Un voyage dans l’Aveyron pour un bain de nature

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Un séjour dans l’Aveyron, c’est la promesse d’un retour à la nature et à la simplicité. A pied, à vélo ou à l’ombre d’un chêne, l’objectif est le même: paresser en oubliant tout le reste. On vous offre quelques pistes à suivre, mais bien sûr, tout cela reste entre nous.

Malgré sa situation privilégiée dans le sud de la France et son agréable climat, l’Aveyron reste étonnamment épargné par le tourisme de masse. Seuls les initiés y profitent de randonnées sur ses hauts plateaux désolés, de balades dans ses champs et ses forêts luxuriantes, d’escalade dans ses gorges ou ses vallées profondes, et de moments de détente au bord de ses ruisseaux ondoyants. La nature, ici, est profondément liée à l’identité de la région et de ses habitants… qui la partagent uniquement avec les visiteurs respectueux. «Nous ne sommes pas et ne serons jamais une destination touristique typique. Ici, c’est notre territoire, notre chez-nous», résume Marion Ninot de l’Office de tourisme du Pays du Roquefort.

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Bien sûr, le mot «durable» est indissociable de cet Aveyron plein de belles surprises. On vient se dégourdir les jambes au fil de quelque 6 500 kilomètres d’itinéraires de randonnée, dont le tout nouveau GR736 inauguré au mois d’avril. Le réseau cyclable, lui aussi, a récemment été élargi pour attirer les bikepackers, cyclistes ou cyclotouristes qui, grâce à la véloroute V85, pourront bientôt rallier les rives de la Méditerranée au départ de Montauban. Mais à côté de cela, les sports bruyants et les activités impliquant des véhicules motorisés sont volontairement découragés. Plus le visiteur fait preuve de calme et de lenteur, plus il est le bienvenu…

En pratique

Se renseigner. Office de tourisme officiel: tourisme-aveyron.com

Y aller. Le train est l’option la plus écoresponsable… et la plus rapide: le trajet Bruxelles-Montpellier prend plus d’une dizaine d’heures par la route contre 5h40 seulement en TGV. Il suffit ensuite de louer une voiture pour rallier Saint-Izaire en 2 heures. Autre possibilité: le TGV de Bruxelles à Paris, puis jusqu’à Toulouse (6h50), et enfin, là aussi, 2 heures de route en voiture.

Respect au sommet

Patrie du bleu éponyme, Roquefort s’attache actuellement à développer un concept de téléphérique novateur reposant sur des… montgolfières à l’hélium, qui permettra dès 2025 de se rendre en gondole au sommet du Combalou. Actuellement, le plateau qui coiffe la formation rocheuse (dont les grottes servent à l’affinage du mythique fromage de brebis) n’est accessible que via le Sentier des Echelles, une magnifique promenade qui commence par grimper à pic avant de traverser un éboulis. «Le Combalou lui-même étant extrêmement fragile, il serait impossible d’y aménager un téléphérique ordinaire. L’entreprise toulousaine Ballooneos a donc imaginé un système où le poids des gondoles est supporté par des ballons à hélium, ce qui permet de limiter au strict minimum le nombre de piliers nécessaires», explique Marion Ninot. Le village lui-même sera restructuré, avec un parking en dehors du centre et un office de tourisme servant de portail pour toute la région. Quant aux nouveaux murs, ils seront construits en pierres sèches pour offrir un abri aux insectes et aux reptiles.

Pour cuisiner, Febe (Rêve) cueille des plantes sauvages dans les champs et la forêt des environs.
Pour cuisiner, Febe (Rêve) cueille des plantes sauvages dans les champs et la forêt des environs. © Laura Claessens

A Saint-Izaire, à une demi-heure de Roquefort, le domaine de Rêve offre une base idéale pour explorer le sud de la région. Installé au cœur du parc régional des Grands Causses, dans la vallée du Dourdou, cet hébergement créé par les Belges Febe et Joeri propose une cuisine créative qui se révèle une ode au terroir local. «Pratiquement tous nos ingrédients sont bio et achetés en circuit court, majoritairement dans un rayon de 20 kilomètres», précise Febe. Les herbes comestibles, fleurs, fruits, noix et autres plantes des champs et des bois environnants sont également exploités: les pétales de roses sont transformés en gelée sucrée pour le petit-déjeuner ou utilisés en sirop dans une limonade fraîche, les fleurs de violette égayent les assiettes, tandis que les orties, le brocoli sauvage, les asperges ou l’achillée sont incorporés dans les plats. «En arrivant ici, j’ai immédiatement été fascinée par toute cette flore comestible, et j’ai décidé de suivre une formation à la cueillette sauvage. Ça m’a ouvert un nouvel univers.» Côté viande? Tout est local aussi. En saison, le couple sert même du gibier de ses propres bois.

La Maison Alauzet et sa jolie vue sur le lac de Castelnau-de-Mandailles.
La Maison Alauzet et sa jolie vue sur le lac de Castelnau-de-Mandailles. © Laura Claessens

Lieux de quiétude

Tout autour, c’est le calme qui règne, et pour cause: l’Aveyron est l’un des départements les moins densément peuplés de France. Que ce soit à pied ou à vélo, on a souvent le sentiment d’être seuls – ou presque – sur les routes sinueuses qui traversent des paysages somptueux. Les villages pittoresques, eux, semblent vivre au ralenti. A Conques, dans le nord de la région, un laveur de vitres discute du haut de son échafaudage avec une passante qui promène son chien. Un peu plus loin, deux commerçants bavardent, assis sur le muret bordant leurs échoppes, tandis que quelques touristes flânent dans les ruelles pavées. Sur la place, des marcheurs se défont de leurs bâtons et de leurs sacs pour aller visiter l’abbaye, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Etape majeure de la route de Compostelle, Conques est depuis toujours un haut-lieu du tourisme de randonnée. Elle est aussi présente sur la liste des Plus Beaux Villages de France qui, soit dit en passant, compte pas moins de dix entités aveyronnaises, faisant du département le plus titré du pays en la matière. Ce qui, curieusement, affecte à peine la tranquillité des lieux…

Petit-déjeuner dans le salon du Château de Lunel.
Petit-déjeuner dans le salon du Château de Lunel. © Laura Claessens

A une douzaine de kilomètres plus au nord, le minuscule village de La Vinzelle est un véritable joyau méconnu perché à flanc de montagne. Traversé par deux chemins de randonnée, il compte très exactement… un restaurant, l’Auberge du Peyral, qui propose des plats simples et savoureux à déguster en terrasse en contemplant la jolie vallée du Lot. Une assiette de fromages et de charcuterie, une salade fraîche et un petit vin de la région: il n’en faut pas plus pour se sentir comme un coq en pâte. Une escale parfaite pour se requinquer, avant de poursuivre sa route vers les autres trésors de la région. Entre le plateau du Larzac, les gorges de la Dourbie ou le plateau de l’Aubrac où sont fabriqués aussi bien les célèbres couteaux Laguiol que le fromage du même nom, on ne saurait que vous recommander de ne surtout pas choisir. Promettez-nous simplement, en y allant, de prendre tout votre temps…

Se loger les yeux (bien) fermés

1. Rêve — Janolles (Saint-Izaire)

On la citait ci-dessus: cette adresse tenue par deux Belges résume à elle seule toute la splendeur de l’Aveyron. Febe et Joeri ont transformé un hameau en un domaine abritant trois lodges avec cuisine, salle de bains, coin salon avec feu ouvert et terrasse. Egalement au menu: espace bien-être (sauna, bain norvégien…), plage privée, location de kayaks, observation des étoiles, yoga et méditation en pleine forêt. Côté gastronomie, un petit restaurant sert de délicieux menus trois-services. Le petit plus insolite? Un cours de grimpette dans les arbres avec Remi où, pourvu de cordes et d’un harnais, on se hisse jusqu’à la cime… et des hamacs installés à 15 mètres du sol, pour profiter d’un décor qui se mérite. Dès 195 euros la nuit. reve-aveyron.com

2. Maison Alauzet — Castelnau-de-Mandailles

Leur quête d’une vie plus simple a mené les Néerlandais Melissa et Jasper dans le sud de la France, où ils ont acquis un bout de nature vierge au bord du lac de Castelnau-de-Mandailles. Avec des matériaux de récup’, ils ont construit à la fois leur nid douillet, mais aussi deux luxueuses maisons d’hôtes avec une vue imprenable sur le lac. Activités incontournables: se laisser porter au fil de l’eau dans un canoë, ou profiter de la chaleur bienfaisante du sauna à bois. Pour ceux qui désirent approfondir cette quête de sens, Melissa propose des retraites dont les participants s’isolent quelques jours dans la nature. Dès 295 euros la nuit. maisonalauzet.com

3. Château de Lunel — Saint Félix de Lunel

Originaires de Haute-Savoie, les Français Fabrice et Séverine ont eu l’idée d’acheter et de rénover ce château devenu maison d’hôtes, tant l’Aveyron incarnait pour eux la destination de vacances idéale, loin du tourisme agité de la Provence et de la Côte d’Azur. La bâtisse historique faisait autrefois partie de l’abbaye de Conques et abrite désormais deux chambres dans le corps de logis et une troisième (avec terrasse) dans l’ancienne forge. Les propriétaires organisent également des expositions, des dégustations de vin et des tables d’hôtes. Dès 109 euros la nuit. chateaudelunel.com

Un article de Laura Claessens.

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