipirons, dorade, sole ou merlu « à l’espagnole ». A déguster sur la terrasse qui s’ouvre à la fois sur le port et sur… le fort. 35, avenue du Commandant Passicot, à 64500 Ciboure. Tél. : +33 5 59 47 40 64.

À RAPPORTER

1910 Lartigue. Célèbres par-delà les frontières françaises, les créations de tissage basque sont ici façonnées dans un atelier qui se visite, mais aussi exposées dans une jolie boutique remplie d’espadrilles, de sacs, de draps ou de déco de table qu’on ne trouve que là et garantis 100 % basques. Rendez-vous à Ascain ou à Bidos. www.lartigue1910.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content