On a testé: la pêche à la crevette traditionnelle sur la Côte belge

© FANNY BOUVRY
Aurélie Wehrlin Journaliste

Mon voisin de bureau n’aime pas les crustacés. Si cette info n’a rien de capital, sachez que c’est ainsi que commença mon épopée puisque j’acceptai, non sans enthousiasme, de prendre son relais pour cette plongée journalistique dans le terroir septentrional pur jus (de fruits de mer) – les pistolets garnis de crevettes fraîchement épluchées, c’est mon truc.

Le D-day venu, me voilà donc au ralenti sur l’E40, avec dans les oreilles la bande-son lancinante d’une pré-ado bougonnant un « c’est une blague, on a un jour de congé et on va se taper la pêche à la crevette! » Tout ça avec une tendre moitié déplorant ce débarquement en pleine marée noire post-électorale… Une fois arrivés à sa ferme, Gunther Vanbleu, notre hôte-pêcheur, nous fait cependant oublier le trajet et nous présente la grosse Martha, un sculptural canasson brabançon de 950 kilos au plantureux popotin, tirant des boulets odorants aussi décoiffants que sa quasi-homonyme allemande. La famille est conquise.

Trente minutes de tape-cul plus tard, nous voyons poindre la digue d’Oostduinkerke, fief de cette tradition ancestrale. Les vacanciers sont là pour acclamer les héros en ciré jaune du jour

Après préparation de la bête, nous prenons place avec notre guide dans le chariot, direction la plage – une expérience à réserver via l’office de tourisme. Trente minutes de tape-cul plus tard, nous voyons poindre la digue d’Oostduinkerke, fief de cette tradition ancestrale. Les vacanciers sont là pour acclamer les héros en ciré jaune, une quinzaine d’attelages rassemblés en ce jour de démo (*). Au bord de mer, tout s’enchaîne: notre chasseur de petites grises détache son animal, étire son filet, monte en selle et nous plante là, les pieds dans l’eau. Frustration. Impossible de le suivre au large: quand le cheval s’immerge, il arrive qu’il tombe dans des trous, s’ébroue… autant dire que nos maigres notions d’équitation ne suffiraient pas. Très vite toutefois, les montures reviennent sur le sable pour le tri des récoltes: des crevettes frétillantes, des crabes, quelques poissons… « Ce sont des êtres vivants! », me rappelle ma pré-ado.

Une « pintje » avec les cavaliers et nous revoilà installés avec vue sur le postérieur de notre équidé préféré. Au retour, Martha met les gaz (dans tous les sens du terme) et nous atteignons rapidement l’écurie. Gunther, qui travaille au musée de la pêche Navigo, nous explique encore qu’il s’adonne à ce hobby deux fois par semaine, qu’il pleuve ou qu’il vente, les meilleurs mois pour attraper des spécimens dodus se situant entre septembre et décembre. Il arrive même qu’il se lève à 4 heures, l’activité se pratiquant à marée basse. On le pressentait: la pêche à la crevette, ce n’est pas pour les moules…

Nous prenons congé de nos nouveaux copains du Nord pour aller dévorer, fatalement, des garnaalkroketten… Mais non ma chérie, je te promets qu’elles n’ont pas trop souffert!

(*) Agenda sur www.visitkoksijde.be

Ces 29 et 30 juin se tient la Fête de la Crevette avec marché, concours de pêche, etc.

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