Ode aux mauvaises herbes: zoom sur les tendances jardin de l’année (en images)
Le Chelsea Flower Show est l’un des événements horticoles les plus importants de l’année. Ainsi que l’occasion de découvrir en avant-première les nouvelles tendances en matière de plantes et jardins.
Ils sont pas moins de 170 000 à être venus s’émerveiller devant les impressionnants jardins d’exposition et la tente grande comme trois terrains de football où rencontrer la crème des pépiniéristes, mais aussi glaner des idées originales pour mini jardins ou balcons urbains au Chelsea Flower Show. Soit une sorte de Jeux Olympiques pour pouces verts, où jardiniers, paysagistes et horticulteurs de renom venus des quatre coins de la planète se réunissent pour montrer ce dont ils sont capables. Et en profiter pour inspirer les curieux et lancer les tendances, que nous avons rassemblées en avant-première pour vous.
Place aux edimentals
Soit la combinaison de « comestibles » et « ornementaux ». Autrement dit, légumes, herbes et autres plantes comestibles ne sont plus cachés au fond du jardin ou confinés au potager mais prennent plutôt une place prépondérante. La tendance cette année? Mélanger les légumes et les fleurs, non seulement parce que c’est beau, mais aussi parce que les fleurs attirent les insectes qui profitent aussi à vos légumes.
L’exemple ultime au Chelsea Flower Show: l’espace imaginé par Saville, avec une cuisine extérieure et tout un jardin dans lequel piocher ses ingrédients. Ainsi que des serres pas seulement utilisées pour faire pousser des tomates, mais où un fauteuil confortable invite à paresser avec un bon livre.
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Les mauvaises herbes fleurs sauvages à l’honneur
Alan Titchmarch, l’équivalent britannique de Luc Noël, a beau faire partie du conseil d’administration de la Royal Horticultural Society, qui organise le Chelsea Flower Show, cela ne l’a pas empêché de se plaindre avant l’ouverture au public que les jardins trop sauvages, où les mauvaises herbes prennent trop leurs aises, ne font pas honneur à ceux qui les cultivent. Une opinion que ses pairs ont piétinée à grands coups de bottes en caoutchouc: pissenlits, orties, mûres, digitales, sureau terrestre, elles sont nombreuses, les plantes qu’on qualifiait hier encore de mauvaises herbes, et qui ont désormais leurs quartiers dans les jardins les plus branchés.
Aujourd’hui, on les qualifie toutefois de « plantes héroïques », bénéfiques pour la biodiversité de votre jardin, les insectes… Et votre charge mentale: si vous les voyez comme des atouts, et non des ennemies, vous devez passer moins de temps à genoux à les traquer!
Un « produit de l’année » est également choisi lors de chaque édition, et cette année, comme un écho à la tendance, c’était au tour du Lindum Wildflover Turf, un gazon cultivé sans plastique ni tourbe, et qui contient environ 27 fleurs locales.
Vive le maximalisme
Chaque centimètre peut être mis à profit. Dans le jardin du London Square Community Garden, les bordures entre le patio et les jardinières sont ainsi remplies d’herbes, et les designers ont également choisi des plantes à repiquer sous le banc et même dans l’allée.
Bois (pas si) mort
Des arbres « tombés » entre les plantes, des branches qui font office de haie ou encore des arbres sciés en guise de mobilier de jardin: le bois mort s’offre une deuxième vie dans les espaces verts et illustre de manière poétique et furieusement tendance le cycle de la nature.
Champignons magiques
Bien que les maraîchers les plus aguerris n’osent pas toujours s’aventurer sur le terrain des champignons, ces derniers ne sont pas seulement savoureux, ils contribuent aussi à améliorer la qualité de votre sol. Au The Mush Room, le stand de Caley Bros, les pleurotes poussaient aussi dans des pots, des bols et même des livres, tandis qu’au Balance Garden de Wild City Studio’s, un conteneur avait été réhabilité pour permettre la culture dans un cadre urbain.
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Tout doucement
Les deux jardins qui ont suscité le plus d’enthousiasme au sein du public? « A Letter From a Million Years Past », de Jihae Hwang, et le jardin « Nurture Landscapes », de Sarah Price. Le premier était une sorte de reconstitution d’un espace vert de Corée du Sud, avec de gros rochers, une vieille ferme abandonnée en toile de fond et le vert comme couleur dominante. Le jardin Nurture Landscapes, quant à lui, a été inspiré par l’artiste Cedric Morris, connu comme un excellent peintre paysagiste. Le résultat? Des murs couleur terre agrémentés d’iris à n’en plus finir dans des tons doux, du caramel à l’abricot en passant par le violet, avec une plantation aérée « juste ce qu’il faut ».
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Faire le mur
À force de les voir uniquement comme une manière de préserver notre précieuse intimité, on en oublierait parfois que la clôture ou le mur qui entourent notre jardin constituent également un arrière-plan parfait pour nos plantes. Qui ressortent à merveille sur fond de lattes de bois aux couleurs vives de différentes hauteurs et largeurs, afin d’obtenir un jeu d’ombres magnifiquement changeant au cours de la journée, ou bien des planches de bois noircies pour faire ressortir la verdure et les fleurs, ou pourquoi pas des carreaux vert foncé ou des murs de boue de couleur terre. Tout, sauf l’ennui!
Espaces perméables
Parce qu’il est impossible de célébrer la nature sans adopter une approche qui la respecte, l’édition 2023 du Chelsea Flower Show a été l’occasion d’arpenter nombre de sentiers faits de graviers, de briques largement rainurées ou simplement de terre damée, afin de permettre à la pluie de s’infiltrer dans le sol. Autre avantage: ces alternatives, excellentes pour la planète, sont également moins chères qu’un pavage complet.
Prendre le climat en compte
La grande absente du rendez-vous des jardiniers? La pelouse. Ce qui, pour Joe Swift, est le signe que le changement climatique, mais aussi le jardinage durable, ont durablement changé l’industrie du jardinage. Qui dit été plus chauds dit également plantes qui supportent mieux la sécheresse et la chaleur, comme les roses sauvages, la sauge ou la lavande, par exemple. Autre préoccupation: la récolte de l’eau de pluie, aussi bien pour attirer les animaux et les insectes que pour arroser le jardin en cas de besoin. Et pas question de jardiner durable en ayant recours au terreau tourbé: au Royaume-Uni, la tourbe sera en effet interdite dans le terreau dès la fin 2024.
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