Randonnée en Nouvelle-Zélande: le paradis à portée de pieds

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Avec ses décors incroyables, la Nouvelle-Zélande s’impose comme un exquis paradis pour les randonneurs. Récit d’un périple parmi les vertes vallées et les collines à perte de vue, où le mot « confort » perd tout son sens… et c’est très bien comme ça.

Texte et photos Maya Toebat

Nous remplissons nos yeux des crêtes qui s’étalent devant nous. Un petit carré se dessine. C’est le refuge Moonlight Top, notre destination du jour. Le lieu semble si loin que nous avons du mal à croire qu’on 
l’atteindra à temps. Mais cette sensation d’infini s’était déjà emparée de notre esprit à l’aube, lors du départ de cette fascinante aventure qui allait durer plusieurs jours.

Nous nous sommes mis en tête de parcourir une partie du Paparoa Track. Objectif : marcher, et encore marcher, histoire de se vider complètement la tête. Les randonnées de plusieurs jours en Nouvelle-Zélande ont néanmoins une particularité : la plupart des refuges sont attribués selon le principe du premier arrivé, premier servi. Et nous n’avions pas la place pour emporter une tente comme plan B. Difficile, donc, de prévoir à quel endroit nous allions dormir une fois nos forces épuisées…

Routeburn Track à l’aube, lorsque les contours des montagnes et la brume s’élèvent dans les vallées désertes… Magique.

Entre forêts et rivières

Comme nous sommes en Nouvelle-Zélande depuis un mois, après les randonnées d’une journée, il était néanmoins temps de s’attaquer à quelque chose de plus grand, de plus long, de plus fou. Pour n’avoir aucun regret. Très vite, nous découvrons que derrière chaque virage, il y a un autre virage, mais aussi que derrière chaque ville, se déploie une immense réserve naturelle où il est difficile de se déplacer sans voiture. Nous cherchons donc un moyen de pénétrer plus profondément dans le pays. Nous réservons deux nuits au Pororari Hut sur la côte ouest de l’île du Sud… et c’est parti.

Nous marchons le long de la rivière, sous le chaud soleil de l’après-midi, traversant cinq ponts suspendus et une forêt dense, où quelques pavés témoignent d’une route datée 1915 qui servait à transporter le bétail. Les arbres deviennent plus petits et nous mènent vers une crête. Nous sommes entourés de collines vertes à perte de vue, une forêt en relief dessinant un décor enchanteur.

Des cabanes très prisées

Lorsque nous posons notre sac à dos dans le refuge cinq heures plus tard, les lieux sont déjà remplis de Néo-Zélandais : quelques sexagénaires, un couple et un grand groupe d’amis qui se donnent rendez-vous chaque année ici. La vie en plein air fait partie intégrante de l’identité néo-zélandaise. Un sentier de randonnée de 3 000 kilomètres traverse le pays – le Te Araroa trail – et plus de 900 cabanes offrent un hébergement dans la nature. Certaines font partie des dix « Great walks » officiels, comme le Paparoa Track. Celles-ci ont été créées en 1992 pour mieux gérer les sentiers de randonnée emblématiques et très fréquentés. Depuis, il existe des campings et des cabanes dont le nombre de places est limité.

Escale au cœur de Paparoa Track. Les cabanes sont rudimentaires, avec des lits superposés et des feux à gaz pour réchauffer les repas. Mais le luxe, ici, est de dormir au milieu des montagnes et des vastes forêts…

Ces cabanes en bois, autosuffisantes mais bien équipées, s’adressent aussi bien aux novices qu’aux randonneurs expérimentés. Eau potable, toilettes, feux à gaz, poêle et lits superposés avec matelas font partie de l’équipement, afin de ne pas avoir à tout porter vous-même. Mais attention, ils se remplissent vite : chaque année, en mai, les kiwis se ruent sur leurs ordinateurs dès l’ouverture des réservations. Nous n’avons d’ailleurs trouvé de la place que dans une seule cabane…

Même pas mal !

Nous n’avons donc pu voir qu’une infime partie du Paparoa Track, mais ce fut assez pour nous donner l’envie de revivre de telles expériences. Ainsi, plus tard, après quelques superbes randonnées d’une journée vers les glaciers de Franz Josef et du Mont Cook, c’est avec le sourire que nous repartons pour quelques jours supplémentaires de rando en sac à dos. Direction, cette fois, le sentier de Hump Ridge Track, à l’extrême sud de l’île du Sud, là où le soleil se couche le plus tard en Nouvelle-Zélande.

Une navette nous dépose, avec vingt autres randonneurs, au point de départ. Le premier tronçon longe la plage humide qui brille sous le soleil matinal. Le vert des arbres est resplendissant. On profiterait bien du paysage durant un long moment, mais il faut adopter un bon rythme, car le chauffeur nous a prévenus qu’il ne fallait pas sous-estimer la randonnée. Peut-être sommes-nous un brin trop enthousiastes : en sautant sur les pierres d’un ruisseau, nous glissons… et c’est le drame. Genou tordu.


Nous refusons, bien sûr, d’accepter l’idée que cette marche s’achève déjà. Avec un bâton, nous avançons pas à pas « pour voir comment ça va », mais surtout avec l’objectif d’arriver malgré tout jusqu’à la cabane. On s’y installe quelques heures plus tard, profitant de la vue sur le vaste océan. Il règne là un silence inouï qu’on ne peut connaître qu’en marchant plus de 20 kilomètres loin de la civilisation, même avec un genou enflé.

Cela fait des années que le Hump Ridge Track est présenté comme le onzième Great Walk. Notre verdict ? Ce statut est amplement mérité, tant les refuges sont en excellent état, avec des possibilités de chambres privées, de douches chaudes et de repas du soir. Le paysage, lui, est tout aussi luxueux : depuis la côte, on traverse la forêt tropicale, on passe devant des fougères, on franchit le plus long pont en bois du pays et on gravit des collines en profitant de la vue sur les montagnes. Les randonneurs sont dans leur élément, mais les animaux aussi : le deuxième jour, un oiseau fait de l’auto-stop sur notre sac à dos et, le soir, près du refuge de Port Craig, nous apercevons un dauphin d’Hector, l’une des plus petites espèces au monde, à la nageoire dorsale arrondie.

Seuls au monde

Partir seul(e) en vadrouille à l’autre bout du monde, drôle d’idée ? Nous nous sommes souvent posé la question avant le départ, avec nos proches. Sur place, nous ne nous sommes jamais sentis en danger dans la nature néo-zélandaise. Contrairement à l’Australie, il n’y a pas d’animaux dangereux en raison de l’isolement géographique. Et en réalité, nous n’avons pas souvent été seuls.

‘On est comme un grain de sable dans ce paysage majestueux, et en même temps, on se sent grand, comme si les montagnes nous soulevaient.’

En entamant le célèbre Routeburn Track une semaine plus tard – grâce à une annulation de dernière minute –, nous avons rencontré un randonneur toutes les heures environ, et les refuges sont également remplis de chouettes personnes. Le premier soir, nous avons papoté avec une Hollandaise et une Canadienne faisant le trek de trois jours en une journée. Plus loin, au bord du lac, des Australiens nous ont annoncé qu’ils fêtaient leur 50e anniversaire. Enfin, autour d’un bol de nouilles instantanées, nous avons discuté avec une Néo-
Zélandaise d’un certain âge effectuant son premier trek « longue durée ».

Le lendemain matin, nous partons en premier. Accompagnés par le soleil, nous zigzaguons vers les hauteurs en laissant le lac Mackenzie et sa cabane derrière nous. La sensation est étrange : on est comme un grain de sable dans ce paysage si majestueux, et en même temps, on se sent grand, comme si les montagnes nous soulevaient. En franchissant un virage, un panorama incroyable se déploie. A gauche, une vallée profonde avec, derrière elle, une chaîne de montagnes enneigées. Devant nous, la mer avec le fjord de Milford Sound, l’une des attractions les plus visitées de Nouvelle-
Zélande. Après avoir franchi le col du Mount Aspiring National Park, la descente commence, le long d’un lac qui se transforme en rivière et coule à nos côtés jusqu’à une chute d’eau au Routeburn Falls Hut, dernier refuge de notre voyage.

Le long de la Hump Ridge Track

Cette nuit-là sera marquée par un manque de sommeil et des pieds froids (conseil : n’optez pas pour un sac de couchage d’été trop fin). Dès que les premières lueurs du jour transpercent les rideaux, nous posons la marmite sur le feu, tout en réalisant que c’est la dernière fois que nous accomplissons ce geste devenu familier. Nous observons le paysage, un bol de flocons d’avoine bien chaud entre les mains. Même au milieu de cette immensité, nous ressentons une certaine distance, car il reste toujours une part d’inaccessible. L’envie de revenir est d’autant plus intense…

Le plein d’infos sur le pays: destination-nouvellezelande.com

10 Great Walks à ne pas manquer

Île du Nord

1. Lake Waikaremoana Track (44 km) : autour du pittoresque lac Waikaremoana, avec vue sur la forêt tropicale et les montagnes environnantes.

2. Tongariro Northern Circuit (50 km) : dans des paysages volcaniques, y compris le Tongariro Alpine Crossing, l’une des randonnées d’un jour les plus célèbres au monde.

3. Whanganui Journey 
(145 km) : kayak sur le Whanganui, le premier fleuve au monde à avoir reçu une 
personnalité juridique.

Île du Sud

4. Abel Tasman Coast Track (60 km) : randonnée ou kayak le long des plages dorées et des eaux turquoise du parc 
national d’Abel Tasman.

5. Heaphy Track (82 km) : à travers les forêts tropicales, les prairies et les palmiers nīkau du parc national de Kahurangi. Aussi possible en VTT.

6. Paparoa Track (55 km) : sur des roches calcaires, des crêtes et à travers des forêts tropicales denses. Egalement possible en VTT.


7. Routeburn Track (32 km) : le long de prairies alpines, de lacs d’altitude et avec des vues sur de vastes chaînes de montagnes et des vallées.

8. Milford Track (53,5 km) : la plus célèbre des randonnées, avec des vallées profondes, des lacs limpides et des chutes d’eau vertigineuses.

9. Kepler Track (60 km) : une promenade panoramique le long des crêtes montagneuses, des forêts de hêtres et des lacs Te Anau et Manapouri.

Île Stewart

10. Rakiura Track (32 km) : une randonnée plus éloignée sur une île au sud de l’île du Sud. Vous passerez devant des plages de sable désertes, des forêts indigènes et aurez peut-être la chance d’apercevoir un kiwi.

Sur le site Internet du Department of Conservation (DOC), vous trouverez des descriptions de ces randonnées, les refuges à réserver, des cartes et des annonces sur l’état des sentiers. Une nuit dans un 
refuge coûte en moyenne 
30 NZD (environ 17 euros). Vous devez apporter nourriture, sac de couchage et autres articles de première nécessité. Notez que les saisons sont 
inversées : la période de 
randonnée s’étend donc de fin octobre à avril.

Lire aussi: 5 chemins de pèlerinages aux décors incroyables.

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