Tokyo rêve de retrouver ses plages et de devenir cité balnéaire (en images)

This picture taken on July 22, 2018 shows people visiting the Kasai seaside park in Tokyo Bay. On a blazing hot Tokyo summer day, children squeal with delight as they splash about on a sandy beach, with the skyline of the world's biggest city shimmering behind them. The scene may seem unremarkable but it was unthinkable until recently when local activists decided to clean up the polluted water at city beaches, hoping to leave a legacy from the Tokyo 2020 Olympic Games. / AFP PHOTO / Kazuhiro NOGI / TO GO WITH AFP STORY JAPAN-ENVIRONMENT-CONSERVATION-WATER POLLUTION-SWIM-OLY-2020,FEATURE BY KYOKO HASEGAWA © AFP

Mais la pollution des eaux, conséquence de l’industrialisation forcenée d’après-guerre, inquiète à deux ans des jeux Olympiques, dont les épreuves de triathlon, de marathon et de natation se tiendront dans cette zone. « Autrefois, on pouvait se baigner près de nombreuses plages », se souvient Yuzo Sekiguchi, 70 ans, « mais lors des JO de Tokyo en 1964, l’eau était déjà contaminée par des effluents d’usines ».

Cet habitant a donc décidé de « leur rendre leur propreté ». Il y a plusieurs décennies, il a commencé à nettoyer un bout du littoral et l’expérience a été concluante: initialement ouverte quelques jours par an, cette plage est désormais accessible aux nageurs une partie de l’été, 42 jours cette année. M. Sekiguchi, dont les ancêtres ont pêché dans ces eaux pendant des générations, a utilisé des éléments naturels comme des algues et des huîtres pour mener à bien sa tâche. « Une huître peut filtrer environ 400 litres d’eau (en une journée). Environ 300 se sont accrochées sur les bambous que nous avons installés comme cela se faisait auparavant », explique-t-il.

Algues, coquillages et mollusques avalent plancton et absorbent bactéries et la mer devient ainsi plus limpide et plus propre. « Autrement dit, l’eau gagne en qualité quand la chaîne alimentaire reprend ses droits », souligne le septuagénaire. Dans son combat entamé seul, il est désormais soutenu par les autorités locales qui lui apportent une aide financière et testent chaque année la qualité des eaux avant d’accorder l’autorisation de baignade.

Mer oubliée

A quelques kilomètres, à Odaiba, là où précisément se tiendront des épreuves olympiques et paralympiques, Kenji Morita se voue à la même mission. Au cours de l’été, les plages ont été ouvertes durant neuf jours, contre deux seulement en 2017. « Je souhaite que les gens viennent ici et se rendent compte par eux-mêmes que la plage de Tokyo s’est considérablement améliorée ces dernières années », confie cet autre militant de 60 ans. Il voit dans ce lieu « un fort potentiel pour créer un élan » pour les Paralympiques, du fait d’un « accès facile pour tous ».

A la différence d’autres grandes villes en bord de mer comme Sydney ou San Francisco, la mégapole de Tokyo n’a pas préservé son littoral, abîmé par des années de développement de son port – les quais à conteneurs se sont multipliés – et de l’aéroport d’Haneda.

L’aménagement de la baie de Tokyo remonte au 16e siècle mais s’est surtout accéléré après la Deuxième guerre mondiale, comme la pollution, accompagnant le « miracle économique » du Japon. Pour beaucoup de Tokyoïtes, il est impensable d’aller piquer une tête dans ses eaux. « Après la lourde pollution des années 1970, les habitants ont oublié l’existence de la mer, notamment parce que les plages ont été transformées en ports fermés au public », raconte M. Morita.

Rideaux sous-marins

Mais depuis quelques années, le quartier artificiel d’Odaiba est devenu touristique avec son lot de musées et de centres commerciaux, et nombreux sont ceux qui espèrent que les JO permettront de redonner une seconde vie au littoral. Le maire d’Odaiba en a fait un objectif: « nager dans la mer sera un héritage des Jeux », a-t-il promis.

La tâche reste toutefois immense, malgré les efforts des riverains et des autorités. L’an dernier, de nombreux échantillons prélevés entre fin juillet et début septembre au parc marin d’Odaiba avaient montré des niveaux élevés d’impuretés du fait d’épisodes pluvieux.

Le Comité international olympique (CIO) s’était alors inquiété, mais les organisateurs japonais sont confiants. Selon eux, l’amélioration des équipements d’assainissement des eaux usées et l’introduction de « rideaux » sous-marins contribueront à maintenir la qualité de l’eau en conformité avec les normes internationales. « Nous allons mettre en place un environnement qui permettra aux athlètes de donner le meilleur d’eux-mêmes avec un sentiment de sécurité », a récemment assuré un responsable de Tokyo-2020, Hidemasa Nakamura, à l’occasion de l’annonce des parcours de triathlon.

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