Rencontres au large: « profiter de la mer, de l’aventure et du voyage »

Charles Caudrelier © Belga

Au coeur de l’Atlantique, les skippers Charles Caudrelier et Franck Cammas (Maxi Edmond de Rothschild) mènent la flotte de la Transat Jacques Vabre et font des « rencontres au large » qui leur ont donné des frayeurs ou les ont transportés. Journal de bord.

Caudrelier a livré le premier volet de ce carnet de bord, revenant sur la « peur de sa vie » quand le bateau a frôlé un cargo, et cette envie de « voyager » autrement quand il a échangé à la radio avec une petite fille qui naviguait avec ses parents à bord d’un voilier pour une année en mer.

Le tandem, à la barre d’un maxi-trimaran volant de 32 mètres, était en tête dimanche matin de la Transat Jacques Vabre, et faisait route en direction de l’archipel brésilien de Fernando de Noronha.

« Quand on part en mer, au large, on sait que les rencontres seront nombreuses. Il y a celles que l’on préfèrerait éviter et celles auxquelles on ne s’attend même pas mais qui font du bien.

Mardi dernier dans la soirée, c’était une rencontre du premier genre… Avec Franck on a eu la peur de notre vie, même si tout est allé tellement vite que sur le coup tu n’as pas le temps d’avoir peur. C’est après en repensant à la scène que ça te glace le sang. La zone du cap Finisterre, c’est comme le Rail de Ouessant. C’est super fréquenté. Entre les cargos, les porte-containers, les pêcheurs… Il y a beaucoup de monde et il suffit de voir tous les AIS (Automatic Identification System/système qui permet de détecter automatiquement la présence d’autres navires, NDLR) qui émettent pour comprendre que la veille n’est pas une option.

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null© Belga

Déjà l’an dernier sur l’une de nos tentatives de Trophée Jules Verne (record du tour du monde en équipage, NDLR), nous avions dû slalomer au milieu des immenses unités d’acier. Mais c’était de jour et nous étions en équipage. Mardi, il faisait nuit noire, avec Franck on préparait un empannage (changer de direction par vent arrière, NDLR) dans un vent soutenu. Le cargo ne nous a pas vus et nous n’avons pas entendu nos alarmes. Franck a poussé la barre en grand pour empanner. Le cargo nous a frôlé, il est passé à 30 mètres de nous, moins que la longueur du Maxi Edmond de Rothschild… On s’est retrouvé à le longer. C’est dans ces moments-là que tu te sens tout petit…

Rencontres au large:
© Belga

Après cette grande frayeur, nous avons fait une autre rencontre, mais d’un tout autre genre. Entre les Canaries et le Cap Vert nous avons croisé un voilier qui nous a appelés en VHF (radio ondes hertziennes, NDLR). À bord, il y avait une petite fille avec ses parents. Ils étaient partis de France mi-juillet pour une année sabbatique en mer. Elle était très marrante, très curieuse, elle nous a posé beaucoup de questions. Je pense qu’elle devait avoir 10, 12 ans mais très mature. Elle était fascinée par notre vitesse car eux, ça faisait une semaine qu’ils étaient partis des Canaries pour le Cap Vert et nous on était passé 24 heures avant. Mais ils étaient heureux de prendre leur temps. C’est des voyages qui me font rêver… Des voyages comme ça en famille il y a peu de gens qui ont le courage de le faire. Ce n’était pas toujours possible de le faire mais il faut aussi du courage. Il faut se lancer, tout quitter. Cette petite fille, elle m’a fait penser à mes enfants et c’est des choses que l’on a envie de leur raconter : le voyage de cette petite fille.

Rencontres au large:
© Belga

Nous, on est dans la compétition ! On cherche à faire les bateaux les plus rapides du monde pour aller le plus vite possible sur l’eau. Y rester le moins longtemps, c’est notre objectif. Eux, ils sont là pour profiter de la mer, de l’aventure et du voyage ».

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