Petites stations de ski : et si la neige ne revenait pas ?

Chalmazel © AFP

Les petites stations du Massif Central, comme les autres, ne manquent pas de neige cette année. Mais tous les hivers ne se ressemblent pas et face au réchauffement climatique, elles misent sur l’enneigement artificiel et une diversification de leurs activités.

Les petites stations du Massif Central, comme les autres, ne manquent pas de neige cette année. Mais tous les hivers ne se ressemblent pas et face au réchauffement climatique, elles misent sur l’enneigement artificiel et une diversification de leurs activités.

Chalmazel (Loire), nichée dans le parc régional du Livradois-Forez, va engager une vaste réorganisation, d’ici 2021, destinée à conforter son domaine skiable sur les 15 prochaines années.

La première phase du projet, estimée à 5,2 millions d’euros, permettra de remplacer ses canons à neige par des modèles dernière génération, moins énergivores, et d’agrandir la retenue d’eau nécessaire à leur fonctionnement, de 3.000 à plus de 15.000 mètres cube.

« Cet hiver, c’est une bonne saison. Mais sans neige de culture, nous n’existerions plus depuis longtemps. Aujourd’hui, on doit être en capacité de garantir rapidement de la neige de qualité au bas des pistes », explique le directeur de l’agence de développement touristique de la Loire, Jean-François Gibert.

Car si les skieurs de cette station familiale, culminant à 1.640 mètres d’altitude, profitent d’une neige naturelle actuellement, les flocons avaient cruellement manqué ces trois dernière années.

Au pied du Mont Mézenc, la station des Estables (Haute-Loire) estime aussi que les « enneigeurs » l’ont « sauvée », installés en 2013 grâce à des capitaux privés, provenant principalement de commerçants. « Du coup, on n’a pas fait zéro euro de recettes en fin de saison et cela nous a permis de garder nos emplois », dit le président de la Société d’investissement pour la station des Estables, Philippe Michel, qui loue du matériel de ski.

« Pour préparer l’avenir et investir, il faut souvent consolider la ressource en neige car elle fait partie des éléments fondamentaux de l’équilibre économique », abonde Jean-Philippe Bosse, consultant associé du cabinet d’études Protourisme.

Une course à l’échalote critiquée cependant par la Cour des Comptes, qui s’est penchée sur la stratégie des stations face au réchauffement climatique. Pour elle, « cela ne permet, au mieux et à un coût élevé, que la préservation d’un enneigement minimal », qui ne dissuade pas les skieurs de se déplacer vers les domaines mieux enneigés.

– Forfaits moins chers –

Mais les petits domaines du Massif Central estiment avoir toujours une « carte à jouer » et mettent en avant les retombées de tels équipements. « Il faut réfléchir en termes d’économie induite. Ce sont des poumons économiques en hiver », estime Hervé Pounau, directeur de la station du Lioran et délégué régional de Domaines Skiables de France, la chambre professionnelle du secteur.

« On ne peut pas condamner toute une économie locale sur l’hypothèse du réchauffement. Il faut qu’on s’adapte », juge Philippe Michel.

A l’heure où seulement 8% des Français partent au ski au moins un an sur deux, ces stations se veulent aussi être des « tremplins » pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer les forfaits des grands domaines des Alpes du Nord. « Malgré leurs faibles dénivelés, ce sont des outils très intéressants pour découvrir le ski, notamment chez les enfants », confirme M. Bosse.

La tendance générale est aussi à l’installation d’activités « réversibles », hiver (chiens de traîneaux, snowkite, fatbike…) comme été (accrobranche, VTT à assistance électrique…).

Chalmazel projette d’installer ainsi des équipements de « luge tubbing » (une piste à virages relevés, comme pour le bobsleigh) et luge sur rail, ainsi qu’un parcours ludique avec tyroliennes.

Dans l’Aveyron, le domaine de Brameloup s’est allié à quatre autres petites stations du haut plateau de l’Aubrac dans un Pôle d’activités de pleine nature, et espère devenir un site labellisé pour la pratique du VTT.

« On joue sur la complémentarité car on n’a pas les moyens financiers de partir à la course aux armements », reconnaît le chef d’exploitation, Gonzalo Diaz.

Cette nouvelle échelle de territoire et la diversification des activités, que recommande la Cour des comptes, « c’est la dernière chance pour les stations. Elles ont eu envie de baisser les bras mais là, ça les remotive, surtout quand la neige fait son retour », souligne Mylène Gras, du futur Parc naturel régional de l’Aubrac.

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