Rome: L’antique Maison Dorée de Néron désormais visible comme à l’époque

© capture d'écran

C’est une visite virtuelle à couper le souffle, tellement réaliste qu’on pourrait presque sentir les odeurs de lavande… A Rome, les visiteurs peuvent désormais déambuler dans l’antique demeure de Néron et ses jardins, tels que l’empereur lui-même pouvait les admirer.

De l’immense Domus Aurea (La Maison Dorée) qui au Ier siècle de notre ère occupait de ses bâtiments, jardins et autre lac artificiel le centre de la Rome antique, il ne reste aujourd’hui que des vestiges, jalousement sauvegardés.

Et si tous les trésors que comptait ce majestueux palais ont été pillés au fil des siècles par les cités d’Orient, ses ruines donnent aujourd’hui encore une idée de la splendeur de l’édifice d’origine.

Après la mort de Néron, en 68 ap. JC, ses successeurs ont voulu détruire tout ce qui rappelait son souvenir. Trajan fait recouvrir la Domus Aurea de terre tandis que Vespasien lance la construction du célèbre Colisée à l’emplacement de son lac artificiel.

Laissé à l’abandon pendant des siècles, l’ensemble a été redécouvert à la Renaissance par les grands artistes de l’époque, dont Raphaël, qui parviennent à se glisser dans l’une des pièces par un trou percé dans le toit pour y découvrir les magnifiques fresques dites « grotesques » qui les inspireront.

Equipés de casques 3D, les visiteurs peuvent désormais, sur réservation, découvrir cette pièce telle qu’elle était au temps de Néron, ses murs de marbres blancs scintillant à nouveau à la lumière d’un soleil virtuel. « Si on l’appelle la Maison Dorée, ce n’est pas seulement à cause des feuilles d’or de ses fresques mais parce qu’elle a été conçue pour que les rayons du soleil rebondissent sur le marbre comme des cascades de bijoux », explique l’architecte Gabriella Strano.

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Immersion virtuelle

Au cours de son immersion virtuelle, le visiteur passe devant des colonnades, traverse des tapis de lavande et de gazon donnant sur la cité éternelle telle qu’elle était il y a deux millénaires.

« Il n’y avait pas de cuisines ici, ni de salles de bain. Les pièces étaient toutes ouvertes sur les jardins ou sur la vue donnant sur le lac. C’était probablement un lieu dédié à la promenade ou à la détente », explique l’architecte Elisabetta Segala.

Officiellement ouverte au public en 1999, après une longue campagne de fouilles, la Domus Aurea avait dû fermer ses portes en 2005 après des dégâts ayant entraîné l’effondrement de plusieurs plafonds.

Ces dégradations, liées à des infiltrations d’eau par les jardins publics situés au-dessus le palais, avaient entraîné d’importants travaux de restructuration en 2010.

Egalement en cause, les chênes et les pins dont les racines parfois profondes de 25 mètres avaient gravement affaibli la structure située en-dessous.

« Il est nécessaire de traiter les fresques pour empêcher qu’elles ne verdissent mais comme la moindre intervention enlève une couche du travail originel, il nous faut d’abord résoudre le problème des jardins avant d’effectuer la restauration finale », précise Gabriella Strano.

Une partie de la nouvelle visite virtuelle montre d’ailleurs au visiteur comment les architectes et les archéologues envisagent de sauvegarder le site.

Mais encore faudra-t-il trouver les fonds, le gouvernement italien ayant jusqu’ici débloqué 13 millions d’euros sur les 31 millions nécessaires à la consolidation des murs et à la transformation du terrain situé au-dessus de la Domus Aurea.

Il est notamment prévu qu’une cinquantaine d’arbres soient déracinés et remplacés par des arbres fruitiers et des oliviers de plus petite taille. Des lits de fleurs, rappelant les emplacements du palais et des bains originels, seront constitués de plantes cultivées à l’époque romaine, du romarin aux iris.

Autant d’opérations censées résoudre de façon durable le problème d’infiltration d’eau et protéger les fresques en maintenant une température et un taux d’humidité constants.

L’Italie a fait appel à des dons privés pour réaliser ce travail de restauration dont l’achèvement est prévu d’ici à 2022.

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