Six destinations à hauteur de rêve

La simple évocation de leurs noms suffit à faire naître tout un monde, un ailleurs mythique, et l’envie de boucler sa valise pour des jours meilleurs. Embarquement immédiat pour six destinations rêvées.

Marie-Galante, belle alanguie

On la voit belle créole, au jupon de madras chaloupant sous l’alizé, lancer des oeillades aux marins… Et l’on répond : Marie-Galante, me voilà ! Le « continent », ici, c’est la Guadeloupe, distante de 35 kilomètres et dont Marie-Galante constitue l’annexe principale : un confetti large de 15 kilomètres, plat comme une galette et couvert de cannes à sucre argentées. Née de coraux poussés sur le socle d’un ancien volcan, Marie-Galante déroule les plus belles plages des Antilles. Les cocotiers s’y déhanchent sur un boulevard de sable blanc, face à l’immense horizon semé d’îles. Avec un soleil toujours au menu, la mer offre un bain de lumière chaude et des poissons couleur de papillons. Deux coups de palmes mènent aux cayes, jardins de corail aux teintes acides où saluer hippocampes et tortues-luths, sur le chant lointain d’une baleine à bosse. Le touriste est aussi rare que les plages sont nombreuses. Et diverses : l’anse Feuillard, lagon cristallin protégé par des falaises ; l’anse Canot, une carte postale en 3D ; l’anse du Vieux-Fort, avec ses marchandes de sorbets coco… Après quoi, sorties en pédalo dans la mangrove aux crabes, location d’un bateau pour taquiner l’espadon, plongée avec bouteilles dans la mer de corail…

À l’ombre de la Guadeloupe, Marie-Galante vit son double exil sur un rythme très lent qui apaise. Voici Capesterre, petite France des tropiques où la messe réunit, sous une nef peinte en turquoise, une assemblée en robes de dentelle et grands chapeaux de gaze. À Grand-Bourg, la capitale, ou à Saint-Louis subsistent des cases en tôles aux couleurs de jouets d’enfants. Louez un scooter pour suivre la côte, plate dans l’Ouest, ourlée dans l’Est de falaises à broussaille. Balisés, plusieurs sentiers s’enfoncent par les forêts d’arbres géants dans un paysage tout en bosses, à la recherche de hameaux, moulins à vents broyeurs de canne à sucre. Ce voyage à travers le temps offre tout ce qui disparaît ailleurs : les chemins à charrettes aux moellons pointus, le bal des lucioles dans la nuit tiède et parfumée, les combats de coqs, les courses de chars à boeufs. C’est à Marie-Galante que la Guadeloupe a le mieux préservé ses racines…

Atout France, 222, avenue Louise, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 505 38 20. info.be@franceguide.com et http://be.franceguide.com/

Zanzibar, l’Arabie heureuse

Enchevêtrée dans sa vieille ville de Stone Town, la bien nommée, avec ses labyrinthes de demeures en pierre de corail embaumée dans le sel et la poussière et ses palais aux styles cosmopolites, inspirés par Bagdad ou Bombay, elle évoque toujours les contes et légendes d’un archipel où l’Afrique rencontre l’Arabie. Baptisée « Zinj el-Barr », la terre des hommes noirs en arabe, devenue Zanzibar, elle accueille des navigateurs marchands perses d’abord, puis portugais, indiens, hollandais et anglais qui y firent escale avant d’y faire souche, poussés durant deux mille années par les vents de la mousson venus d’Asie. Des femmes enveloppées de voiles, épais ou diaphanes, aux démarches rythmées, s’y affairent encore dans le grand marché de Darajani où les étals des marchandises ont peu changé depuis des siècles : l’odeur âcre des poissons frais ou séchés s’y mêle toujours à celles de la cannelle, de la cardamome et surtout des clous de girofle. Les plantations de girofliers firent la plus grande fortune de ces îles. Elles étaient mises en valeur par des milliers d’esclaves dont le trafic florissant avait rendu plus que riches les sultans d’Oman qui avaient colonisé ces rivages depuis le XVIIe siècle, avant d’y transférer leur capitale un siècle et demi plus tard. C’est à cette époque que les grands palais de Stone Town s’élevèrent : Marhubi et Mtoni Palace, maintenant en ruines, ou Beit el-Ajaib et Beit el-Sahel, étincelants après leur restauration.

Aujourd’hui, en s’enfonçant dans les ruelles où palabrent sur les bancs de pierre des hommes en longue robe blanche coiffés de calottes brodées, on découvre une parade de portes en bois sculpté, symboles de la richesse ancestrale des habitants de la cité. Sous influence indienne, hérissées de pointes de cuivre, ou musulmane, avec des versets du Coran gravés sur leurs linteaux, ouvrant sur des patios et surmontées de balcons ciselés, elles racontent la longue histoire de ces rivages. Plus que de clous de girofle, les boutres s’y chargent maintenant de voyageurs éblouis, quittant la poussière dorée de la ville pour des plages au sable poudreux et aux nouveaux hébergements écolos, sûrs de ne pas déranger les myriades de dauphins qui jouent dans les vagues toujours turquoise de l’océan Indien.

Ambassade de Tanzanie, 72, avenue F.D. Roosevelt, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 640 65 00. tanzania@skynet.be et www.tanzaniaembassy-us.org

Terre de Feu, le bout du monde

Face aux glaces mystérieuses d’un Antarctique plus grand que la Sibérie, le cap Horn est le point magnétique où s’affrontent les tempêtes de trois océans : cimetière de la marine à voile, il y rôde des vagues hautes comme un immeuble. C’est l’une des excursions au départ de la Terre de Feu (ainsi nommée d’après les torches utilisées par les naufrageurs !), grande île où se mêlent Argentine et Chili, une Scandinavie australe en version latino présentant des montagnes aux glaces acérées et d’immenses dédales d’îlots balayés par des vents extrêmes. Plus romanesque, tu meurs ! Respirer la légende d’un haut lieu de mer avec des croisières vivifiantes vers l’île au millier de manchots, le récif peuplé d’otaries… Côté terre, des steppes où croisent pumas et guaranas. Tout cela s’atteint depuis Ushuaia, une ville d’aventuriers qui ressemble à Reykjavik sans être aussi froide.

Ambassade du Chili, 106, rue des Aduatiques, à 1040 Bruxelles. Tél. : 02 743 36 60. echilebelgica@minrel.gov.cl et www.embachile.be

Ispahan, dentelle de pierre

Mirage ultime du rêve orientaliste, Ispahan – la cité où est née la rose – est un concentré architectural de grâce et de fraîcheur qui n’a d’équivalent qu’au Taj Mahal. Elle le doit à Abbas le Grand, le chah qui, vers 1600, érige cette ville du désert en capitale de son vaste empire. D’immenses mosquées s’élèvent alors et se couvrent de fleurs, célébrant le paradis d’Allah dans des faïences blanches et bleues aussi raffinées qu’un tapis persan. Les mosquées Chah Abbas et Lotfollah, ces joyaux aux dimensions de cathédrales, scandent la troisième ville d’Iran, cité cultivée où l’art coule de source – les pistaches d’Ispahan, sans égales en Orient, ne s’y vendent jamais sans inspirer d’exquises vocalises. Hélas, le rêve se mérite : photos interdites, foulard pour les dames et groupe obligatoire…

République islamique d’Iran, 15, avenue F.D. Roosevelt, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 627 03 51. www.iranembassy.be

Samarcande, la reine en porcelaine

Son nom de fée pousse au rêve. Bleues, rouges, turquoise, toutes les fleurs de la steppe s’enlacent pour enluminer le berceau d’un des plus grands coupeurs de têtes au monde : Tamerlan, l’aïeul des empereurs moghols. La cité ouzbeke conjugue la délicatesse avec le colossal en colorant de majoliques une guirlande de hauts édifices – minarets à torsades, coupoles cannelées… – qui dressent leurs jardins abstraits comme autant de tapis verticaux. La ville qui accueillit Omar Khayyam, astronome et poète (bachique), a pâti de restaurations brutales, mais on retient toujours son souffle en gravissant la citadelle. Et ses larmes au Registan, quand le soleil couchant fusionne les reflets précieux de trois medersas géantes, dans un ciel de poussière dorée.

Ambassade d’Ouzbekistan, 99, avenue F.D. Roosevelt, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 672 88 44. www.uzbekistan.be

Chutes du Zambèze, sentinelle de la jungle africaine

C’est à une Afrique immémoriale et hollywoodienne que convie l’évocation des chutes du Zambèze. Le mythe est créé par David Livingstone, qui les découvrit en 1855 et leur donna le nom de la reine Victoria. Zambèze est celui du fleuve qui nourrit les chutes les plus hautes du monde – 108 mètres, deux fois celles du Niagara ! Aujourd’hui, « la fumée qui gronde », comme on les appelle ici, est le must des safaris en Afrique australe. Elle nappe la forêt, impressionnante depuis la terrasse du Victoria Falls Hotel, à 400 mètres du site. Comme le roi George V et la reine Mary, dont les portraits trônent dans le hall à l’air balayé par les ventilateurs, on enfile un ciré et on prend le sentier. Un crachin, puis une averse : les chutes pleuvent dans une grisaille d’orage dont on s’échappe en hélicoptère pour un inoubliable « vol des anges ».

Ambassade du Zimbabwe, 11, square Joséphine Charlotte, à 1200 Bruxelles. Tél. : 02 762 58 08. www.zimbabwe-embassy.us

PAR JEAN-PASCAL BILLAUD, JACQUES BRUNEL ET NATHALIE CHAHINE

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