12 hôtels cultes filmés pour le cinéma

Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

On les a vus dans des films mythiques, romantiques ou effrayants. Coup de projecteur sur ces hôtels mémorables où les cinéastes ont posé leur caméra, mais où chaque voyageur peut carrément poser… ses valises !

Fontainebleau Hotel, à MIAMI

Fontainebleau Hotel, à MIAMI
Fontainebleau Hotel, à MIAMI© Paul Warchol

Dans un premier temps, Scarface (1983) devait être tourné à Chicago. Trop cher, diront les producteurs, avant d’opter pour le soleil de Miami. Seul impératif : un hôtel de luxe, où le personnage de Tony Montana, baron de la drogue à l’humeur irascible, pourra organiser tranquillement ses trafics. D’abord réticent – ça sent le film polémique à plein nez -, le propriétaire du Fontainebleau finira par accepter les caméras du réalisateur Brian De Palma. La piscine, avec ses chutes d’eau et son Jacuzzi, sera l’un des décors phares du long-métrage : Al Pacino adore y papoter au bord de l’eau face à de jolies demoiselles en maillot. Parfaitement macho. Mais disons que l’hôtel reste cohérent : en 1964, il avait déjà offert ses façades blanches à l’ouverture de Goldfinger, et prêté la chambre où Sean  » Bond  » Connery découvre le corps – entièrement peint en or – de l’actrice Shirley Eaton.

Grandhotel Pupp, à KARLOVY VARY

Grandhotel Pupp, à KARLOVY VARY
Grandhotel Pupp, à KARLOVY VARY© SDP

Peu d’hôtels peuvent se vanter d’avoir accueilli à la fois Beethoven et Robert De Niro, Bach et Sharon Stone, Napoléon et Jude Law. Mais c’est le cas de cet établissement situé en République tchèque, dont les murs renferment plus de trois siècles d’histoire. Au cinéma, le lieu s’est spécialisé dans le rôle de  » doublure « . Ainsi, son élégante salle des fêtes sert de décor aux premières minutes du film La Môme (2007), alors qu’à ce moment-là de l’intrigue, Edith Piaf est officiellement en train de chanter à… New York. Dans un autre genre, Casino Royale (2006) nous fait croire que l’enseigne s’appelle l’Hotel Splendide et se situe au… Monténégro, tandis que l’on y voit James Bond livrer une partie de poker coriace contre son ennemi Le Chiffre, avant de s’attabler au restaurant avec sa copine Vesper. C’est beau, la magie du septième art…

Park Hyatt, à TOKYO

Park Hyatt, à TOKYO
Park Hyatt, à TOKYO© SDP

Alors qu’elle va de ville en ville pour assurer la promo de son film Virgin Suicides, la réalisatrice Sofia Coppola fait un jour escale dans le luxueux hôtel Park Hyatt, à Tokyo. Elle y voit instantanément une sorte de  » personnage urbain « . Qui, en 2003, servira de poumon à son Lost in Translation, où Scarlett Johansson et Bill Murray incarneront respectivement une Américaine en mal d’amour et un acteur sur le déclin, qui vont tromper l’ennui dans cet établissement au design aussi chic qu’impersonnel. Le lieu est pour le moins fascinant : le lobby se trouve au 41e étage (en dessous, ce sont des bureaux) d’un building à cinquante-deux niveaux qui surplombe la cité nipponne et, par temps clair, offre une vue sur le mont Fuji. Comme Scarlett, on s’y détend en culotte rose en regardant par la fenêtre. Ou comme Bill, on va au bar commander un whisky Hibiki – 17 ans d’âge – en fin de soirée, face à un orchestre de jazz…

Beverly Wilshire, à LOS ANGELES

Beverly Wilshire, à LOS ANGELES
Beverly Wilshire, à LOS ANGELES© SDP

C’est probablement le plus glamour de notre sélection, et pour cause : en 1990, Garry Marshall y tournait une de ces comédies romantiques qui allait marquer l’histoire du cinéma, alias Pretty Woman. Cet établissement de luxe, désormais propriété du groupe Four Seasons, ne constitue pas seulement un pied-à-terre clinquant au coeur de Beverly Hills : c’est aussi un bâtiment inspiré par la Renaissance italienne, une piscine de taille olympique, une salle de bal, la plus vaste chambre de L.A. – un penthouse à 25 000 dollars la nuit -, et en guise d’horizon, Rodeo Drive, où Julia Roberts et Richard Gere s’offraient une virée shopping mémorable. Notons qu’Elvis Presley et John Lennon ont habité l’hôtel durant plusieurs années, tandis que Barack Obama y a occupé la suite… présidentielle, of course.

Timberline Lodge, à MONT HOOD

Timberline Lodge, à MONT HOOD
Timberline Lodge, à MONT HOOD© SDP

Un gamin arpentant les couloirs en tricycle, deux jumelles en robe bleue, ou une porte de salle de bains détruite à la hache par un Jack Nicholson en furie… Nous sommes en 1980 lorsque Stanley Kubrick s’en va tourner son cauchemar schizophrénique The Shining dans un palace qu’il baptise Overlook et qu’il situe dans les montagnes Rocheuses du Colorado. Si la plupart des scènes ont vu le jour dans les studios d’Elstree, près de Londres, l’extérieur de l’hôtel est celui du Timberline Lodge, qui se trouve non loin de Portland, dans une station de ski de l’Oregon. Aujourd’hui, grâce au succès du film, le lieu attire plus d’un million de touristes par an, et il est, paraît-il, étonnamment accueillant. Cela dit, pour un pèlerinage complet, il faut aussi dormir au Stanley Hotel, à Estes Park (Colorado), dont Stephen King s’imprégna un jour de l’étrange atmosphère pour imaginer le roman Shining, l’enfant lumière… qui inspirera le long-métrage.

Bellagio, à LAS VEGAS

Bellagio, à LAS VEGAS
Bellagio, à LAS VEGAS© SDP

Bien sûr, plusieurs hôtels de Las Vegas ont servi de lieux de tournage. Certains citeront le Caesar’s Palace du film Very Bad Trip, même si, en réalité, la chambre saccagée – le mot est faible – du fameux enterrement de vie de garçon a été reconstituée en studio (mais elle existe bel et bien sous le nom de Forum Tower Emperors, pour ceux qui aimeraient s’y réveiller). Néanmoins, disons que le vrai tour de force a été réalisé par Steven Soderbergh qui, en 2001, a investi l’hôtel le plus célèbre de la ville, alias le Bellagio, pour y tourner Ocean’s Eleven avec une armada de méga-stars nommées George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon ou Julia Roberts. Le réalisateur a bataillé pendant plusieurs semaines pour obtenir l’autorisation d’installer son plateau au sein même du casino. Une fois l’accord signé, son équipe y est restée pas moins de cinq semaines, récoltant un succès planétaire qui allait renvoyer le long-métrage original éponyme (avec Frank Sinatra, 1960) aux oubliettes. A noter, pour les cinéphiles, que ce dernier avait été mis en boîte à l’hôtel-casino Sands, aujourd’hui devenu The Venetian.

Excelsior Hotel, à Rome

Excelsior Hotel, à Rome
Excelsior Hotel, à Rome© SDP

Bien qu’il préférait les lumières des studios, et particulièrement ceux de Cinecittà, Federico Fellini était un amoureux de Rome devant l’éternel. Aussi, quand il tourne La Dolce Vita – qui recevra la Palme d’or cannoise en 1960 -, il accepte de promener ses acteurs à travers la capitale italienne. On connaît la scène mythique où Marcello Mastroianni et Anita Ekberg s’offrent un bain de nuit dans la fontaine de Trevi. Il faut aussi savoir que plusieurs séquences du film ont été enregistrées à l’Excelsior Hotel, dont celle où la belle actrice américaine Sylvia est présentée à la presse, et celle où Marcello se fait casser la trogne par le petit ami ivre de la demoiselle. Notons que l’établissement, désormais centenaire, possède l’une des suites les plus raffinées du globe qui, sur deux étages, propose sept chambres à coucher, une salle de cinéma privée et un décor fait de fresques peintes à la main.

Millennium Biltmore, à LOS ANGELES

Millennium Biltmore, à LOS ANGELES
Millennium Biltmore, à LOS ANGELES© SDP

Son splendide hall d’entrée, ses portes en bronze, ses colonnes de marbre, ses lustres en verre de Murano ou ses peintures signées Giovanni Smeraldi (qui a également oeuvré au Vatican ou à la Maison-Blanche) en font l’un des hôtels préférés des cinéastes hollywoodiens. Pour preuve, il est déjà apparu dans une bonne centaine de blockbusters, dont Chinatown, Independence Day, True Lies ou Spider-Man. Mais s’il y a bien un film qui a permis à l’hôtel de gagner ses galons d’icône, c’est Ghostbusters (1984), et pour cause : c’est ici, au début de l’histoire, que se rendent les chasseurs de fantômes pour y capturer leur premier spectre… même si l’intrigue nous dit que les héros pénètrent alors dans un certain Sedgewick Hotel new-yorkais qui, lui, n’existe pas en vrai. A signaler aussi : le Millennium Biltmore, dans les années 30 et 40, a accueilli huit fois la cérémonie des Oscars, dont celle qui a permis à Walt Disney de s’octroyer une statuette pour Blanche-Neige.

et AUSSI…

Grand Hôtel de Cabourg
Grand Hôtel de Cabourg© SDP

– Pour les besoins du biopic Coco avant Chanel, la réalisatrice Anne Fontaine a jeté son dévolu sur les paysages de la Normandie. Et notamment sur le magnifique Grand Hôtel de Cabourg qui, dans plusieurs scènes du film sorti en 2009, joue le  » rôle  » d’un palace de Deauville.

– En 1973, le long-métrage britannique The Wicker Man (Le Dieu d’osier), qui deviendra culte au point d’inspirer un remake en 2006, est tourné dans les brumes automnales de l’Ecosse. Sur la fameuse île servant de théâtre à d’effrayants rites païens, quelques scènes sont filmées dans le bar de l’Ellangowan Hotel, qui est situé à Creetown, dans le sud du pays.

– Dans La mémoire dans la peau, en 2002, Jason Bourne descend à l’hôtel Regina, à Paris. Deux ans plus tard, dans le deuxième volet de la saga, La mort dans la peau, on peut voir Matt Damon emprunter un escalier monumental débouchant sur un hall majestueux. Il s’agit de l’authentique intérieur du Westin Grand Hotel, à Berlin.

Westin Grand Hotel
Westin Grand Hotel © SDP

– Le somptueux Plaza Hotel de New York n’a pas seulement servi au tournage de Maman j’ai encore raté l’avion (où, en 1992, Macaulay Culkin s’offre une chambre grâce à la carte de crédit de papa). Il est aussi le cadre des fêtes fastueuses organisées par Leonardo DiCaprio dans Gatsby le Magnifique. Pas étonnant : l’écrivain F. Scott Fitzgerald, qui avait imaginé le personnage du jeune millionnaire dans les années 20, était un habitué des lieux.

– Déception : The Grand Budapest Hotel… n’existe pas. Ou plutôt, le palace rose bonbon a été emménagé dans un ancien centre commercial Art nouveau, le Görlitzer Warenhaus, situé en Allemagne à deux pas de la frontière polono-tchèque, et sur lequel Wes Anderson a greffé sa fantaisie à quatre Oscars.

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