nature journaling alpes françaises
On a testé le nature journaling dans les Alpes françaises - DR

On a testé le nature journaling dans les Alpes françaises et mis notre cerveau surmené sur pause

Comment prendre la clé des champs quand on est un rat des villes? Cap vers les sommets, carnet en main, pour tenter de se reconnecter avec la nature – et sa vraie nature en s’initiant au nature journaling dans les Alpes françaises.

Il n’y a rien de tel pour souligner la nécessité d’une escapade «dessin nature» que de réaliser, au moment de faire les bagages, qu’on ne possède ni chaussures de randonnée ni crayons ou papier. Voilà pour l’approche optimiste, une vision plus prosaïque étant de se demander ce qui peut bien motiver une créature urbaine sans le moindre talent pour le dessin à partir dans les montagnes pour immortaliser la flore et la faune locales. Une question somme toute légitime, la réponse allant d’une folle envie d’aventure et de quiétude au désir de partir loin pour mieux se rapprocher de soi en passant par une fascination pour Walden et Into the Wild – mais avec des toilettes propres et une douche chaude, parce qu’on n’est pas là pour souffrir.

Repousser les limites, en revanche, oui, et ce au Rewild Project, un camping dans les Alpes françaises qui a vu le jour l’année dernière. A sa tête, les Belges Froya et Mark, qui ont ainsi décidé durant la pandémie que la vie était trop imprévisible pour faire des plans de retraite, et en ont profité pour trouver un moyen de réaliser leur rêve de vie dans les montagnes plus tôt que prévu. C’est à Saint-Jean-de-Maurienne, une petite commune de Savoie berceau du couteau de poche Opinel, qu’ils accueillent durant les mois d’été les touristes désireux de s’adonner au rewilding, c’est-à-dire l’élevage en milieu naturel. En d’autres termes, passer du temps dans la nature pour se rapprocher de sa propre… nature.

Notre journaliste Marie Leys (deuxième à partir de la droite) pendant un cours de dessin.

Une bonne manière d’atteindre cet objectif est de s’inscrire à une semaine de stage «journal de la nature». En dessinant plantes, animaux et paysages, on apprendrait à mieux observer l’environnement et à l’apprécier à sa juste valeur, assure-t-on du côté du Rewild Project. Et si, d’emblée, la promesse séduit, à l’approche du départ, une série d’inquiétudes se font ressentir, à commencer par celle-ci, finalement tout ce qu’il y a de plus légitime: comment retranscrire la beauté bucolique quand même un simple bonhomme en bâtonnets s’avère compliqué à dessiner? C’est là qu’intervient tout le talent de Dana, professeure de dessin, qui sait parfaitement comment mettre à l’aise les élèves les plus craintifs. Avec des exercices courts et ludiques tels que «Trouvez un objet autour de vous et dessinez-le en cinq minutes sans lever votre crayon une seule fois», elle s’assure que tout le monde soit absorbé par sa feuille de papier en deux temps trois mouvements. Une approche certes scolaire, mais qui a le mérite de faire disparaître toutes les craintes éventuelles au profit d’une concentration presque méditative.

Que la montagne est belle

Et tant pis si dès l’arrivée, il s’avère que les autres participants à ce stage hors du commun semblent avoir bien plus d’expérience du rewilding. Equipés de chapeaux pour se protéger du soleil et de bâtons de randonnée, ils regardent avec une pitié bienveillante les rats des villes qui affrontent les montagnes en baskets et en jeans. Pour peu, on se croirait presque en début de saison de Koh Lanta, avec les aventuriers d’un côté et les amateurs de l’autre, un sentiment renforcé quand, à la vue d’une marmotte, un membre du groupe s’extasie sur ce joli «wombat». Mais Mark et Froya, Anversois de longue date, se veulent rassurants. Après tout, n’ont-ils pas choisi de s’établir dans les montagnes pour donner à d’autres citadins le goût de la nature sauvage, et les inviter à s’abandonner à l’environnement et à eux-mêmes?

Le résultat n’est pas forcément à la hauteur des attentes… mais ce n’est pas l’objectif!

Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, et par chance, si dessiner un paysage de montagne nécessite quelques connaissances de base, entre perspective, théorie des couleurs et cadrage, Dana dispense conseils et leçons avec en toile de fond les vues panoramiques de notre alpage. Puis il s’agit de passer à la pratique et de tenter de discerner où s’arrêtent les arbres et où commencent les montagnes, où le soleil de l’après-midi projette ses ombres et où il est question de sillons sombres creusés par l’érosion, et surtout, comment rendre ce relief sur papier. Autant dire que tant la patience que les gommes des apprentis artistes sont sollicitées.

«En dessinant plantes, animaux et paysages, on apprend à mieux apprécier la nature à sa juste valeur.»

Et si malgré d’honnêtes efforts, le résultat final n’est pas fameux, heureusement, ce n’est pas là l’objectif. On ne vient guère ici pour exposer dans une quelconque galerie, mais plutôt pour expérimenter avec la méditation et la pleine conscience un trait de crayon à la fois, et pour apprendre à ralentir le rythme effréné de nos pensées en contemplant les paysages avoisinants. Quand vient le moment de plier bagage et de renouer avec la civilisation, on repart avec une appréciation nouvelle pour la nature, mais aussi et surtout, quelques précieux enseignements. Bien sûr, il ne suffit pas de quelques jours parmi les sommets pour changer complètement qui on est, mais faire ainsi l’expérience d’une approche plus paisible de notre environnement invite à réévaluer la course quotidienne. Voire à commander crayons de couleur et chaussures de randonnée dès le retour au Wi-Fi… 

Envie de vous initier au nature journaling dans les Alpes françaises?

En pratique

La prochaine session aura lieu du 8 au 15 septembre. On peut réserver le stage à 250 euros, ou ajouter un séjour d’une semaine dans une tente équipée, avec tous les repas. Si vous voyagez seul, comptez 945 euros, mais à partir de trois voyageurs, le prix passe à 695 euros par personne. A noter: Froya et Mark ne parlent pas un français parfait, mais tout le monde est le bienvenu. Plus d’infos sur rewild-project.com

Nous avons fait l’aller-retour avec une voiture de location hybride de Sunny Cars. Il est également possible de prendre le train depuis la Belgique jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne, après quoi vous serez pris en charge par Froya et Mark.

À proximité

• Le projet Rewild organise également une semaine intitulée From Routine to Rewild, au cours de laquelle on (ré)apprend à bouger naturellement grâce à la thérapie en eau froide et à la randonnée pieds nus, à moins de choisir de passer cinq jours à randonner en haute montagne avec un guide. Il est également possible de faire du vélo, du VTT, des excursions sur les glaciers, de la via ferrata, du parapente ou de la pêche dans la région.

• A Saint-Jean-de-Maurienne, se trouve l’incontournable musée Opinel.

• A ne pas manquer sur place, la visite d’une chèvrerie, d’une ferme d’herboristerie de montagne ou encore d’une coopérative d’affinage de fromage, histoire de rapporter de délicieux souvenirs dans ses bagages.

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