L’Experience de la Forêt Interdite d’Harry Potter: peut mieux faire

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Aurélie Wehrlin Journaliste

Depuis samedi 5 novembre, la Forêt Interdite d’Harry Potter accueille le public de fans et de curieux, dans le bois autour du château de Groenenberg, à quelques encablures de Bruxelles. Annoncé comme fantastique, mystérieux et fascinant, et comme l’évènement de cette fin d’année, on est allé y jeter un œil pour voir si la promesse était tenue. Pas si sûr….

Née il y a maintenant 25 ans sous la plume de J.K. Rowling, la saga Harry Potter est depuis devenue un produit toujours très rentable, d’autant que la communauté de Potterheads (les fans inconditionnels de la saga Harry Potter) est vivace et insatiable. Romans, films évidemment, mais aussi produits dérivés, albums Panini, vêtements, les attractions ne sont pas en reste.

La Harry Potter, a Forbidden Forest Experience, a été conçue par le studio Thinkwell, qui a aussi, par le passé, travaillé pour les Studios Leavesden de Warner Bros, au nord de Londres. Cette attraction a en fait été lancée mi-octobre 2021, au cœur du Cheshire, entre Manchester et Liverpool.  Pour la Belgique, Unify et Fever sont aussi entrés dans la danse, notamment pour la diffusion. Annoncée début septembre, la Forêt Interdite d’Harry Potter était attendue depuis comme le loup blanc dans le royaume, et même au-delà de nos frontières. Marcher dans les pas de leur sorcier héroïque préféré était attendu avec des fourmis dans les jambes par les fans belges, mais aussi français, allemands ou néerlandais, désireux de se lancer dans cette exploration sans traverser la Manche.

Simultanément à la Belgique, le débarquement de cette forêt interdite a d’ailleurs lieu au même moment dans les régions de Washington et New York, promesse d’une expérience parallèle pour les fans pourtant séparés par l’Atlantique. Voilà pour l’effet d’annonce de l’impact attendu.

Plongés dans l’ambiance

Sur le papier, on nous annonce un monde mystérieux, magique et inquiétant, un « décor fascinant ». Intrigant, excitant, enthousiasmant… Mais qu’en est-il vraiment ? On décide de tenter l’« expérience » annoncée, accompagné d’une bande de Potterheads très excités par la perspective.

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D’emblée, on arrive sur le site en longeant un parking géant, puis les cabanes en préfabriqué comme posées là au débotté, et abritant caisses et toilettes. Soit. La plongée n’a pas encore débuté, l’indulgence peut être encore de mise.

Après avoir été accueillis – et photographiés aux pieds du cerf géant qui annonce de son rocher cette Forbidden Forest Experience – , le personnel fait patienter notre groupe de visiteurs. Car le tour se fait par vague d’une trentaine de personnes, pour faciliter la circulation. L’exploration débute ainsi par la traversée d’un tunnel lumineux et musical qui nous met dans l’ambiance. On suit ensuite le sentier sonore, habillé de couleurs fantastiques.

Commence la déambulation au cours de laquelle les panneaux préviennent du risque de croiser nifflers, géants, licornes, chouettes, etc.

Faire la visite avec des fans inconditionnels et d’un naturel enthousiaste rend soi-même enthousiaste, et permet de profiter de leur énergie et de leur propre plongée dans le souvenir de la saga. Faire apparaître son patronum d’un coup de baguette magique est ainsi un moment fort pour les Potterheads qui ont su garder leur âme d’enfant.

Mais si vous n’êtes pas à fond dans cet univers, à en maîtriser toutes les références, à laisser pointer chacune d’entre elles pour raviver en vous cette lecture formidable, vous risquez d’être déçus. On aurait ainsi apprécié plus d’interactivité. Même s’il est agréable, à la tombée de la nuit, de se mettre en mode contemplatif, à force, on sombre dans la passivité. 

Et même si l’ambiance colorée et sonore est plutôt réussie et que traverser une forêt habillée de rose et de vert boréal, est plutôt saisissant, au bout d’un moment, ça ne suffit pas.

Un manque de surprises

Les créatures présentées comme magiques sont fort statiques, qu’il s’agisse d’Agrid et son fidèle Crockdure, de l’hippogriffe ou des nifflers chapardeurs de fin de parcours.

On regrette de ne pas être surpris, saisis par quelques apparitions furtives – la silhouette d’Harry ou de Ron qui croiseraient sous forme d’hologrammes notre chemin ; celles de bêtes curieuses qui surgiraient d’un buisson ou s’y enfouiraient… Ce monde mystérieux annoncé ne l’est pas tant que ça.

Et l’on est vite extrait de l’ambiance  de la mise en scène, la faute aux détails techniques que l’on foule ou qui rentrent dans notre champ de vision (préfabriqués, câbles, cabane de travaux, etc.). Des artifices que l’on aurait apprécié voir mieux camouflés pour s’immerger à fond dans un univers fantastique, prompt à nous extraire du monde de tous les jours bien moins poétique.  

Une Edwige bien trop figée

Expérience, vraiment ?

Cette attraction tant attendue sur notre sol est présentée comme l’expérience de la Forêt Interdite, soit une plongée dans l’univers sauvage qui jouxte Poudlard, et qui comme le veut une expérience, permettrait d’en sortir différent, grandi, d’avoir acquis une connaissance ou un savoir-faire.

En traversant la forêt du château qui abrite cette mise en scène, on repense à la (pseudo) biographie immersive de Frida Kahlo vue il y a quelques mois à la galerie Horta. Annoncée comme une plongée dans la vie de l’icône mexicaine, on avait en fait surtout assisté à une succession de projections de fleurs, de quelques tableaux de photos, sans pédagogie… Ici aussi, on ressort interdit devant tant de vacuité, malgré le prix d’accès.

En quittant le site, deux animateurs nous interrogent sur ce que l’on a pensé de notre visite. Les enfants, petite bande de fans, ne tarissent pas d’éloges, leur connivence jouant beaucoup dans cette critique enthousiaste. Côté adulte, on est plus dubitatif, on se demande si l’expérience d’un univers doit forcément passer par un tel déballage de moyens techniques – où les ficelles restent trop apparentes -, et le tout pour un prix d’entrée qui laisse une partie de la population sur le carreau.

Notre conclusion: mieux vaut se replonger dans cet univers en rouvrant les 7 tomes d’Harry Potter, ou, en revisionnant les films en famille. Les organisateurs ne nous en voudront pas d’avoir la dent dure : les places se vendent comme des petits pains, et les sessions sont sold out pendant les semaines qui viennent…

Infos

À partir du 5 novembre, de 17h à 23h (dernière entrée à 21h45)

Durée : entre 1 heure et 1h30 (le sentier prend entre 45 minutes et 1h15)

Dans la forêt du Château de Groenenberg, Kasteelstraat 40, 1750 Lennik (Belgique). À noter, il s’agit d’un parcours en plein air, des chaussures adaptées sont fortement conseillées. Les bottes et chaussures de marche restent la meilleure option !

Parking : les personnes venant en voiture doivent avoir une place de parking avant leur arrivée.

Arrêt De Lijn 142 juste devant l’entrée du site.

Tarifs

Ouvert à tous et gratuit pour les moins de 5 ans

Du lundi au jeudi : adulte à partir de 29 euros enfants à partir de 19 euros.

Les vendredi et samedi : adulte à partir de 55 euros enfants à partir de 40 euros

Le dimanche : adulte à partir de 50 euros enfants à partir de 35 euros

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