Roadtrip en voiture électrique en Italie: carnet de route de Gand à Turin
A quoi ressemble un e-trip ? Comment gérer les temps de charge ? Pour le savoir, notre journaliste s’est lancée dans un road trip électrique à travers l’éternelle Italie. Chouette manière de (re)charger ses batteries!
Allons-nous revenir rechargés à bloc… ou à bout d’énergie ? C’est la question que l’on se pose en attrapant les clés de notre Polestar, voiture 100 % électrique qui se présente comme l’alternative européenne à Tesla depuis 2020. Pour tout dire, nous sommes un peu nerveux. Arriverons-nous en une seule journée ? Y aura-t-il suffisamment de stations de recharge en chemin ? En faisant quelques recherches sur Polestar, nous avons lu des histoires folles, avec des voitures qui calent ou se bloquent sans raison, mais aussi des lignes d’assistance téléphonique auxquelles personne ne répond… C’est peu dire que nous ne partons pas totalement sereins, même si nous prenons le temps de baptiser notre voiture : elle s’appellera Polly.
Le plus important: un bon GPS
Mais revenons au début, à l’époque pré-Polly. Les jours précédant le départ, nous avons réfléchi à tout. Jusqu’où peut-on rouler ? Quelles applications faut-il télécharger ? Comment trouver les stations de recharge ? «En fait, vous n’avez pas besoin des réponses», nous a rassuré l’homme chez qui nous sommes allés chercher le véhicule. «Cette voiture vous donnera des papillons. Et je vous parle en connaissance de cause, puisque je teste à peu près toutes les grandes marques qui arrivent dans ce garage», poursuit-il en allumant le grand écran tactile sur lequel il tape le mot «Turin».
Polestar a développé sa propre technologie en collaboration avec Google Maps. Une seconde plus tard, la voiture nous indique les lieux de recharge, le temps de roulage et l’heure d’arrivée. Pour éviter un arrêt – parce qu’il n’y a pas de café ou de toilettes, par exemple – vous pouvez facilement choisir une autre option. Le système prend aussi en compte les chargeurs rapides, histoire d’optimiser le trajet. Nous quittons Gand à 8 heures. Notre destination finale : Turin, après 1.062 km de route.
A 22 h 30, nous traversons la cité transalpine, accueillis par des jolis bâtiments et des places majestueuses, des Turinois élégamment vêtus et l’odeur des pâtes fraîches dans les rues. En chemin, nous avons traversé les Alpes alors que le soleil laissait tomber ses derniers rayons sur les pics montagneux. Polly et son ordinateur de bord nous ont guidés à la perfection. Nous avons dû recharger quatre fois la voiture et notre temps de charge a varié entre vingt et trente-cinq minutes à chaque arrêt. Le temps de siroter un café.
Un budget pas évident à définir
Pour répondre à la question la plus souvent posée, la Polestar 2 a une autonomie de 655 km, même s’il est préférable de ne jamais rouler avec une batterie complètement vide. Pour la recharger, nous voyageons avec deux pass, car il n’est pas possible d’acheter de l’électricité à la borne avec une carte bancaire. Nos pass Travelcard et Plugsurfing fonctionnent partout. Il existe aujourd’hui plus de 50 pass de recharge différents, et ce marché est aussi emmêlé que la boîte de câbles électriques que vous gardez « au cas où » au grenier. De nombreux conducteurs de VE ont dû acheter plusieurs pass avant de trouver le bon.
Combien coûte un voyage vers la dolce vita ? On pourrait penser que la recharge électrique est moins chère. Pas vraiment, hélas. A l’aller, par exemple, nous avons payé 118 euros. Ce prix s’explique principalement par l’utilisation de chargeurs rapides. L’ensemble des pleins nous a coûté 570 euros. Et les tarifs sont assez flous. Contrairement à une pompe à essence, une station de recharge indique rarement le montant final. Les prix varient d’un fournisseur de pass de recharge à l’autre, d’une station de recharge à l’autre, d’un abonnement à l’autre, d’une ville ou d’une province à l’autre.
Bien sûr, se déplacer en voiture électrique n’est pas donné : la voiture elle-même coûte au minimum 45.000 euros, un prix légèrement compensé par des taxes moins élevées et l’absence de frais d’entretien. Mais il faut être honnête : cette voiture roule sur des nuages et la sensation de conduite est unique. «On ne peut pas la comparer à une voiture classique. La technologie est différente et l’absence de changement de vitesse et de combustion diesel associée à une accélération des plus fluides donne un grand sentiment de calme.»
A côté de cela, il y a tellement de gadgets qu’on ne fait presque rien soi-même. Avec la fonction «conduite à une pédale», la voiture reconnaît quand il faut freiner. Très pratique dans un embouteillage, où Polly prend presque le volant elle-même. L’engin est tellement malin qu’il analyse la route et nous permet presque de rouler sans les mains – précisons néanmoins que, pour l’instant, on ne peut lâcher le volant que pendant sept secondes, avant qu’une alarme ne retentisse.
En arrivant à notre hôtel de Turin dans la soirée, nous avons fait face à la première petite contrariété du voyage. Nous avions indiqué «station de recharge» comme option sur booking.com et pensions donc dormir sur nos deux oreilles pendant que Polly faisait le plein sur le pas de la porte. Mais l’hôtel facture les stations de recharge séparément, en plus du prix de la chambre qui est de 195 euros.
Turin, une ville aussi agréable que surprenante
Outre ce détail, l’hôtel NH Torino Lingotto est une petite pépite. Une ancienne usine Fiat à l’architecture futuriste rénovée par l’architecte Renzo Piano pour devenir un hôtel industriel chic avec un vaste lobby. On accède aux chambres par un couloir en verre traversant une cour-jardin remplie d’arbres. Sur le toit, on peut visiter l’ancienne piste d’essai de l’usine, aujourd’hui transformée en musée – La Pista 500 – agrémenté d’un jardin.
Nous passons deux jours à Turin, la ville des bars à aperitivo, des cafés historiques et du chocolat gianduja. La capitale du Piémont est à visiter sans tarder. La gastronomie est omniprésente. C’est ainsi que nous sommes entrés dans Gastronomia Ferrero, une boucherie-traiteur avec quelques tables et un patron aux petits soins. Turin ne fait pas partie des destinations prisées pour un citytrip. C’est injustifié. Petite, elle se visite facilement.
Nous grimpons plus de cent mètres en ascenseur jusqu’au Museo Nazionale del Cinema. Au Mercato de Porta Palazzo, nous nous perdons parmi des centaines d’étals, d’odeurs et autant de couleurs. Nous jetons aussi un coup d’œil à l’intérieur du Caffè Fiorio (le comptoir, les carreaux, les canapés en velours, la vaisselle !). Notre conseil secret : Casa Mollino, un coup d’œil dans l’ancien appartement du designer Carlo Mollino.
Après cette escapade turinoise un peu trop arrosée (par la pluie) à notre goût, nous avions une furieuse envie de soleil. Direction Livourne, où nous avons pris le ferry pour la Sardaigne. Le trajet dure 7,5 heures et si vous le réservez de nuit (165 euros pour
2 personnes), vous économisez une nuit d’hôtel. Lorsque nous garons la voiture dans le ventre du ferry, nous avons droit à de nombreux «oooh» et «aaah». La Polestar attire les regards, tout le monde veut en savoir plus. Ou comment notre voiture devient soudain un palpitant sujet de conversation avec les locaux…
En route vers la Sardaigne
Le restaurant de notre ferry, Moby – c’est son vrai nom et le bateau est décoré d’une baleine – est entièrement coloré en violet : rideaux, tapis, chaises… Le kitsch des ferries à son apogée. Nous buvons du vermouth, commandons du vitello tonato et regardons la mer défiler. Notre cabine est simple mais charmante et, avec un peu d’imagination, on se croirait dans un épisode de La croisière s’amuse.
Le matin, nous arrivons avec le lever du soleil à Olbia, un petit port de Sardaigne. L’île s’avère être un rêve d’octobre. Dix-huit degrés, le soleil brille tous les jours, et les flots de touristes préfèrent rester sur le continent. Une contrée qui plaît aussi à Polly, grâce à ses paysages vallonnés. En fait, la voiture se recharge (un peu) dans les descentes. Admirer cette technologie, chercher sur Google la science derrière ce miracle ou rêver d’avoir notre propre Polestar… Voilà quelques-unes de nos activités du voyage.
Notre Airbnb, Sweet Cugnana, est un petit coin de paradis avec des chambres qui donnent sur les montagnes, les fleurs et les arbres. Lorsque nous quittons les lieux, nous découvrons que le propriétaire possède également une voiture électrique. «Les clients peuvent recharger leur voiture gratuitement», précise-t-il. Nous sommes tellement habitués à l’application Google Maps que nous n’y avions pas pensé. «Mais Airbnb dispose également d’un filtre pour repérer les stations de recharge», précise notre hôte.
En Sardaigne, nous nous arrêtons à Il Milese, la meilleure focacceria de l’île, du moins selon le New York Times. La pâte est préparée sur place à un rythme dont seuls les Italiens connaissent le secret, et la terrasse surplombant la mer est un régal. Nous roulons d’Alghero à Bosa, une route incroyablement belle qui devrait figurer sur la liste des « road trips à faire une fois dans sa vie ».
La route serpente le long de la côte, s’enroule dans des virages en épingle à cheveux à travers les baies, les rochers et les paysages marins. L’eau est d’un bleu inouï et l’ambiance est quasi tropicale. Un émerveillement incessant. Petit détour par Putzu Idu pour observer les surfeurs. Puis direction Cagliari, où des jeunes entrepreneurs se sont mis en tête de moderniser l’île à coups de restaurants et de bars ultracool comme Etto, Josto, Framento ou Caffè dell’Arte.
Un peu de slow travel
Toujours à Cagliari, à la fin de notre voyage, nous sommes confrontés au premier vrai « inconvénient » de la conduite électrique. Il n’y a pas de station de recharge dans la ville et nous devons nous rendre au milieu de nulle part pour recharger Polly, et attendre 30 minutes. Un agréable aperçu du goût du «slow travel», dirons-nous.
Le voyage touche déjà à sa fin. Nous avons délibérément choisi de ne pas tout planifier, car nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre. Oserons-nous tenter de rentrer directement en Belgique ? Nous faisons désormais pleinement confiance à Polly. Le soir, nous prenons le ferry de nuit pour rejoindre le continent et, tôt le matin, nous roulons de Livourne à Gand, 1.262 km. Cette fois-ci, nous passons par la Suisse, nation bien plus avancée en matière d’installations électriques : les bornes sont même signalées par des panneaux le long de l’autoroute. De retour en Belgique, nous déposons Polly au centre de flotte le cœur en peine… avec le rêve secret de pouvoir un jour nous offrir un tel modèle.
En pratique
– La Belgique compte quatre Polestar Spaces où l’on peut se rendre pour plus d’informations ou pour un essai gratuit. polestar.be
– Cet article a été réalisé en collaboration avec ENIT, l’office de tourisme italien. Pour plus d’informations, visitez leur site Internet: italia.it/en
Lire aussi: Notre escapade au Piémont, de Turin aux montagnes.
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