Amélie Vincent, food idéaliste

© FRÉDÉRIC RAEVENS
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Sous le pseudonyme The Foodalist, cette « tastehunter » rend compte du moindre frémissement de casserole d’une gastronomie devenue plus globale que jamais. Moins pour l’épate que pour l’humain caché derrière.

Gimme french fries for ever (« Donnez-moi des frites pour toujours »). Born to be mild (« Né pour être doux », une injonction à entendre dans le sens « curry doux »). Quand on la rencontre au Jane, le resto étoilé anversois, Amélie Vincent a dérogé au code vestiaire qui a contribué à sa réputation: un jeans et un tee-shirt jaune canari marqué d’une alléchante incitation. Pourtant, on l’aurait bien imaginée vêtue de celui qui lui correspond le mieux, « Meaning food », quelque chose comme « Nourriture pleine de sens ». Avec près de 80.000 abonnés sur Instagram, The Foodalist contribue à écrire et transposer en images la légende des chefs de la planète tout autant qu’elle fait saliver la crème en ligne des foodies. Son impressionnant réseau fait d’elle une éminence grise de la scène gastronomique.

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Lorsqu’on lui demande pourquoi le couteau et la fourchette occupent une telle place dans son existence, elle renvoie vers ses racines: « Mon papa est belge et ma maman était vietnamienne. » La jeune femme se souvient comme si c’était hier de sa grand-mère maternelle installée à Paris. « Quand on y allait, les casseroles de pho, le plat national vietnamien, se succédaient sur la cuisinière. A cela, il faut ajouter des parents médecins qui travaillaient beaucoup à l’étranger. Petite, j’ai été transbahutée de par le monde, c’est ce qui m’a donné le goût des autres cultures, c’est dans mon ADN », détaille celle qui depuis sa plus tendre enfance a fait l’expérience de la table comme lieu de rencontre.

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Il reste que cette fascination pour la nourriture, elle va la mettre entre parenthèses pendant plusieurs années et devenir avocate, étudiant à Paris, New York et Madrid. C’est la maladie de sa maman, hélas fatale, qui va la faire dévier d’une carrière toute tracée. Elle revient à Bruxelles en 2009 et accompagne dans cette épreuve celle qui l’a mise au monde – « J’ai vécu en autarcie avec elle pendant près d’un an. » Non sans conséquences, Amélie revoit ses priorités – « Quel sens ai-je envie de donner à mon existence? » Elle décide alors de se vouer à l’assiette mais pas n’importe laquelle, « celle qui draine des valeurs et des histoires fortes d’individus ». Pour ce faire, elle mise sur les réseaux sociaux et crée un blog en 2012. De fil en aiguille, Amélie Vincent se fait un nom, plutôt un pseudonyme: The Foodalist. « Je n’avais pas l’idée de pouvoir en vivre, pas de business plan, je fonctionne trop à l’instinct et à la confiance pour ça. » Très vite, les pros la soutiennent, notamment San Degeimbre de l’Air du Temps, qui lui met le pied à l’étrier. « Les chefs sont des êtres qui ressentent les choses de façon intense, c’est cela qui m’a connectée à eux. »

Aujourd’hui, elle est à tu et à toi avec le gratin, aussi à l’aise avec Sergio (Herman) qu’Alain (Passard) ou Yannick (Alléno). Sur son compte Insta, les photos avec ces cadors des fourneaux sont légion. Ces connexions débouchent sur une prestigieuse collaboration avec le World’s 50 Best Restaurants, ce classement annuel des meilleures tables du monde né en 2002 dans la rédaction du magazine Restaurant à Londres. Son travail, désormais? Amélie le résume en ces termes: « De la création de contenu pour refléter au mieux les talents en cuisine. Mon but est de restituer leurs personnalités et leurs valeurs au plus proche de qui ils sont afin qu’ils puissent se concentrer sur leur art. » La foodista n’a de cesse de faire écho au partage et à l’intelligence de la main que véhicule la discipline. « Dans les restaurants, un miracle s’accomplit au quotidien qui permet de transcender une époque que je trouve bien triste. » Dernier fait d’armes en date, l’influenceuse vient de publier un ouvrage de référence aux éditions Lannoo. Son titre? 150 restaurants you need to visit before you die, soit un impressionnant tour du monde, passant aussi bien par la Jordanie que l’Australie, de ce qui se fait de mieux en matière d’expériences culinaires… et humaines. Car méridiens ou pas, ce qu’Amélie Vincent cherche avant toute chose, c’est du sens.

Bio express

1981 Naissance à Bruxelles.

2010 Lancement du site The Foodalist.

2016 Elle devient la première « tastehunter » des World’s 50 best en charge de dénicher et mettre en lumière les nouveaux chefs à travers le monde.

2018 Elle accompagne le chef Alain Ducasse sur son projet de café.

2019 Elle organise, avec le chef Sergio Herman, le festival FoodFest pour soutenir la pêche durable en Zélande. Elle publie aussi 150 restaurants you need to visit before you die.

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