Notre-Dame de Paris en feu: « On n’avait pas besoin de ça »

« On n’avait pas besoin de ça »: après la crise des « gilets jaunes » qui a fait chuter la fréquentation touristique en fin d’année dans la capitale française, les professionnels se désolent de voir un monument aussi emblématique que la cathédrale Notre-Dame de Paris dévasté par les flammes.

« C’est un traumatisme. Combien de temps va-t-il falloir pour remettre sur pied un monument historique comme Notre-Dame? », s’interrogeait lundi soir Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme. « C’est un monument tellement emblématique de ce qu’est Paris et la France, dans son rayonnement…

Visité par 12 à 14 millions de personnes par an, soit une moyenne de plus de 30.000 par jour, ce chef-d’oeuvre de l’architecture gothique situé sur l’île de la Cité, au coeur du Paris médiéval, est une étape incontournable pour les touristes qui séjournent dans la capitale.

« Pour l’image de Paris, après l’Arc de Triomphe saccagé par des casseurs pendant les manifestations des +gilets jaunes+, ce n’est pas une bonne nouvelle… cela ne donne pas une image d’un pays qui maîtrise: comment peut-on, en 2019, avoir un monument qui brûle aussi facilement ? », se désolait M. Arino auprès de l’AFP.

Les scènes de saccage sur les Champs-Elysées ont effrayé les clientèles étrangères et françaises, avec une perte de chiffre d’affaires supérieure à 250 millions d’euros dans l’hôtellerie-restauration à Paris et en Ile-de-France, selon le groupement patronal des indépendants du secteur, le GNI.

– Friends of Notre-Dame –

« On n’avait pas besoin de ça. Cela aura forcément une incidence sur l’hébergement hôtelier parce que c’est l’un des sites touristiques les plus visités en France », a estimé de son côté Jean-Virgile Crance, président du groupement national des chaînes hôtelières (Mercure, Ibis, Sofitel, Balladins, Kyriad, etc.).

« Nous étions déjà victimes des violences liées au mouvement des +gilets jaunes+, en particulier dans l’hôtellerie haut de gamme », a-t-il rappelé.

En décembre dernier, le nombre des nuitées dans les hôtels a chuté de 5,3% à Paris, théâtre de violences récurrentes lors des manifestations qui ont débuté mi-novembre, en particulier sur les Champs-Elysées, vitrine de la France à l’étranger.

« Nous avons la chance, en France, d’avoir un patrimoine inestimable, que le monde nous envie. Il faut que ce drame nous encourage à avoir une véritable stratégie, offensive, pour développer l’industrie touristique, essentielle pour le pays », a estimé M. Crance.

« C’est dramatique: c’est un monument gratuit, l’un des deux plus visités de la capitale, avec la Tour Eiffel », rappelait de son côté René-Marc Chikli, président du syndicat des tour-opérateurs Seto.

« Je me trouve ce soir sur un bateau sur la Seine: Notre-Dame est une étape de la visite… il va falloir la retirer du programme », a-t-il dit. « On n’avait pas besoin de ça », a-t-il ajouté lui aussi.

Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1991, le monument est très prisé des touristes du monde entier, en particulier ceux d’outre-Atlantique, particulièrement attachés à Qasimodo et aux autres personnages – immortalisés par le cinéma et la comédie musicale de Luc Plamondon- sortis de l’imaginaire de Victor Hugo.

Des mécènes avaient été sollicités aux Etats-Unis pour financer la rénovation du monument, dont la dernière grande restauration par Viollet-le-Duc remontait au XIXe siècle, après la publication du roman de Victor Hugo. Plusieurs centaines de « Friends of Notre-Dame » ont fait un don.

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