Pour continuer à voyager, on a testé le simulateur de vol

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On a testé un simulateur de vol tellement réaliste qu’à l’heure d’écrire ces lignes, on n’est pas encore sûrs d’être totalement revenus de notre tour du globe. Chronique d’une virée virtuelle garantie sans jetlag.

Enchanté, je suis Johan, et je dois vous avouer un truc: depuis septembre dernier, je ne me retiens absolument pas de voyager. Je me suis déjà rendu dans les îles du Cap Vert, des Marquises et de Salomon. J’ai admiré l’époustouflante beauté rouge de Bryce Canyon au coucher du soleil. J’ai aperçu des milliers de flamants roses en Patagonie, et j’ai suivi un troupeau d’éléphants en survolant le Delta de l’Okavango au Botswana. J’ai même pris un selfie au sommet du Mont Everest et de l’Uluru. Sans compter tous mes atterrissages dans les aéroports les plus iconiques du monde: le splendide Changi de Singapour, le fourmillant Haneda de Tokyo ou le minuscule Cristiano Ronaldo de Madère. Oui, tout cela en plein confinement, mais sans quarantaine ni test PCR. Et une empreinte écologique… inexistante.

Le secret? Il s’appelle Microsoft Flight Simulator 2020, un outil pour PC qui anéantit les frontières entre envie et réalité. La bonne nouvelle, c’est que pour s’y essayer, il ne faut pas du tout être un expert en jeux vidéo ou un geek incurable. Il ne faut même pas avoir de notions en pilotage: tout est intuitif. Quel que soit votre âge, je vous invite donc à poursuivre votre lecture. Et à découvrir le remède parfait pour soulager votre claustrophobie (éventuellement) déclenchée par la Covid, assouvir votre puissant besoin de voyage et, surtout, vous envoler vers des cieux apaisants ou des décors de rêve avec les yeux grands ouverts…

Pour continuer à voyager, on a testé le simulateur de vol
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Plus vrai que nature

En 1982, lorsque j’ai testé la première version de MS Flight Simulator sur l’Apple II d’un ami, j’étais encore un gamin qui rêvait de devenir pilote. J’étais à la fois fasciné et dépassé par ce simulateur pourtant très rudimentaire, composé de quelques lignes et pixels qui dessinaient l’horizon, la piste et le cockpit de façon très simpliste. Un seul avion était alors proposé: le Cessna, qui pouvait uniquement décoller de quelques aéroports américains – Chicago, Seattle, Los Angeles et New York. On y apercevait virtuellement quelques gratte-ciel… avec beaucoup d’imagination. Une nouvelle version, chaque fois améliorée, sortait tous les deux ans. En très peu de temps, le programme est devenu l’un des jeux informatiques les plus populaires du monde. Et tellement bien conçu que les terroristes du 11 septembre l’utilisèrent comme outil d’entraînement (en plus de quelques heures de vol) pour aller percuter les tours jumelles…

Nuages sans trucages

Aujourd’hui, presque quarante ans et des dizaines de versions plus tard, le simulateur permet de monter à bord de quelque trente-cinq appareils différents sur sa version premium deluxe. Des avions tellement détaillés que certains vrais pilotes s’entraînent avec le jeu. Cerise sur l’expérience: on peut également tester des avions de brousse comme le Zlin Savage Cub, des engins à turbopropulseurs rapides comme le Beechcraft King Air, ou encore des jets d’affaires sympathiques comme le Cessna Citation. Sans oublier l’impressionnant Boeing 787 Dreamliner de pointe, avec lequel il est possible de parcourir de longues distances intercontinentales à une altitude de croisière. Le tout sans les désagréments du décalage horaire.

Le générateur de météo, qui reproduit le ciel en temps réel, est un outil incroyable qui rend l’expérience à la fois captivante et magique.

Le plus renversant ne se passe pas dans le cockpit, mais bien dans les nuages. Car le MS Flight Simulator charge ses images satellites de la Terre, ses données de vol et ses conditions météorologiques… en temps réel. Concrètement, cela signifie que s’il pleuvine aujourd’hui à Bruxelles, c’est sous les gouttes que vous décollerez de Zaventem. A travers les cumulus, vous apercevrez les appareils qui volent au moment où vous jouez. Et vous pourrez même survoler votre maison si celle-ci se trouve dans les environs et que le ciel est dégagé. Certes, toutes les habitations ne sont pas représentées dans les moindres détails, mais les développeurs ont fait un travail méticuleux. Et ils ont passé des années à reconstruire avec une précision remarquable tous les endroits iconiques de notre planète. Ainsi, on peut « simplement » s’offrir des vols scéniques au-dessus du Gand Canyon, du Mont Fuji, du Machu Picchu, de Paris, des glaciers islandais, de l’Ayers Rock australien, des plages somptueuses de Zanzibar… ou même de la Citadelle de Namur!

Pour continuer à voyager, on a testé le simulateur de vol
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En cours de vol, de nombreux détails sont à découvrir. Au-dessus du désert de Nazca, j’ai pu apercevoir les mystérieuses lignes de Nazca, ces étranges figures dessinées au sol qui intriguent les scientifiques depuis longtemps. J’ai observé le sphinx et les pyramides à Gizeh, sur fond de coucher de soleil, ou j’ai admiré les girafes se prélassant autour d’un point d’eau, durant un vol à travers les cieux de la réserve nationale de Masai Mara. Un jour, juste avant d’atterrir à Los Angeles, j’ai regardé les voitures défiler comme des petites fourmis sous mon train d’atterrissage. Puis, dans cet aéroport qui est l’un des plus fréquentés du globe, j’ai dû faire la queue pour rouler parmi les autres avions de simulation en provenance du monde entier. Car en réalité, le Flight Simulator s’apparente à une gigantesque communauté virtuelle. Quand on vole en temps réel, on croise à la fois les vols réguliers, mais aussi tous les « joueurs » qui se faufilent dans l’espace aérien partagé. Cela conduit parfois à ce que l’on appelle un « fly-in », soit un attroupement d’appareils. En octobre dernier, par exemple, je me suis retrouvé à tournoyer avec des dizaines d’autres pilotes dans l’oeil de l’ouragan Zeta, qui frappait les côtes de Louisiane à plus de 200 km/h. Lorsque le vent brisa les ailes de mon petit Cessna, je suis allé me servir un verre de vin, histoire de décompresser en douceur. Quelques minutes plus tard, je décollais d’une île des Caraïbes sous une météo bien plus relaxante…

Pas tout à fait un jeu

Les vols « idylliques » sont clairement ceux qui épatent le plus. Le générateur de météo qui reproduit le ciel en temps réel est un outil incroyable, qui rend l’expérience à la fois captivante et magique. D’ailleurs, le programme peut désormais être combiné avec un casque de réalité virtuelle (comme l’Oculus Rift) qui procure une authentique sensation de voler pouvant provoquer des haut-le-coeur et de véritables frissons lorsqu’on traverse un trou d’air. Parmi les options intéressantes: des modules complémentaires pour les avions, des compagnies aériennes (si vous choisissez Ryanair, par exemple, vous travaillerez selon un horaire fixe avec des conditions de travail plutôt tranquilles) ou des terrains d’aviation spécifiques. La communauté en ligne offre un éventail immense de possibilités, guidant les utilisateurs à travers un réseau de quelque 37 000 aéroports. Une sorte de grande tour de contrôle dans laquelle des bénévoles aident les novices à réussir leurs vols… tout en assurant la survie des passagers.

Pour continuer à voyager, on a testé le simulateur de vol
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Certains qualifieront ce Flight Simulator de jeu vidéo, mais ce serait le dévaloriser. Disons qu’il s’agit surtout d’une fabuleuse représentation virtuelle de notre vaste et belle planète, qui permet de se rendre aux quatre coins du monde sans jamais devoir quitter son salon ou son bureau. Le tout en compagnie de milliers de pilotes amateurs qui, comme vous, peuvent parfois avoir des appréhensions en raison de leur manque de connaissances, mais peuvent se référer à de nombreux tutoriels afin de se jeter à l’eau (c’est une expression! ) et s’entraîner dans l’aéroport de leur choix. En ce qui me concerne, veuillez m’excuser, mais je dois absolument procéder à la check-list de décollage de mon appareil: cette nuit, je relie Amsterdam à Singapour à bord de mon Boeing 747-800. Veuillez attacher vos ceintures et refermer vos tablettes, merci.

En pratique

– Microsoft Flight Simulator 2020 est disponible sur ordinateur et via les plates-formes de jeu Steam ou Microsoft Xbox. Il existe trois versions dont la différence principale est le nombre d’appareils dont vous disposez: standard (20 avions), deluxe (25 avions) ou premium deluxe (35 avions).

– Sachez que le programme est exigeant pour votre ordinateur. Le minimum est d’avoir une machine de gaming avec 8 GB de RAM et une bonne carte graphique (comme la GeForce GTX).

– De nombreux équipements périphériques sont disponibles: un joystick de vol, des poignées d’accélérateur, des palonniers, ainsi que des cockpits semi-professionnels entièrement équipés.

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